1 septembre

Qu’en tout Dieu soit glorifié.

(Règle de Saint Benoît 57,8)




La Règle de Saint Benoît...

RB Prol 1-7 (Prologue)

¹Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l'oreille de ton cœur. Reçois volontiers l'enseignement d'un si bon père et mets-le en pratique, ²afin de retourner par l'exercice de l'obéissance à celui dont t'avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. ³C'est à toi donc maintenant que s'adresse ma parole, à toi, qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres et prends les fortes et nobles armes de l'obéissance, afin de combattre pour le Seigneur Christ, notre véritable Roi. ⁴Avant tout, demande-lui par une très instante prière qu'il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes; ⁵ainsi, après avoir daigné nous admettre au nombre de ses enfants, il n'aura pas sujet, un jour, de s'affliger de notre mauvaise conduite. ⁶Car, en tout temps, il faut avoir un tel soin d'employer à son service les biens qu'il a mis en nous, que non seulement il n'ait pas lieu, comme un père offensé, de priver ses fils de leur héritage, ⁷mais encore qu'il ne soit pas obligé, comme un maître redoutable et irrité de nos méfaits, de nous livrer à la punition éternelle, tels de très mauvais serviteurs qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.


St. Benoît - E. Weinert


... pour chaque jour

Voici quel est le chemin, mes bien-aimés, par lequel nous avons trouvé le salut : Jésus Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le protecteur et le soutien de notre faiblesse.

Par lui nous fixons nos regards sur les hauteurs des cieux ; par lui nous contemplons comme dans un miroir le visage pur et sublime du Père ; par [lui se sont ouverts les yeux de notre cœur ; par lui notre intelligence bornée et ténébreuse s'épanouit à la lumière ; par lui, le Maître qui a voulu nous faire goûter la connaissance immortelle, lui qui est lumière éclatante de la gloire du Père, […] placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs. […]

Servons en soldats, mes frères, de toute notre ardeur, sous les commandements de ce chef irréprochable. Considérons les soldats qui servent sous nos chefs : avec quelle discipline, quelle docilité, quelle soumission ils exécutent les ordres qui leur sont donnés ! Tous ne sont pas commandants en chef, ni chefs de mille, de cent ou de cinquante hommes, et ainsi de suite : chacun à son poste exécute ce que lui prescrivent le roi ou les chefs. Les grands ne peuvent rien faire sans les petits, ni les petits sans les grands : en toutes choses ils sont mélangés, et c'est ainsi qu'ils sont efficaces.

Prenons l'exemple de notre corps : la tête n'est rien sans les pieds, et de même les pieds ne sont rien sans la tête. Les moindres de nos membres sont nécessaires et bienfaisants pour le corps entier; et même, tous servent le salut du corps entier en collaborant dans une soumission qui les unifie.

Assurons donc le salut du corps entier que nous formons dans le Christ Jésus, et que chacun se soumette à son prochain, selon le charisme que celui-ci a reçu.

Que le fort se préoccupe du faible, que le faible respecte le fort ; que le riche subventionne le pauvre, que le pauvre rende grâce à Dieu qui lui a donné quelqu'un pour compenser son indigence. Que le sage montre sa sagesse non par des paroles, mais par de bonnes actions ; que l'humble ne se rende pas témoignage à lui-même, mais qu'il en laisse le soin à un autre. Que celui qui est chaste dans sa chair ne s'en vante pas, sachant que c'est un autre qui lui accorde la continence.

Songeons donc, mes frères, de quelle matière nous sommes nés ; qu'étions-nous donc, quand nous sommes entrés dans le monde ? À partir de quel tombeau, de quelle obscurité, celui qui nous a façonnés et créés nous a-t-il introduits dans ce monde qui lui appartient ? Car il avait préparé ses bienfaits avant même notre naissance. Puisque nous tenons de lui tout cela, nous devons lui rendre grâce pour tout. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

(Clément de Rome, Lettre aux Corinthiens)








31 août 


Tous les hôtes qui arrivent 
seront reçus comme le Christ… 

(Règle de Saint Benoît 53,1)




La Règle de Saint Benoît...

