1 février

Sachons bien que ce n’est pas l’abondance des paroles,
mais la pureté du cœur et les larmes de la componction
qui nous obtiendront d’être exaucés.
(Règle de Saint Benoît 20,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,35-43 (L'humilité)

³⁵Voici le quatrième degré d'humilité: la conscience embrasse la patience, au point d'obéir silencieusement, quelque durs et contrariants que soient les ordres reçus, et fût-on même victime de toutes sortes d'injustices ; ³⁶on supporte, sans se lasser ni reculer, car l'Écriture dit: « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé, » ³⁷et ailleurs: « Prends courage et supporte le Seigneur. » ³⁸Et pour nous montrer que le serviteur fidèle doit tout supporter pour le Seigneur, même les adversités, l'Écriture dit au nom de ceux qui souffrent: « C'est pour toi que nous sommes livrés à la mort durant le jour; nous sommes considérés comme des brebis de boucherie. »  ³⁹Et ceux qu'anime l'espoir assuré de la récompense divine, ajoutent avec joie: « Mais en toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à celui qui nous a aimés. » ⁴⁰L'Écriture dit encore en un autre endroit: « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer l'argent par le feu; tu nous as pris dans le filet, tu as amassé les tribulations sur nos épaules. » ⁴¹Et pour nous apprendre que nous devons vivre sous un supérieur, elle ajoute: « Tu as établi des hommes sur nos têtes. » ⁴²Ainsi par la patience dans les adversités et les injustices, les humbles pratiquent le précepte du Seigneur: si on les frappe sur une joue, ils tendent l'autre; si on leur ôte leur tunique, ils abandonnent aussi leur manteau; si on les contraint de faire un mille, ils en font deux; ⁴³avec l'Apôtre Paul ils supportent les faux frères, et ils bénissent ceux qui les maudissent.


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… pour chaque jour

Voici ce qu’est la rénovation de l’esprit droit : mépriser en ton cœur toute la gloire du monde, imprimer en lui jusqu’en son tréfonds l’amour de ton Créateur, garder la patience quand on te lance des injures ; et une fois la patience gardée, repousser de ton cœur la tristesse. Par humilité estime-toi inférieur à tous les hommes ; ne bondis jamais de joie à la mort d’un ennemi ; ne tourne pas autour des biens d’autrui ; distribue tes biens personnels aux nécessiteux ; aime en Dieu ton ami, et ton ennemi à cause de Dieu ; par la compassion, afflige-toi de l’affliction de ton prochain. Tel est le renouvellement de l’esprit, dont cherche à nous persuader saint Paul quand il dit : « Renouvelez-vous par l’esprit et l’intelligence, et revêtez l’homme nouveau, qui a été créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité » (Ép 4,23-24). Et encore « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle créature : ce qui est ancien est passé ; voici que tout est devenu nouveau » (2 Co 5,17). 

(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, Commentaire du psaume 50 (PL 79, 581-601), dans : Les Psaumes commentés par les Pères, Textes traduits, notes et tables par Sœur Baptista Landry osb, Introduction, choix et conseils de travail par A.-G. Hamman, Collection « Les Pères dans la foi », DDB, 1983, p. 199)








 31 janvier

Tenons-nous pour psalmodier de manière
que notre esprit soit en accord avec notre voix.
(Règle de Saint Benoît 19,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,34 (L'humilité)

³⁴Tel est le troisième degré d'humilité: se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l'amour de Dieu, à l'imitation du Seigneur, dont l'apôtre dit :  « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort. »



Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Le troisième degré suit le second et ne le précède pas ! Il parle de cette obéissance-soumission. Il importe de remarquer ici qu’il serait faux et malfaisant de se « sous-mettre » sans motif de le faire, sans savoir pour qui on le fait. Ce serait là renier sa dignité humaine. Mais le « pauvre de cœur », qui a su « écouter » l’autre, qui a compris qu’il n’est pas le centre du monde et ne se satisfait pas de lui-même, celui-là, tout normalement, « se met en-dessous ». L’attention à l’autre conduit à la « soumission » à l’autre, non pas à l’écrasement mais à l’accueil de l’autre jusqu’au plus profond de sa volonté, et de sa volonté réalisée. C’est l’obéissance-soumission.
En cela précisément, la Règle souligne que le moine « imite » le Christ qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « DE LA CRAINTE À L’AMOUR, ‘L’échelle de l’humilité’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 5, Saint-Léger éditions, 2017, p. 39-40.)










30 janvier 

Les offices des Laudes et des Vêpres
ne devront jamais se conclure sans que le supérieur dise,
en dernier lieu, en entier, et au milieu de l’attention générale, 
l’oraison dominicale,
à cause des épines de querelles
qui ont accoutumé de se produire.
(Règle de Saint Benoît 13,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »




Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant.
De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. Il ne faut donc pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. 

(Romains 6,6-12 – La Bible – AELF)










 29 janvier

L’homme estimera que Dieu, du haut du ciel,
le regarde à tout moment.
(Règle de Saint Benoît 7,13)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »

Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

La lecture du chapitre 7 nous confond. Nous sentons bien que si nous pouvions vraiment le mettre en pratique, notre vie personnelle, sociale et communautaire en serait complètement transformée… Sa méditation nous est précieuse pour nous apprendre à ne pas nous faire d’illusions dans la vie spirituelle ; celle-ci s’atteste, se vérifie à des signes, simples et sûrs ; elle se développe à partir du plus intérieur vers le plus extérieur car, si l’intérieur n’y est pas, l’extérieur trompe et reste sans valeur pour le Royaume. L’humilité n’est pas une vertu parmi d’autres, même la plus grande. Comme l’amour, elle est la loi de la vie de Dieu. Partout où se déploie l’amour véritable, habite aussi l’humilité, et là où règne une humilité vraie, on peut être sûr que règne aussi la charité. L’humilité ne consiste pas à s’écraser, se déprécier à plaisir ou même par vertu ; elle consiste simplement à laisser place à l’autre autant que possible, à la lui donner. C’est en ce sens qu’elle est la loi même de la vie de Dieu, de sa vie interne dans la Trinité, et de sa vie offerte aux hommes dans l’incarnation et la rédemption… Cette « loi » divine est appelée à devenir la nôtre. L’humilité est l’attitude profonde, intérieure d’abord, qui peu à peu nous identifie à Dieu. En restaurant en nous la ressemblance avec le Créateur, elle nous rend vraiment, concrètement, enfants de Dieu. Le chapitre 7 nous explique comment. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « DE LA CRAINTE À L’AMOUR, ‘L’échelle de l’humilité’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 5, Saint-Léger éditions, 2017, p.23-24.)










 28 janvier

C’est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que 
« Dieu aime celui qui donne joyeusement ».
(Règle de Saint Benoît 5,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

À ceux qui se repentent, Dieu ouvre le chemin du retour ; il réconforte ceux qui manquent de persévérance.
Convertis-toi au Seigneur, et renonce à tes péchés ; mets-toi devant lui pour prier, et diminue tes occasions de chute.
Reviens vers le Très-Haut et détourne-toi de l’injustice, – c’est lui qui conduit des ténèbres à la lumière de la vie – ; les actions abominables, déteste-les. 

(Siracide 17,24-26 – La Bible – AELF)










 27 janvier

L’atelier où nous devons travailler diligemment
avec tous ces instruments,
c’est le cloître du monastère
avec la stabilité dans la communauté.
(Règle de Saint Benoît 4,78)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Si vous voulez parvenir à la science véritable des Écritures, hâtez-vous d’abord d’acquérir une humilité de cœur inébranlable. C’est elle qui vous conduira, non à la science qui enfle, mais à celle qui illumine, par la consommation de la charité. Il est impossible que l’âme qui n’est pas pure, obtienne le don de la science spirituelle. (…)
Celui dont l’âme n’est point pure, ne saurait acquérir la science spirituelle, si assidu qu’il puisse être à la lecture. L’on ne confie point à un vase fétide et corrompu un parfum de qualité, un miel excellent, une liqueur précieuse. Le vase pénétré de senteurs repoussantes, infectera plus facilement le parfum le plus odorant, qu’il n’en recevra lui-même quelque suavité ou agrément ; car ce qui est pur, se corrompt plus vite que ce qui est corrompu ne se purifie. Ainsi le vase de notre cœur. S’il n’est d’abord entièrement purifié de la contagion fétide des vices, il ne méritera pas de recevoir ce parfum de bénédiction dont parle le prophète : « Comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, coule sur la barbe d’Aaron et descend sur le bord de son vêtement » (Ps 132,2) ; non plus qu’il ne gardera sans souillure la science spirituelle ou les paroles de l’Écriture, « qui sont plus douces que le miel et que le rayon rempli de miel » (Ps 18,11). 

