1 novembre

Tenir pour certain qu’en tout lieu Dieu nous regarde.
(Règle de Saint Benoît 4,49)



La Règle de Saint Benoît…

RB 25,1-6 (Les fautes graves)

¹Le frère coupable d'une faute grave sera privé tout à la fois de la table commune et de l'oratoire. ²Aucun frère n'aura avec lui ni relation ni entretien. ³Il restera seul à l'ouvrage qui lui est enjoint, demeurant ainsi dans le deuil de la pénitence, et méditant cette sentence terrible de l'Apôtre : « Un tel homme a été livré à la mort de la chair, afin que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur. » Il prendra seul son repas, suivant la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées opportunes; Ceux qui passent ne le béniront point, ni la nourriture qui lui est servie.

… pour chaque jour

UN CORDON SANITAIRE ? 

Saint Benoît semble bien sévère vis-à-vis du frère coupable d’une faute grave : exclusion de la table commune et de l’oratoire, absence totale de relation, mise à l’écart organisée. Pas même un signe à donner de la part de Dieu, ni sur celui qui mange ni sur ce qu’il mange.
Cela ressemble à établir un cordon sanitaire. Est-ce évangélique ? En réalité, ce que saint Benoît met ainsi en œuvre autour du frère qui s’est égaré, c’est en quelque sorte le désert. Bien plus qu’une sanction, il s’agit de donner au frère la possibilité de trouver ou retrouver les conditions les meilleures pour se convertir. Quoi de plus évangélique que le désert, pour entendre l’invitation : Convertissez-vous.
Solitaire dans son travail, son repas et sa prière, le frère ne peut qu’être confronté à lui-même, sans échappatoire possible. Pour autant qu’il veuille bien s’ouvrir non seulement à ce qu’il est, en vérité, mais plus encore à ce que Dieu est. Lieu de conversion, le désert est également, et par excellence, le lieu de la rencontre du Père plein d’amour et de tendresse. Les deux vont d’ailleurs de pair et ne font qu’un. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


Le Béguinage - Bruges







 31 octobre

Désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
(Règle de Saint Benoît 4,46)



La Règle de Saint Benoît…

RB 24,1-7 (Quelle doit être la mesure de l'excommunication)

¹La mesure de l'excommunication ou du châtiment doit être proportionnée à la gravité de la faute, ²et la gravité des fautes dépend du jugement de l'abbé. ³Si un frère est coupable de fautes légères, il sera privé de la table commune. Or, celui qui sera ainsi privé de la communauté de la table sera traité comme il suit: à l'oratoire, il entonnera ni psaume, ni antienne et ne récitera pas de leçon, jusqu’à ce qu'il ait donné satisfaction. Il prendra son repas seul, après le repas des frères : si, par exemple, les frères mangent à la sixième heure, ce frère ne le fera qu'à la neuvième; et si le dîner des frères est à la neuvième, le sien n'aura lieu que le soir, jusqu'à ce qu'il ait obtenu son pardon par une satisfaction convenable.



… pour chaque jour

Si un frère est coupable. De ce chapitre, on peut tirer beaucoup. Notons le rapport qui existe entre les choses les plus élevées et les plus humbles. Le pardon des péchés et la pénitence qui s’exerce sur les choses les plus banales, dans le boire et le manger. La grâce s’infiltre dans tout l’humain. La vie éternelle se réalise à travers les mille actions journalières. Au réfectoire, nous pouvons grandement croître en charité. Savoir réparer par des petits riens offerts joyeusement nos manquements et ceux des autres. Soyons suffisamment simples pour accepter sans complications les pénitences publiques. Dès que nous mettons de l’amour, nous pouvons faire bien des choses ensemble. Il faudrait que ces petits actes d’humilité nous deviennent très faciles en communauté.

Écoute, 1966

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.338)


La Cathédrale d'Anvers







 30 octobre

Mettre en Dieu son espérance.
(Règle de Saint Benoît 4,41)



La Règle de Saint Benoît…

RB 23,1-5 (L'excommunication pour les fautes)

¹S'il se rencontre quelque frère récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur ou qui viole en quelque point la sainte Règle ou les ordres de ses anciens, et cela avec mépris, ²il sera averti par ses anciens, une et deux fois selon le précepte de Notre-Seigneur, en particulier. ³S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tous. Si, malgré cela, il ne se corrige pas, qu'il soit excommunié, s'il comprend la gravité de cette peine. Mais s'il est endurci, qu'il soit puni par un châtiment corporel.