RB 73,1-9 (Toute la pratique de la justice n'est pas contenue dans cette règle)

¹Cette Règle, que nous venons d'écrire, il suffira de l'observer dans les monastères pour faire preuve d'une certaine rectitude morale et d'un commencement de vie monastique. ²Quant à celui qui aspire à la vie parfaite, il a les enseignements des saints Pères, dont la pratique amène l'homme jusqu'aux sommets de la perfection. ³Est-il, en effet, une page, est-il une parole d'autorité divine, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une règle toute droite pour la conduite de notre vie ? ⁴Ou encore, quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous enseigne le droit chemin pour parvenir à notre Créateur ? ⁵Et de même, les Conférences des Pères, leurs Institutions et leurs Vies ainsi que la Règle de notre Père saint Basile, ⁶sont-elles autre chose que des instruments de vertus pour moines vraiment bons et obéissants ? ⁷Il y a là pour nous, relâchés, inobservants et négligents, de quoi rougir de confusion. ⁸Qui donc que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis, avec l'aide du Christ, cette toute petite Règle, écrite pour les débutants. ⁹Cela fait, tu parviendras avec la protection de Dieu, aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus, que nous venons de rappeler. Amen.



... pour chaque jour

    Trois choses caractérisent la vie du chrétien : l'action, la parole, la pensée. Parmi elles, la principale est la pensée. Après la pensée, vient la parole, qui révèle par les mots la pensée imprimée dans l'âme. Après l'esprit et le langage, vient l'action, qui met en œuvre ce que l'on a pensé. Lorsque l'une de ces trois choses nous dirige dans le cours de la vie, il est bien que tout : parole, action et pensée, soit divinement réglé selon les connaissances qui permettent de comprendre et de nommer le Christ, afin que notre action, notre parole ou notre pensée ne s'écartent pas de ce que ces noms signifient.
    Que doit faire celui qui a obtenu de porter le nom magnifique du Christ ? Rien d'autre que d'examiner en détail ses pensées, ses paroles et ses actions : est-ce que chacune d'elles tend vers le Christ, ou bien s'éloigne de lui ? Cet examen se fait de multiples façons. Les actes, les pensées ou les paroles qui entraînent une passion quelconque, tout cela n'est aucunement en accord avec le Christ, mais porte l'empreinte de l'Adversaire, lui qui plonge les perles de l'âme dans le bourbier des passions, et fait disparaître l’éclat de la pierre précieuse.
      Au contraire, ce qui est exempt de toute disposition due à la passion regarde vers le chef de la paix spirituelle, qui est le Christ. C'est en lui, comme à une source pure et incorruptible, que l'on puise les connaissances qui conduisent à ressembler au modèle primordial ; ressemblance pareille à celle qui existe entre l'eau et l'eau, entre l'eau qui jaillît de la source et celle qui de là est venue dans l’amphore. 
     En effet, c'est par nature la même pureté que l'on voit dans le Christ, et chez celui qui participe au Christ. Mais chez le Christ elle jaillit de la source, et celui qui participe du Christ puise à cette source et fait passer dans la vie la beauté de telles connaissances. C'est ainsi que l'on voit l'homme caché concorder avec l'homme apparent, et qu'un bel équilibre de vie s'établit chez ceux que dirigent les pensées qui poussent à ressembler au Christ. 
    À mon avis, c'est en cela que consiste la perfection de la vie chrétienne : obtenir en partage tous les noms qui détaillent la signification du nom du Christ, par notre âme, notre parole et les activités de notre vie.

(Saint Grégoire de Nysse, Sur la perfection chrétienne)









30 août

… Attendre la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.

(Règle de Saint Benoît 49,7)




La Règle de Saint Benoît...

RB 72,1-12 (Le bon zèle que doivent avoir les moines)

¹Il est un mauvais zèle, un zèle amer, qui sépare de Dieu et mène à l'enfer. ²De même, il est un bon zèle qui sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle. ³C'est ce zèle que les moines pratiqueront avec un très ardent amour : ⁴ils s'honoreront mutuellement avec prévenance ; ⁵ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d'autrui, tant physiques que morales ; ⁶ils s'obéiront à l'envi ; ⁷nul ne recherchera ce qu'il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l'est pour autrui ; ⁸ils s'accorderont une chaste charité fraternelle ; ⁹ils craindront Dieu avec amour ; ¹⁰ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble ; ¹¹ ils ne préfèreront absolument rien au Christ ; ¹²qu'Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle !




... pour chaque jour

Jésus a besoin d’être aimé. Il a besoin de se savoir aimé. C’est humain, dira-t-on. C’est d’autant plus vrai que ce Jésus qui pose la question est le Jésus ressuscité. La référence à son humanité est d’autant plus forte, faudra-t-il dire. Ce n’est pas sans intérêt de constater que Jésus ressuscité s’est beaucoup servi de son corps pour dire : c’est bien moi. Ses mains, ses pieds, son appétit. Peut-être pouvons-nous mettre en parallèle le fait qu’il se montre désireux d’être aimé. Un peu comme s’il disait : voyez, j’ai aussi un cœur, une sensibilité, j’ai aussi besoin d’être aimé.
Y a-t-il meilleure preuve pour se montrer vivant ? Et l’insistance, avec trois reprises de la même question, fait aussi partie de cette volonté de se montrer vivant. Tu sais bien que je t’aime, dira Pierre devant tant d’insistance. Tu sais bien que je te crois vivant, tu sais bien que je te crois revenu de ton épreuve pour rester de nouveau avec nous. Pais mes brebis, dira Jésus. Sois auprès d’elles le garant que je suis vivant, sois auprès d’elles le garant de la vie de Dieu. Et fais en sorte que je sois aimé par ces brebis que je te confie.

(P. Nicolas Dayez, Homélie du vendredi de la 7e semaine de Pâques, Jean 21,15-19, Maredsous, 21 mai 2021)








29 août

La vie d’un moine devrait être, 
en tout temps,  
aussi observante que durant le Carême. 

(Règle de Saint Benoît 49,1)




La Règle de Saint Benoît...

RB 71,1-9 (Que les frères s'obéissent mutuellement)

¹Ce n'est pas seulement à l'abbé que tous les frères doivent rendre le bien de l'obéissance; il faut encore qu'ils s'obéissent les uns aux autres. ²Ils sauront que c'est par cette voie de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. ³Plaçant avant tout les ordres de l'abbé et ceux des responsables qu'il a établis - ordres auxquels nous ne permettons pas de préférer les directives d'origine privée - ⁴tous les jeunes obéiront pour le reste à leurs anciens, en toute charité et empressement. ⁵S'il se rencontre quelqu'un qui ait l'esprit de contestation, il sera châtié. ⁶Lorsqu'un frère est repris par l'abbé ou par un supérieur quelconque en n'importe quelle manière, et pour une cause même de peu d'importance, ⁷s'il s'aperçoit alors tant soit peu que l'esprit de ce supérieur est irrité ou ému contre lui, fût-ce légèrement, ⁸il se prosternera aussitôt sans tarder par terre, à ses pieds, pour faire satisfaction jusqu'à ce que la bénédiction qu'on lui donnera ait fait connaître que l'émotion est calmée. ⁹Si quelqu'un dédaigne d'en agir ainsi, il sera soumis à un châtiment corporel, et, s'il demeure opiniâtre, il sera expulsé du monastère.




... pour chaque jour

Obéir, c’est incarner la sagesse de l’amour. Hors de cette perspective, l’obéissance chrétienne n’existe pas. Vécue au cœur des relations interpersonnelles souvent tendues et mouvementées, elle se révèle véritablement médiatrice, rejoignant, par la pratique du dialogue, les requêtes les plus urgentes de la vie en société. Ainsi, tout geste humain d’arrachement à soi et d’ouverture à l’autre communie à la sagesse divine qui gouverne le monde. La véritable obéissance « pour l’amour de Dieu » engendre la paix.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « OBÉIR, UNE SAGESSE ? ‘… ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ…’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 3, Saint-Léger éditions, 2017, p. 73.)