(JEAN CASSIEN, De la science spirituelle, chap. X.XIII, SC 54 (Conférences VIII-XVII, trad. E. Pichery, éd. du Cerf, 1958, p. 195.202)










 26 janvier

Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 4,74)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,5-9 (L'humilité)

Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

L’homme qui veut monter sur une échelle doit d’abord poser son pied sur le barreau inférieur. Après que son pied a quitté le sol, il peut commencer à lever la tête. Ceci t’enseigne que, dans ta recherche de la proximité avec Dieu, tu dois commencer par épurer tes instincts de base et par te purifier de tes envies. Il est erroné de croire que tu peux commencer par rechercher Dieu intellectuellement, alors que tes traits de caractère sont encore dans un état de déchéance.

(Rabbi Baroukh de Medziboch)

(PRÉCEPTES DE VIE ISSUS DE LA SAGESSE JUIVE, Rassemblés et présentés par Pierre Itshak Lurçat, Presses du Châtelet, 2001, p. 26)










 25 janvier

Se réconcilier avant le coucher de soleil,
avec qui on est en discorde.
(Règle de Saint Benoît 4,73)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

L’amour de soi est à l’amour de Dieu ce que le blé en herbe est au blé mûr. Il n’y a pas de rupture de l’un à l’autre – juste un élargissement sans fin, les eaux en crue d’une joie qui, après avoir imprégné le cœur, déborde de toutes parts et recouvre la terre entière. L’amour de soi naît dans un cœur enfantin. C’est un amour qui coule de source. Il va de l’enfance jusqu’à Dieu. Il va de l’enfance qui est la source, à Dieu qui est l’océan. Quant à la douceur de vivre, elle est inchangée avec les siècles. Elle est faite du calme d’un entretien, du repos d’un corps, d’une couleur d’un mois d’août. Elle est faite du pressentiment que l’on vivra toujours, dans l’instant même où l’on vit. L’amour de soi est le premier tressaillement du Dieu dans la jubilation d’un cœur. La douceur de vivre est l’avancée d’une vie éternelle dans la vie d’aujourd’hui.
On pourrait en rester là. Il pourrait en rester là, à ce tressaillement et à cette avancée. Mais ce serait compter sans les événements qui sont la main de Dieu posée sur notre main, modifiant imperceptiblement l’écriture de la page, le dessin d’une vie.

(CHRISTIAN BOBIN, Le Très-Bas, Coll. L’un et l’autre, dirigée par J.-B. Pontalis, Éditions Gallimard, 1992, p. 45)










 24 janvier

Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être,
mais le devenir d’abord,
alors on le sera appelé avec plus de vérité.
(Règle de Saint Benoît 4,62)



La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Le bavard aime le mensonge. Son grand plaisir est de parler. Peu importe ce qu’il dit, pourvu qu’il parle. Pareil homme ne peut marcher droit.
À quoi reconnaître le serviteur de Dieu ? Il aime mieux écouter que parler, selon qu’il est écrit : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler » (Jc 1,19). Autant que possible, il désire ne pas être obligé de parler ni d’enseigner.
En ce moment où je vous parle, je crois qu’il serait préférable que tous nous soyons instruits et que personne n’eût à enseigner les autres, en sorte qu’il n’y eût ni prédicateurs ni auditeurs, mais que tous nous écoutions celui à qui il est dit : « Tu rempliras mon oreille de joie et d’allégresse » (Ps 50,12).
Mets ta joie à écouter Dieu, que seule la nécessité te fasse parler et tu ne ressembleras pas à cet homme que la démangeaison de parler empêche de marcher droit sur la terre. Pourquoi ce besoin de parler, cette difficulté à écouter ? Tu sors toujours de toi, et tu redoutes d’y rentrer. Car celui qui t’instruit est au-dedans de toi ; quand tu instruis, tu sors de toi pour aller vers ceux du dehors. C’est au-dedans de notre cœur que nous entendons la vérité, c’est à ceux qui sont hors de notre cœur que nous parlons. Que les joies intérieures fassent nos délices, ne nous livrons à l’extérieur que par nécessité. 

(SAINT AUGUSTIN, PSAUME 139 – « Le grand parleur ne marchera pas droit sur la terre » [Ps 139,15], dans : SAINT AUGUSTIN PRIE LES PSAUMES – Textes choisis et traduits par A.-G. Hamman, p. 229)