… pour chaque jour

[Saint] Benoît définit le cénobite comme quelqu’un qui a choisi de vivre en communauté, sous une règle et un abbé. Or, dans le premier verset de ce chapitre 23, où Benoît décrit les fautes qui demandent correction, il énumère celles qui vont à l’encontre de ces trois éléments. Il y a tout d’abord les attitudes qui, de leur nature, vont contre une vie communautaire harmonieuse : les attitudes d’entêtement, de désobéissance, d’arrogance, de murmure (v.1). Puis il y a le refus de se soumettre à la règle commune et enfin le mépris des ordres venant de l’autorité légitime exercé par les anciens (seniores) qui sont les délégués de l’abbé (v.2).
Devant ces attitudes qui vont à l’encontre des valeurs essentielles de la vie cénobitique, que convient-il de faire ? Le texte de la Règle est ici clairement inspiré du texte de Matthieu 18,15-17 :
« Si ton frère vient à pécher, va le trouver et fais-lui tes reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église, et s’il refuse d’écouter même l’Église, qu’il soit pour toi comme le païen et le collecteur d’impôts ».
Benoît prévoit une gradation à peu près semblable : d’abord une admonition en secret une ou deux fois par ses anciens ; puis une admonition publique devant tous, puis, s’il ne se corrige toujours pas, il sera excommunié, c’est-à-dire exclu des moments de communion que sont l’Office Divin et les repas. Mais il se peut que quelqu’un ne comprenne même pas ce que cela signifie ; alors Benoît parle de recourir au châtiment corporel (…).
(…) il faut bien comprendre qu’à travers toutes ces étapes de la correction fraternelle, y compris la dernière, l’intention n’est jamais de punir, mais de « corriger », c’est-à-dire d’amener quelqu’un à se corriger, ce qui est synonyme de se convertir. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 12 décembre 2010)


La Cathédrale d'Anvers







 29 octobre

Ne point rendre le mal pour le mal.
(Règle de Saint Benoît 4,29)



La Règle de Saint Benoît…

RB 22,1-8 (Comment dormiront les moines)

¹Les moines dormiront chacun dans un lit à part. ²Ils recevront une literie selon leur genre de vie et suivant qu'en aura disposé leur abbé. ³Si faire se peut, ils dormiront tous dans un même lieu. Si le trop grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt, avec des anciens qui veilleront sur eux. Une lumière éclairera le dortoir continuellement jusqu'au matin. Ils dormiront vêtus, ceints d'une ceinture ou d'une corde. En dormant, ils n'auront point leurs couteaux à leur côté de peur que, pendant le sommeil, ils ne viennent à se blesser tout en dormant. Que les moines soient toujours prêts. Au signal donné, ils se lèveront aussitôt et s'empresseront à l'envi à l'Œuvre de Dieu, en toute gravité néanmoins et modestie. Les plus jeunes frères n'auront point leurs lits placés les uns près des autres, mais entremêlés parmi ceux des anciens. En se levant pour l'Œuvre de Dieu, les moines s'encourageront doucement les uns les autres, afin d'ôter tout sujet d'excuse aux somnolents.



… pour chaque jour

Que les moines soient toujours prêts. La louange divine ne devrait pas connaître d’interruption chez le moine. Travail, sommeil, détente ne sont pas des temps morts. Ils préparent la prière, ils sont prière, pourvu que le cœur demeure tourné vers Dieu, ce qui suppose renoncement à l’égoïsme, recherche de soi sous toutes ses formes. Effort constant pour purifier son intention, revenir à Dieu. La cellule monastique doit favoriser la prière personnelle. Si communautaire qu’elle soit, notre prière a besoin de s’approfondir dans la solitude et le silence.