 

28 août

Que tout se fasse avec modération, 
par égard pour les faibles. 

(Règle de Saint Benoît 48,9)




La Règle de Saint Benoît...

RB 70,1-7 (Que nul ne se permette de frapper à tout propos)

¹Il faut éviter dans le monastère toute occasion de présomption ; ²aussi ordonnons-nous qu'il ne sera permis à personne d'excommunier ou de frapper l'un de ses frères, à moins qu'il n'en ait reçu pouvoir de l'abbé. ³Ceux qui commettront des fautes seront repris devant tout le monde, afin que les autres en conçoivent de la crainte. ⁴Les enfants, jusqu'à l'âge de quinze ans, seront sous la garde et la surveillance de tous les frères ; ⁵mais cette vigilance s'exercera avec mesure et intelligence. ⁶Quant à celui qui se permettrait, sans l'ordre de l'abbé, de réprimander de façon quelconque des frères plus âgés, ou qui s'emporterait contre des enfants sans discrétion, il serait soumis à la discipline régulière, ⁷ car il est écrit: « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. »



... pour chaque jour

Contre un Ancien n’accepte pas d’accusation, sauf s’il y a deux ou trois témoins. Ceux qui commettent des péchés, reprends-les devant tout le monde, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. Devant Dieu et le Christ Jésus et devant les anges que Dieu a choisis, je te le demande solennellement : garde ces règles sans parti pris, et ne fais rien par favoritisme.

(I Timothée 5,19-21 – La Bible – AELF)










 

27 août

C’est alors qu’ils seront vraiment moines, 
lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains…

(Règle de Saint Benoît 48,8)




La Règle de Saint Benoît...

RB 69,1-4 (Que nul dans le monastère ne se permette d'en défendre un autre)

¹Il faut veiller à ce que personne, en aucune circonstance, dans le monastère, ne se permette de défendre un autre moine, ou de lui servir comme de protecteur, ²et cela, quel que soit le degré de parenté qui les unisse. ³Les moines ne se le permettront d'aucune manière, car il peut en résulter de très graves occasions de conflits. ⁴Si quelqu'un transgresse cette défense, on le punira très sévèrement.




... pour chaque jour

C’est un bien en soi, un bien de liberté, par lequel celui qui obéit échappe aux chaînes de son égoïsme, de son affectivité, de ses préférences ou de ses allergies émotionnelles, pour aimer Dieu et tous ses frères. On devine qu’un tel élargissement de l’obéissance, bien au-delà de ce qui touche aux relations verticales, ne la rend pas plus facile…, justement parce qu’elle n’engage rien d’autre que la seule liberté.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « OBÉIR, UNE SAGESSE ? ‘… ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ…’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 3, Saint-Léger éditions, 2017, p. 61-62.)




   





26 août

Les frères doivent consacrer 
certaines heures au travail des mains 
et d’autres à la lecture des choses divines. 

(Règle de Saint Benoît 48,1)


La Règle de Saint Benoît...

RB 68,1-5 (Si l'on enjoint à un frère des choses impossibles)

¹Si l'on enjoint à un frère des choses difficiles ou impossibles, il recevra en toute mansuétude et obéissance le commandement qui lui est fait. ²Cependant, s'il estime que le poids du fardeau dépasse entièrement la mesure de ses forces, il représentera au supérieur les raisons de son impuissance, avec patience et à propos, ³sans témoigner ni orgueil, ni résistance, ni contradiction. ⁴Que si après cette représentation le supérieur maintenait son ordre, l'inférieur se persuadera que la chose lui est avantageuse, ⁵et il obéira par amour, en mettant sa confiance dans l'aide de Dieu.




... pour chaque jour

En obéissant à la vérité, vous avez purifié vos âmes pour vous aimer sincèrement comme des frères ; aussi, d’un cœur pur, aimez-vous intensément les uns les autres, car Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure. C’est pourquoi il est écrit : Toute chair est comme l’herbe, toute sa gloire, comme l’herbe en fleur ; l’herbe se dessèche et la fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure pour toujours. Or, cette parole est celle de la Bonne Nouvelle qui vous a été annoncée.

(I Pierre 1,22-25 – La Bible – AELF)








  

25 août 

On ne préférera donc rien à l’Œuvre de Dieu.

(Règle de Saint Benoît 43,3)




La Règle de Saint Benoît...

RB 67,1-7 (Des frères que l'on envoie en voyage)

¹Les frères qui doivent aller en voyage se recommanderont à la prière de tous les frères et de l'abbé. ²Après la dernière oraison de l'Œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents. ³En rentrant de voyage, le jour même de leur retour, les frères se prosterneront à terre dans l'oratoire à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'Œuvre de Dieu. ⁴Ils demanderont les prières de tous, à cause des écarts qu'ils auraient pu commettre en voyage, par leurs regards, ou en écoutant de mauvaises choses ou de vains propos. ⁵Personne ne se permettra de rapporter sans discernement à autrui ce qu'il aurait vu ou entendu hors du monastère, car cela produit de très grands dégâts. ⁶Celui qui oserait le faire sera soumis à la correction régulière. ⁷De même celui qui se permettrait de sortir de l'enceinte du monastère, ou d'aller n'importe où, ou de faire quoi que ce soit, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.




... pour chaque jour

Aujourd’hui, les relations avec l’extérieur sont loin de supposer toujours des sorties ; elles passent bien davantage par les moyens modernes de communication. « Mauvaises choses ou vains propos » peuvent nous rejoindre partout. Dès lors, chacun, qu’il soit moine ou non, demandera à Dieu dans la prière qu’il lui octroie cette sagesse dont la figure du portier est comme l’icône ; sagesse d’un homme de foi, converti par l’Évangile, « toujours présent », disponible, libre de tout parce que bien attaché à Dieu ; rempli de la « ferveur de la charité », plein de « mansuétude » ou de douceur envers tous, surtout les pauvres ; homme unifié enfin, capable de recevoir et de transmettre la parole sans la retenir, la détourner, ni la corrompre, homme d’espérance, empressé dans l’attente de la vie éternelle. Un tel homme est « habité », il tient son cœur dans un si profond silence que les bruits ne peuvent pas l’atteindre, ni la dispersion le menacer. Comment ne pas désirer pour soi-même une telle sagesse et tenter de la mettre en pratique ?

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « SILENCE ET ASCÈSE, ‘En tout temps comme en Carême’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 4, Saint-Léger éditions, 2017, p. 39-40.)








24 août


Les moines doivent s’appliquer au silence en tout temps…

(Règle de Saint Benoît 42,1)




La Règle de Saint Benoît...

RB 66,1-8 (Les portiers du monastère)

¹À la porte du monastère on placera un sage vieillard, qui sache recevoir et rendre un message, et dont la maturité le préserve de toute oisiveté. ²Le portier devra avoir sa cellule près de la porte, afin que ceux qui viennent trouvent toujours à qui parler. ³Et aussitôt qu'on aura frappé ou qu'un pauvre aura appelé, il répondra Deo gratias ou Benedic. ⁴Puis, avec toute la mansuétude que donne la crainte de Dieu, il s'empressera de donner réponse avec une charité fervente. ⁵Si le portier a besoin d'aide, on lui donnera un frère plus jeune. ⁶Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire: de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture. ⁷De la sorte les moines n'auront pas besoin de se disperser au-dehors, ce qui n'est pas du tout avantageux pour leurs âmes. ⁸Et nous voulons que cette Règle soit lue souvent en communauté afin qu'aucun frère ne s'excuse sous prétexte d'ignorance.




... pour chaque jour

(…) la figure du portier apparaît comme un fruit mûr, porté par la sagesse de la vie monastique. Ses traits brossent un portrait impressionnant et significatif du moine arrivé en fin de parcours, épanoui dans sa longue recherche de l’unique nécessaire, bien qu’il soit particulièrement exposé à la nécessité de rompre le silence.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « SILENCE ET ASCÈSE, ‘En tout temps comme en Carême’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 4, Saint-Léger éditions, 2017, p. 29.)








23 août

 

On servira les malades
comme s’ils étaient le Christ en personne
puisqu’il a été dit :
« J’ai été malade et vous m’avez visité ».

(Règle de Saint Benoît 36,2)




La Règle de Saint Benoît...

RB 65,11-22 (Le prieur du monastère)

 

¹¹C'est pourquoi nous jugeons que, pour conserver la paix et la charité, il faut que le gouvernement de son monastère dépende entièrement de l'abbé. ¹²Si faire se peut, toute la marche du monastère sera assurée par des doyens, et cela selon les ordres de l'abbé, comme nous l'avons déjà dit. ¹³Les charges étant confiées à plusieurs, un seul n'aura pas l'occasion de s'enorgueillir. ¹⁴Si toutefois le lieu rend un prieur désirable, ou si la communauté le demande pour un juste motif, et avec humilité, si l'abbé enfin le juge à propos, ¹⁵c'est ce dernier qui établira lui-même pour prieur celui qu'il aura choisi avec le conseil des frères craignant Dieu. ¹⁶Le prieur exécutera avec respect tout ce que son abbé lui prescrira, sans jamais contrevenir à sa volonté et à ses ordres. ¹⁷Car, plus il est élevé au-dessus des autres, plus il doit observer consciencieusement les préceptes de la Règle. ¹⁸Si ce prieur tombait dans quelque dérèglement, s'enflait d'orgueil, ou était convaincu de mépris pour la sainte Règle, on l'en reprendrait jusqu'à quatre fois. ¹⁹S'il ne s'amendait pas, on lui ferait subir la correction de la discipline régulière. ²⁰Si par ces moyens il ne se corrigeait pas encore, on le déposerait de son rang de prieur, et on mettrait à sa place un autre qui en fût digne. ²¹Enfin, si après tout cela, il ne se montrait pas tranquille et obéissant dans la communauté, on le chasserait du monastère. ²² Que l'abbé songe cependant qu'il doit rendre compte à Dieu de toutes ses décisions, de crainte que le feu de l'envie ou de la jalousie ne vienne à brûler son âme.




... pour chaque jour

Depuis un moment, vous pensez que nous vous présentons notre défense. Or, c’est devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons. Et tout cela, mes bien-aimés, c’est pour vous construire. Car je crains qu’en arrivant, je ne vous trouve pas comme je voudrais, et que vous ne me trouviez pas comme vous voudriez ; je crains qu’il n’y ait rivalité, jalousie, emportements, intrigues, médisance, dénigrement, insolence, désordre ; je crains qu’à mon arrivée mon Dieu ne m’humilie à nouveau devant vous, et que je n’aie à pleurer sur bien des gens qui ont été autrefois dans le péché et qui ne se sont pas repentis de l’impureté, de l’inconduite et de la débauche qu’ils ont pratiquées.

(II Corinthiens 12,19-22 – La Bible – AELF)








22 août

On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout.

(Règle de Saint Benoît 36,1)




La Règle de Saint Benoît...

RB 65,1-10 (Le prieur du monastère)

¹Bien souvent il arrive que l'établissement du prieur fasse naître de graves conflits dans les monastères. ²Il s'en trouve, en effet, qui, enflés d'un méchant esprit d'orgueil, s'imaginent être de seconds abbés, et qui, s'attribuant une autorité sans contrôle, entretiennent des conflits et causent des dissensions dans la communauté. ³Cela se produit surtout en ces lieux où le prieur est établi par le même évêque ou par les mêmes abbés que l'abbé lui-même. ⁴On voit aisément combien cette manière de faire est absurde. C'est elle, qui, dès le début de son institution, donne au prieur matière à s'enorgueillir. ⁵Elle lui suggère qu'il est soustrait au pouvoir de son abbé, ⁶puisque: « Toi aussi, se dira-t-il, tu as été établi par ceux-là mêmes qui ont institué l'abbé. » ⁷De là surgissent des jalousies, des conflits, des détractions, des rivalités, des cabales, les pires désordres. ⁸Or, si l'abbé et le prieur sont opposés de sentiments, il est impossible que, dans une telle discorde, leurs âmes ne se trouvent pas en danger. ⁹Ceux également qui vivent sous leur conduite, prenant partie pour l'un ou pour l'autre, vont à leur perte. ¹⁰De ce péril sont responsables au premier chef ceux qui se sont faits les auteurs d'un pareil dérèglement.




... pour chaque jour

Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.

(Lettre aux Galates 5,13-23 – La Bible – AELF)



 




 

21 août

On donnera des aides à ceux qui sont faibles,
afin qu’ils s’acquittent de leur tâche sans tristesse.

(Règle de Saint Benoît 35,3)




La Règle de Saint Benoît...

RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)

⁷L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. ⁸Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. ⁹Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements, il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour. » ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu'il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il observe tous les points de la présente Règle, ²¹afin qu'après avoir bien servi, il s'entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons : ²²« En vérité je vous le dis, le Maître l'établira sur tous ses biens. »




... pour chaque jour

Heureux les miséricordieux, dit le Seigneur : ils obtiendront miséricorde! La miséricorde n'est pas la moindre des béatitudes. Et encore : Heureux qui comprend le pauvre et le faible. Et aussi : L'homme bon compatit et partage. Ailleurs encore : Tout le jour le juste a pitié, il prête. Emparons-nous donc de cette béatitude, sachons comprendre, soyons bons.

La nuit elle-même ne doit pas arrêter ta miséricorde. Ne dis pas : Reviens demain matin et je te donnerai. Qu'il n'y ait pas d'intervalle entre le premier mouvement et le bienfait. La bienfaisance seule n'admet pas de délai. Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, et fais-le de bon cœur. Celui qui exerce la miséricorde, dit saint Paul, qu'il le fasse avec joie. Ton mérite est doublé par ta promptitude. Le don fait avec chagrin et par contrainte n'a ni grâce ni éclat. C'est avec un cœur en fête, non en se lamentant, qu’il faut faire le bien.

Si tu fais disparaître le joug, le geste de menace, dit le Prophète, c'est-à-dire si tu abandonnes l'avarice, la méfiance, si tu cesses d'hésiter et de grogner, qu'arrivera-t-il ? Quelque chose de grand et d'étonnant, une magnifique récompense : Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement. Et y a-t-il quelqu'un qui ne désire la lumière et la guérison ?

C'est pourquoi, si vous voulez bien m'en croire, serviteurs du Christ, ses frères et ses cohéritiers, tant que nous en avons l'occasion, visitons le Christ, nourrissons le Christ, habillons le Christ, recueillons le Christ, honorons le Christ. Non seulement en l'invitant à table, comme quelques-uns l'ont fait, ou en le couvrant de parfums, comme Marie Madeleine, ou en participant à sa sépulture, comme Nicodème, qui n'était qu'à moitié l'ami du Christ. Ni enfin avec l'or, l'encens et la myrrhe, comme les mages l'ont fait avant tous ceux que nous venons de citer.

Le Seigneur de l'univers veut la miséricorde et non le sacrifice, et notre compassion plutôt que des milliers d'agneaux engraissés. Présentons-lui donc notre miséricorde par les mains de ces malheureux aujourd'hui gisant sur le sol, afin que, le jour où nous partirons d'ici, ils nous introduisent aux demeures éternelles, dans le Christ lui-même, notre Seigneur, à qui appartient la gloire pour les siècles. Amen.

(Saint Grégoire de Nazianze, Sur les Béatitudes)