1 février

Il est un mauvais zèle, un zèle amer,
qui sépare de Dieu et mène à l’enfer.
De même, il est un bon zèle
qui sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle.
C’est ce zèle que les moines pratiqueront
avec un très ardent amour.
(Règle de Saint Benoît 72,1-3)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,35-43 (L'humilité)

³⁵Voici le quatrième degré d'humilité: la conscience embrasse la patience, au point d'obéir silencieusement, quelque durs et contrariants que soient les ordres reçus, et fût-on même victime de toutes sortes d'injustices ; ³⁶on supporte, sans se lasser ni reculer, car l'Écriture dit: « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé, » ³⁷et ailleurs: « Prends courage et supporte le Seigneur. » ³⁸Et pour nous montrer que le serviteur fidèle doit tout supporter pour le Seigneur, même les adversités, l'Écriture dit au nom de ceux qui souffrent: « C'est pour toi que nous sommes livrés à la mort durant le jour; nous sommes considérés comme des brebis de boucherie. »  ³⁹Et ceux qu'anime l'espoir assuré de la récompense divine, ajoutent avec joie: « Mais en toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à celui qui nous a aimés. » ⁴⁰L'Écriture dit encore en un autre endroit: « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer l'argent par le feu; tu nous as pris dans le filet, tu as amassé les tribulations sur nos épaules. » ⁴¹Et pour nous apprendre que nous devons vivre sous un supérieur, elle ajoute: « Tu as établi des hommes sur nos têtes. » ⁴²Ainsi par la patience dans les adversités et les injustices, les humbles pratiquent le précepte du Seigneur: si on les frappe sur une joue, ils tendent l'autre; si on leur ôte leur tunique, ils abandonnent aussi leur manteau; si on les contraint de faire un mille, ils en font deux; ⁴³avec l'Apôtre Paul ils supportent les faux frères, et ils bénissent ceux qui les maudissent.

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... pour chaque jour

uisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous.

 (1 Pierre 4,13-14 – La Bible – AELF)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret










 

 31 janvier

S’empresser de donner réponse avec une charité fervente.
(Règle de Saint Benoît 66,4)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,34 (L'humilité)

³⁴Tel est le troisième degré d'humilité: se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l'amour de Dieu, à l'imitation du Seigneur, dont l'apôtre dit :  « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort. » 





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... pour chaque jour

n ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
« Venez à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug,
devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

(Mt 11,25-30 – La Bible – AELF)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret









 30 janvier

Tempérer tellement toutes choses
que les forts désirent faire davantage
et que les faibles ne se dérobent pas.
(Règle de Saint Benoît 64,19)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »




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... pour chaque jour

  ette conversion du désir est douloureuse ; elle suppose un                      combat parce qu’elle s’inscrit à contre-courant de notre tendance spontanée.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « DE LA CRAINTE À L’AMOUR, ‘L’échelle de l’humilité’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 5, Saint-Léger éditions, 2017, p. 37.)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret






 29 janvier

… L’abbé se conduira avec discernement et modération.
(Règle de Saint Benoît 64,17)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »

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... pour chaque jour

Quand on a décidé de partir à la recherche de Dieu, il faut mettre sur son âne tout ce qu’on possède et partir avec tout ce qu’on est, sa carcasse, son esprit, son âme. Il faut tout prendre, les grandeurs et les faiblesses, le passé de péché, les grandes espérances, les tendances les plus basses et les plus violentes… tout, tout, car tout doit passer par le feu. 

