10 janvier
On
donnera des aides à ceux qui sont faibles,
afin
qu’ils s’acquittent de leur tâche sans tristesse.
(Règle de Saint Benoît
35,3)
La Règle de Saint Benoît...
RB 2,1-10 (Les qualités que doit avoir
l'abbé)
¹L'abbé qui est jugé digne de gouverner le monastère doit se rappeler
sans cesse le titre qu'il porte et réaliser par ses actes le titre de
supérieur. ²On croit fermement, en effet, qu'il tient la place du Christ dans
le monastère, puisqu'on l'appelle de son nom même, ³selon ces paroles de
l'Apôtre: « Vous avez reçu l'esprit des fils d'adoption, par lequel nous
crions: Abba, c'est-à-dire Père ». ⁴L'abbé ne doit donc rien enseigner,
établir ou commander qui s'écarte des préceptes du Seigneur ; ⁵mais ses ordres
et ses enseignements doivent se répandre dans l'esprit de ses disciples, comme
un levain de la divine justice. ⁶L'abbé doit se souvenir sans cesse qu'au
redoutable jugement de Dieu, il devra rendre un compte exact de deux choses: de
son enseignement et de l'obéissance de ses disciples. ⁷Qu'il sache que l'on
imputera à la faute du pasteur tout ce que le Père de famille trouvera de
mécompte dans ses brebis. ⁸Au contraire, c'est pour autant qu'il aura consacré
toute sa sollicitude pastorale à un troupeau turbulent et indocile, et dépensé
tous ses soins pour guérir leurs maladies spirituelles, ⁹que lui-même sera
absous au jugement du Seigneur et pourra lui dire avec le prophète: « Je
n'ai point caché ta justice, dans mon cœur: je leur ai dit ta fidélité et ton
salut, mais ils n'en ont fait aucun cas et ils m'ont méprisé. » ¹⁰Alors,
en punition, la mort frappera ces brebis qui ont été rebelles aux soins de leur
pasteur.
❈❈❈
... pour chaque jour
Vous avez entendu ce que les mauvais pasteurs aiment. Voyez ce qu'ils négligent
: Vous n'avez pas fortifié la brebis chétive, guéri celle qui était
faible, soigné celle qui était blessée, c'est-à-dire qui souffrait de
fractures. Vous n'avez pas ramené la brebis égarée, cherché celle qui
était perdue, celle qui était forte, vous l'avez accablée, tuée,
assassinée. La brebis est chétive, c'est-à-dire qu'elle a un cœur faible,
capable de céder aux tentations, si elle rencontre celles-ci sans méfiance et
sans préparation.
Le pasteur négligent, quand il croit avoir affaire à
celle-ci, ne lui dit pas: Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur,
demeure dans la justice et la crainte, et prépare ton âme à la tentation. Celui
qui parle ainsi fortifie celui qui est faible et l'affermit pour que, lorsqu'il
croira, il n'espère pas la réussite de ce monde. Car, si on lui apprend à
espérer la réussite du monde, il sera corrompu par cette réussite même; lorsque
surviendront les contradictions, il en sera blessé et peut-être qu’il en
mourra.
Celui qui bâtit ainsi ne bâtit pas sur la pierre, il
pose son édifice sur le sable. Or, la pierre, c'était le Christ. Les
chrétiens doivent imiter les souffrances du Christ et non pas rechercher les
plaisirs. Le faible est fortifié lorsqu'on lui dit : « Attends-toi aux
tentations de ce monde, mais le Seigneur te délivrera de toutes, si ton cœur ne
s'éloigne pas de lui. Car c'est pour fortifier ton cœur qu'il est venu
souffrir, qu'il est venu mourir, qu'il est venu se faire cracher au visage,
qu'il est venu se faire couronner d'épines, qu'il est venu entendre des
insultes, qu'il est venu enfin se faire crucifier. Il a fait tout cela pour toi
; et toi, rien. Il ne l'a pas fait pour lui, mais pour toi.»
Lorsque les pasteurs craignent de blesser ceux à qui
ils parlent, non seulement ils ne les préparent pas aux tentations qui les
menacent, mais encore ils leur promettent le bonheur de ce monde, que le
Seigneur n'a pas promis au monde. Le Seigneur a promis au monde que peines sur
peines lui adviendraient, et tu veux être un chrétien épargné par ces peines ?
Parce que tu es chrétien, tu souffriras davantage en ce monde.
En effet, l'Apôtre nous dit : Tous ceux qui
veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus seront
persécutés. Maintenant, si tu préfères le pasteur qui cherche tes
intérêts et non ceux de Jésus Christ, (alors qu'il dira : Tous ceux
qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus seront persécutés), toi, tu
dis : « Si tu vis avec piété dans le Christ Jésus, tu seras comblé de tous les
biens. Et si tu n'as pas d'enfants, tu adopteras et tu élèveras tous ceux que
tu voudras, et personne ne mourra chez toi ». C'est comme cela que tu construis
? Regarde ce que tu fais, où tu places ta maison. Ce que lu bâtis est posé sur
le sable. Les pluies vont venir, le fleuve va déborder, le vent va souffler,
ils vont battre cette maison, elle tombera et son écroulement sera complet.
Abandonne le sable, construis sur la pierre, sur le
Christ, puisque tu veux être chrétien. Considère les souffrances imméritées du
Christ, considère-le, lui qui, sans aucun péché, restitue ce qu'il n'a pas
volé; considère l'Écriture qui dit de lui : Il châtie tout homme qu'il
reçoit pour son fils. Il faut se préparer à être châtié, ou bien ne pas
chercher à être reçu.
(Saint Augustin, Sermon sur les pasteurs)
* Initiale - Ms Abbaye de Maredret
1 commentaire:
Merci pour ces beaux textes et les commentaires.
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