Écoute, 1964

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.331-332)


La Cathédrale d'Anvers
Côté nord







 28 octobre

Dire la vérité de cœur comme de bouche.
(Règle de Saint Benoît 4,28)



La Règle de Saint Benoît…

RB 21,1-7 (Les doyens du monastère)

¹Si la communauté est nombreuse, on choisira quelques-uns d'entre les frères qui sont de bonne réputation et de sainte vie, et on les établira doyens. ²Ils veilleront en tout sur leurs décanies, conformément aux commandements de Dieu et aux ordres de leur abbé. ³On choisira pour doyens ceux des moines avec lesquels l'abbé puisse en toute sécurité partager son fardeau. On ne les choisira pas selon leur ancienneté dans la communauté, mais selon le mérite de leur vie et la sagesse de leur doctrine. Si, par hasard, l'un d'eux, enflé d'orgueil, mérite répréhension, on le corrigera une première, une deuxième et une troisième fois. S'il ne veut pas s'amender, on le déposera et on mettra à sa place un autre qui en soit digne. Nous établissons la même règle au sujet du prieur.



… pour chaque jour

PARTAGER L’AUTORITÉ 

À nouveau, saint Benoît témoigne d’une grande liberté. Vis-à-vis de l’âge, par exemple : mérite et sagesse peuvent ne pas avoir besoin de longues années passées dans la communauté. Vis-à-vis encore de sa propre autorité : il se montre prêt à la partager.
On choisira, écrit-il à trois reprises ; avant d’écrire aussi : on le corrigera, on le déposera, on mettra un autre à sa place. Qui : on ? Cet impersonnel indéfini dégage ici comme une sorte de confiance spontanée, un détachement plein d’espérance dans la démarche qu’il suscite, une sainte indifférence devant le cours des choses remises à qui de droit.
Nous parlerions aujourd’hui d’aptitude à déléguer, de partage du pouvoir, d’un principe de gouvernement. Grandes qualités humaines, certes. Chez saint Benoît, ne faut-il pas chercher beaucoup plus profond ? Dans cette conviction qu’il n’est pas le propriétaire de son autorité, qu’il l’a reçue pour la partager, pour la multiplier au service des frères. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


La Cathédrale d'Anvers







 27 octobre

Ne jamais perdre la charité.
(Règle de Saint Benoît 4,26)



La Règle de Saint Benoît…

RB 20,1-5 (De la révérence dans la prière)

¹Lorsque nous avons une requête à faire aux puissants de la terre, nous n'osons le faire qu'avec humilité et respect. ²À plus forte raison faut-il supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et pure dévotion. ³Sachons bien que ce n'est pas l'abondance des paroles, mais la pureté du cœur et les larmes de la componction qui nous obtiendront d'être exaucés. La prière doit donc être brève et pure, à moins que peut-être la grâce de l'inspiration divine ne nous incline à la prolonger. Mais en communauté, la prière sera très courte, et, sur le signal du supérieur, tous se lèveront en même temps.



… pour chaque jour

L’ascèse du corps, avant et pendant la prière, est nécessaire pour que l’âme prenne son plein essor en une prière fervente. On parvient à cela par deux genres de démarches. Le premier est négatif: les prosternations nombreuses, le jeûne, le silence, le dépouillement et la simplicité du vêtement. Le second est positif: il consiste à offrir au Christ, du fond du cœur, un amour sincère, exprimé par des paroles d’affection, de désir, par un dialogue du cœur qui n’a de cesse de jour ni de nuit, soutenu par une méditation attentive de ses paroles et de ses préceptes.
Cela veut dire que la ferveur de la prière est conditionnée à la fois par l’ascèse du corps et par l’ardeur de l’esprit. L’une des deux ne saurait suffire, car chacune active l’autre. L’ascèse du corps prépare l’ardeur de l’esprit et l’ardeur de l’esprit facilite l’ascèse du corps. Par ces deux démarches, la prière est mise à l’abri de l’acédie, de la lassitude, de la tiédeur spirituelle et de la dispersion de l’attention. 

(MATTA EL MASKINE [°1919 – 〸2006], Conseils pour la prièreMonastère de Saint-Macaire au désert de Scete,  Wadi el Natroun, [ La traduction française a été publiée dans la revue Irénikon, 1986, p.451-481], p.8-9)


La Cathédrale d'Anvers







 26 octobre

Ne rien préférer à l’amour du Christ.
(Règle de Saint Benoît 4,21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 19,1-7 (Le maintien pendant la psalmodie)

¹Partout nous croyons fermement que Dieu est présent et que les yeux du Seigneur considèrent en tout lieu les bons et les méchants. ²Mais surtout il faut le croire fermement lorsque nous assistons à l'office divin. ³Ayons donc toujours dans la mémoire ce que dit le Prophète: « Servez le Seigneur dans la crainte. » Et encore: « Psalmodiez avec sagesse. » Et: « Je te chanterai en présence des anges. » Considérons donc comment nous devons nous tenir en présence de Dieu et de ses Anges, et tenons-nous pour psalmodier de manière que notre esprit soit en accord avec notre voix.



… pour chaque jour

Aussi convient-il que vous viviez en accord avec la pensée de votre évêque ; c'est d'ailleurs ce que vous faites. Votre presbyterium, digne de sa réputation, digne de Dieu, est d'accord avec l'évêque comme les cordes avec la cithare. Ainsi, dans la concorde de vos sentiments et l'harmonie de votre charité, vous chantez Jésus Christ. Chacun de vous, devenez un chœur de chant, afin que, dans l'harmonie de votre concorde, adoptant la mélodie de Dieu dans l'unité, vous chantiez pour le Père, d'une seule voix, par Jésus Christ. Alors le Père vous écoutera et reconnaîtra en vous, grâce à vos bonnes actions, les membres de son Fils. Il est donc utile pour vous que vous soyez dans une irréprochable unité, pour être toujours participants de Dieu.

(SAINT IGNACE D’ANTIOCHE [°v.35 – v.110], Lettre aux Éphésiens)


La Cathédrale d'Anvers
Portail nord







 25 octobre

Honorer tous les hommes.
(Règle de Saint Benoît 4,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,20-25 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

²⁰L'ordre de la psalmodie du jour étant ainsi disposé, tous les autres psaumes qui restent seront distribués également entre les sept Vigiles de la semaine, ²¹ceux qui sont trop longs étant divisés en deux, de sorte qu'il y en ait douze pour chaque nuit. ²²Avant tout cependant nous tenons à dire que, si quelqu'un ne goûte pas cette distribution des psaumes, il en adopte une autre qu'il jugera meilleure. ²³Qu'il soit bien entendu toutefois que le psautier de cent cinquante psaumes sera récité intégralement chaque semaine et recommencé chaque dimanche à Vigile. ²⁴En effet, des moines qui, au cours de la semaine, psalmodient moins que le psautier avec les cantiques habituels se montrent par trop mous dans le service qu'ils ont voué. ²⁵La tâche que nos saints Pères, comme nous le lisons, accomplissaient courageusement en un seul jour, puissions-nous du moins, dans notre tiédeur, nous en acquitter en une semaine entière!



… pour chaque jour

COMBIEN DE PSAUMES À DIRE ? 

Il y a plusieurs façons d'être moine. Saint Benoît en retient au moins deux : les cénobites et les ermites. Il y a aussi plusieurs façons de distribuer les psaumes. Saint Benoît en propose une, mais il laisse la porte ouverte à l'éventualité qu'il y en ait une autre, meilleure même.
Le seul critère qu'il énonce, c'est de loger l'intégralité du psautier à l'intérieur de la semaine. Les sept jours de la création doivent impérativement contenir la louange qui circule dans les 150 poèmes. L'énergie est la même de part et d'autre. Elle ne peut être diluée : force créatrice d'une part, réponse en action de grâces d'autre part.
Le mérite des saints Pères n'était pas la performance numérique d'une récitation intégrale en un seul jour. C'était bien plutôt de s'offrir intégralement et quasi instantanément à la puissance créatrice sortie du cœur de Dieu, de s'en laisser investir et d'y répondre avec la même énergie venue de l'Esprit Saint. Ce que le Créateur a réparti sur une semaine, ils s'y offraient en un seul jour.
Il n'y a que l'amour pour supporter ainsi la vigueur de l'instant, pour accueillir ainsi l'instant de Dieu, l'éternité, chaque jour retrouvée. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


La Cathédrale d'Anvers
L'orgue "Schyven"







 24 octobre

Avant tout, aimer le Seigneur Dieu
de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force.
(Règle de Saint Benoît 4,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,12-19 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

¹²À Vêpres, on chantera tous les jours quatre psaumes, ¹³à partir du cent neuvième jusqu'au cent quarante-septième, ¹⁴exception faite de ceux qui sont réservés pour d'autres Heures, à savoir depuis le cent dix-septième jusqu'au cent vingt-septième, plus le cent trente-troisième et le cent quarante-deuxième. ¹⁵Tous les autres se diront à Vêpres. ¹⁶Mais comme il manque trois psaumes (pour le nombre voulu), on divisera (en deux) les plus longs, à savoir les psaumes cent trente-huit, cent quarante-trois et cent quarante-quatre. ¹⁷Quant au cent seizième, très court, on le joindra au cent quinzième. ¹⁸L'ordre des psaumes de Vêpres étant ainsi réglé, le reste de cet office, c'est-à-dire les leçons, répons, hymne, verset et cantique, se dira comme nous l'avons indiqué plus haut. ¹⁹À Complies, on répètera tous les jours les mêmes psaumes, savoir les psaumes quatre, quatre-vingt-dix et cent trente-trois.



… pour chaque jour

« Vêpres » est une expression abrégée : il s’agit du sacrifice vespéral, sacrifice de la prière et de l’encens. C’est le moment où le Christ rassemble tout ce que son Église, par sa grâce, a accompli dans la journée écoulée, et l’offre à son Père. Si, comme il peut bien arriver, nous arrivons à ce sacrifice du soir bien fatigués et vides, présentons-nous quand même à Notre-Seigneur et joignons-nous à l’action de grâces de l’Église, dont le cantique de la Sainte Vierge est l’expression parfaite. Ce sont des pauvres et des humbles que le Seigneur veut regarder…

Écoute, 1967

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.312)


La Cathédrale d'Anvers
Portail principal - détail







 23 octobre

Les frères donneront leur avis en toute humilité et soumission. 
(Règle de Saint Benoît 3,4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,7-11 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

À Tierce, Sexte et None du lundi on dira les neuf sections qui restent du psaume cent dix-huit, à raison de trois sections pour chaque Heure. Le psaume cent dix-huit aura donc été achevé en deux jours, à savoir le dimanche et le lundi. Cela étant, le mardi à Tierce, Sexte et None on dira trois psaumes, depuis le cent dix-neuvième jusqu'au cent vingt-septième, ce qui fait neuf psaumes. ¹⁰Ces psaumes sont répétés aux mêmes Heures, chaque jour jusqu'au dimanche. De même pour ce qui est des hymnes, leçons et versets, on gardera tous les jours la disposition uniforme qui a été établie. ¹¹Mais le dimanche on recommencera toujours par le psaume cent dix-huit.



… pour chaque jour

Même si le nombre de ces moments de prière commune au sein d’une communauté correspond à une longue tradition, ce nombre et ces heures ne sont pas des absolus. Seule l’exigence de la prière continuelle est un absolu. Dans l’antiquité, où la seule horloge était l’horloge solaire, et où depuis une très longue antiquité, on divisait le jour, de même que la nuit, en douze heures, l’habitude s’était prise, dans tout l’empire romain, de faire des pauses, aussi bien dans le travail que dans la vie publique, à la troisième, la sixième et la neuvième heure du jour. En profitant de ces pauses pour faire chaque fois un moment de prière, on sanctifiait le rythme ordinaire de la journée.
Ce rythme est resté à peu près le même aussi longtemps que la culture est demeuré agraire, même dans les grandes villes ; mais cette réalité a été profondément modifiée, aussi bien dans les campagnes que dans les villes, par la révolution industrielle. Ce qui conserve tout son sens, c’est de continuer à rythmer par des moments de prière, notre journée, mais non de prier à certaines heures précises comme si ces heures étaient en elles-mêmes plus sacrées que les autres.
Dans la réforme liturgique de Vatican II, les Offices de Tierce, Sexte et None du bréviaire romain ont été remplacées par un Office du milieu du jour, puisque le maintien des trois Petites Heures traditionnelles n’avait plus de sens dans le rythme concret de la journée d’un prêtre séculier ou d’un religieux actif devant partager les occupations de leurs contemporains.
On a conservé tous ces Offices dans la liturgie monastique, mais une assez grande liberté d’adaptation a été donnée (…). Si l’on veut maintenir dans notre vie de bonnes périodes favorables à la lectio divina et avoir de bonnes plages de temps allouées à un travail sérieux permettant de gagner sa vie, il arrive souvent, selon la nature du travail de chaque communauté, que le maintien des Petites Heures à leur moment traditionnel devient tout à fait artificiel. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 10 octobre 2010)


La Cathédrale d'Anvers