(Yves Raguin, Chemins de la contemplation. Éléments de vie spirituelle, 1969)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret









 28 janvier

S’efforcer plus à se faire aimer qu’à se faire craindre.
(Règle de Saint Benoît 64,15)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »

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... pour chaque jour

l faut inlassablement détourner son regard de soi-même et le porter sur l’Autre, sur Dieu et sur ce « toi » concret du frère ou de la sœur chaque jour à mes côtés… L’humilité consiste avant tout dans cette conversion du regard. L’exposé du premier degré d’humilité nous l’apprend. Il s’agit d’abord de réaliser que l’essentiel réside dans cette prise de conscience en non dans les efforts de la science ou de la vertu. Au fondement de toute la démarche spirituelle, la Règle pose la « crainte de Dieu » (v. 10), une attitude intérieure d’extrême respect commandé par l’Amour. Craindre Dieu, c’est vivre pour un Autre et en sa présence. Une telle prise de conscience, loin de nous enfermer ou nous replier sur nous-même, nous en arrache au contraire. La crainte de Dieu détourne notre regard de nos propres intérêts pour nous polariser sur l’Autre. Elle crée en nous cette écoute absolument indispensable au dialogue, quel qu’il soit, avec Dieu ou avec les autres. L’humilité commence là.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « DE LA CRAINTE À L’AMOUR, ‘L’échelle de l’humilité’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 5, Saint-Léger éditions, 2017, p.24-25.)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret








27 janvier 

Que l’abbé haïsse les vices, mais qu’il aime les frères.
(Règle de Saint Benoît 64,11)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »

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... pour chaque jour

La « Crainte de Dieu » est une vertu hautement considérée dans la tradition judéo-chrétienne. En vérité c’est un socle sur lequel les autres vertus peuvent s’appuyer. « La Crainte de Dieu est le début de la sagesse », répète souvent la Bible. L’on dit également : « Seul un sot méprise la sagesse. » Mais que veut dire la Bible par « Crainte de Dieu » et y a-t-il quelque chose dans ce terme qui puisse nous « procurer la peur de notre vie » ?

Je n’ignore pas que « procurer à quelqu’un la peur de sa vie » n’est qu’une expression, mais je veux la ramener à ses racines, la prendre un peu plus littéralement qu’une remarque en passant. La plupart des bonnes expressions qui sont entrées dans la langue portent en elles une signification à laquelle nous ne faisons presque plus référence. C’est le cas ici. Et le fait est qu’il y a de « l’enfer » en chacun de nous qui ne s’en va pas très facilement. Il est nécessaire de faire appel à quelque chose de puissant pour que « l’enfer en nous » ait tellement peur qu’il s’en aille. Dans la Bible, la Crainte de Dieu est susceptible d’agir de la sorte.

Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Ce n’est pas aussi simple que d’avoir peur de Dieu. La sagesse biblique n’est pas aussi naïve. Littéralement cela signifie que nous prenons la mesure de la différence entre Dieu et nous-mêmes. Il est grand, et nous sommes petits. Il est vivant pour l’éternité et nos vies sont comme une fleur qui s’épanouit le matin mais qui est fanée le soir. Il semble y avoir une bonne part « d’enfer » en nous ; en lui il n’y en a pas. Prendre en compte ces différences ne vise pas à nous donner une image maladivement négative de nous-mêmes. Cela nous aide seulement à en éviter une maladivement positive, qui n’est pas basée sur la réalité. Acquérir de la sagesse – et dans la Bible cela revient à vivre harmonieusement dans la réalité comme elle est – commence par notre capacité à prendre la mesure de la différence entre Dieu et nous. Cette démarche peut certainement causer une certaine dose de crainte de Dieu ; mais plus que cela, ce qu’elle suscite est l’accroissement dans notre cœur d’une crainte respectueuse de Dieu. Car il est merveilleux qu’en dépit des distances infinies entre lui et nous, nous demeurions les objets de sa sollicitude, les bénéficiaires de son amour.

Donc par la prière je me trouve en contact avec le Seigneur de l’Univers. Il se rapproche de moi, de son plein gré. Il me révèle un peu de sa « vision » et de son « amour ». Et je suis complètement fasciné, car sans cesse je ressens à la fois son écrasante infinité, qui suscite la crainte et sa douce et aimable proximité qui suscite la sagesse. Dieu se rapproche de nous au moyen de ce que nous pourrions décrire comme un acte divin d’humilité. De sa position élevée il s’abaisse, c’est ainsi que parlent les métaphores bibliques. Il y a une proportion inverse entre l’humilité à laquelle Dieu a consenti pour notre bien et sa capacité à être présent à nous dans son essence malgré notre condition d’êtres limités et pécheurs.

Je sais que peu de gens s’expriment et pensent encore de la sorte. Dieu est si humble qu’il ne nous impose pas de le reconnaître. Mais en tout cas moi, je veux témoigner du fait que la sagesse biblique m’aide à vivre. Entrer dans la proposition de la foi biblique – selon laquelle il y a Quelqu’un de Divin près de nous plus grand et bien plus digne que nous ne le sommes – me permet d’être en prise avec la réalité à la place et avec le ton qui conviennent, moi qui ne suis ni Dieu, ni responsable du monde et qui n’y suis que pour un temps. J’entre en scène stupéfait et reconnaissant de me trouver présent tout simplement. Je veux me prosterner en adoration devant celui à qui je dois ce cadeau. Je redoute d’offenser sa majesté, sa bienveillance, sa vérité. Et je le redoute non pas parce qu’il se retournera et m’écrasera mais parce qu’il est bon d’une bonté que je ne pourrais jamais égaler, et je ne veux pas en abuser, la prendre à la légère ou la considérer comme allant de soi.

Abuser de la vie, prendre Dieu à la légère ou l’ignorer, me croire le centre du monde – c’est un peu de « l’enfer » qui est en nous. Ce qui me terrifie vraiment est la perspective d’un enfer éternel. Je sais, l’on ne croit plus à de telles réalités. Mais il n’est pas aussi simple de décider qu’elles existent ou pas. La seule possibilité qu’il y ait un enfer devrait nous terrifier. Car qu’est-ce que l’enfer ? Non pas un Dieu vengeur qui nous punit pour l’éternité car nous avons dérapé, mais plutôt d’être condamnés à vivre pour l’éternité en fonction de nos choix. Comme il est facile de prétendre que nous ne serons pas jugés sur nos agissements. Et pourtant, si tel est le cas ? – eh bien, cette possibilité m’effraie. 

(Jeremy Driscoll osb, L’Alphabet du Moine – Moments de silence dans un monde qui change, Éd. Salvator, Paris, 2008, p.57-60)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret








 26 janvier

L’abbé, une fois établi, pensera sans cesse
à la nature du fardeau qu’il a reçu,
et à Celui à qui il devra rendre compte
de son administration.
Qu’il sache qu’il lui faut aider bien plus que régir.
(Règle de Saint Benoît 64,7-8)



La Règle de Saint Benoît...

RB 7,5-9 (L'humilité)

⁵Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, ⁶il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. ⁷Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. ⁸L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. ⁹Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.

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... pour chaque jour

Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut
et repose à l'ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

                             a

C'est lui qui te sauve des filets du chasseur
et de la peste maléfique ; *
il te couvre et te protège.
Tu trouves sous son aile un refuge :
sa fidélité est une armure, un bouclier.

Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit,
ni la flèche qui vole au grand jour,
ni la peste qui rôde dans le noir,
ni le fléau qui frappe à midi.
 
Qu'il en tombe mille à tes côtés, +
qu'il en tombe dix mille à ta droite, *
toi, tu restes hors d'atteinte.
 
Il suffit que tu ouvres les yeux,
tu verras le salaire du méchant.
Oui, le Seigneur est ton refuge ;
tu as fait du Très-Haut ta forteresse.
 
Le malheur ne pourra te toucher,
ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges
de te garder sur tous tes chemins.
 
Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion,
tu écraseras le lion et le Dragon.

                        a  

« Puisqu'il s'attache à moi, je le délivre ;
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m'appelle, et moi, je lui réponds ;
je suis avec lui dans son épreuve.
 
« Je veux le libérer, le glorifier ; +
de longs jours, je veux le rassasier, *
et je ferai qu'il voie mon salut. » 

(Psaume 90,1-16 – La Bible – AELF)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret








 25 janvier

Se prévenir d’honneur les uns les autres.
(Règle de Saint Benoît 63,17)




La Règle de Saint Benoît...

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » ⁴Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »

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... pour chaque jour

n t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien;
Et ce que l'Eternel demande de toi,
C'est que tu pratiques la justice,
Que tu aimes la miséricorde,
Et que tu marches humblement avec ton Dieu.

(Michée 6,8 – La Bible – Louis Segond Bible)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret









 24 janvier

Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse,
ne le fais pas à autrui.
(Règle de Saint Benoît 61,14)




La Règle de Saint Benoît...

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. ⁴Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; ⁵et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » ⁶De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. ⁷En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. ⁸Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.

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... pour chaque jour

orsqu’Élie se rend sur la montagne au rendez-vous de Dieu, Dieu n’est pas dans le fracas de l’orage et de la tempête, mais dans un murmure « à la limite du silence » (1 R 19,12). Dans l’homme né de l’Esprit, Dieu chante à bouche close et le monde est musique. L’Esprit repose sur Jésus et le fait tressaillir de joie. Le Silence est à l’intérieur de la Parole. L’Esprit est l’onction du Fils et le royaume du Père. L’Esprit révèle la face cachée de la terre. L’Esprit est la Terre des Vivants. 

(OLIVIER CLÉMENT, L’autre soleil – quelques notes d’autobiographie spirituelle, Desclée de Brouwer, 2010, p.103)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret








 23 janvier

En tout lieu, c’est un seul Seigneur que l’on sert…
(Règle de Saint Benoît 61,10)




La Règle de Saint Benoît...

RB 5,14-19 (L'obéissance)

¹⁴Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. ¹⁵Car l'obéissance rendue au supérieur, c'est à Dieu qu'on la rend, puisqu'il a dit: « Qui vous écoute, m'écoute. » ¹⁶Et c'est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement. » ¹⁷Si, au contraire, le disciple obéit, mais s'il le fait de mauvais gré, s'il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœur, ¹⁸même s'il exécute l'ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. ¹⁹Bien loin d'en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige et ne fait satisfaction.

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... pour chaque jour

e discours de plainte est très répandu aujourd'hui. On se plaint de tout, ce qui est propre des nantis obnubilés par ce qu’ils n´ont pas encore. Mais plutôt que d'ajouter de la plainte à la plainte, plutôt que de nourrir le négatif et d'entretenir l'anxiété, pourrait-on imaginer une autre posture? Il y a là une insurrection à mener qui commence en nous par une vigilance de langage. Nos mots nous façonnent, nous sommes de la couleur de ce que nous disons.
(...)
Plutôt que de se laisser submerger, il y a donc lieu de choisir! Au matin, choisir le psaume au lieu de la complainte, choisir de célébrer d'abord l’envers lumineux des êtres et des choses, parce que, comme nous le rappelle Maître Eckhart, « c'est chaque jour la plus grande fête: celle de l’existence de Dieu ».
 
« Réjouis-toi, ris de tout ton cœur… YHWH ton Dieu est au milieu de toi… il danse et crie de joie à cause de toi. » (So 3,14ss)

Rabbi Nachman de Breslau, grande figure du hassidisme, a magnifiquement parlé de la joie, non pas la joie à bon marché, mais la joie qui choisit en toute conscience de laisser dehors la tristesse et l’amertume: 
« C'est une grande mitsva (précepte) d’être toujours dans la joie, de se renforcer et d’éloigner la tristesse et l'amertume de toutes ses forces. Toutes les maladies qui viennent sur l'homme, toutes viennent de la dégradation de la joie. (...) Quand la joie et le chant sont abîmés, la maladie s’empare de l’homme. La joie est un grand remède. Il s’agit de trouver en soi un seul point positif qui nous rende joyeux et de s’y attacher. »

(Francine Carrillo, Pour une spiritualité de l´insurrection, Coédition Ouverture-Olivétan-Opec, Son mot à dire…, 2014, p.52-53)

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret