1 janvier


Ecoute, mon fils, et prête l’oreille de ton cœur…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 1)



La Règle de Saint Benoît…

RB Prologue 1-7

¹Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l'oreille de ton cœur. Reçois volontiers l'enseignement d'un si bon père et mets-le en pratique, ²afin de retourner par l'exercice de l'obéissance à celui dont t'avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. ³C'est à toi donc maintenant que s'adresse ma parole, à toi, qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres et prends les fortes et nobles armes de l'obéissance, afin de combattre pour le Seigneur Christ, notre véritable Roi. Avant tout, demande-lui par une très instante prière qu'il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes; ainsi, après avoir daigné nous admettre au nombre de ses enfants, il n'aura pas sujet, un jour, de s'affliger de notre mauvaise conduite. Car, en tout temps, il faut avoir un tel soin d'employer à son service les biens qu'il a mis en nous, que non seulement il n'ait pas lieu, comme un père offensé, de priver ses fils de leur héritage, mais encore qu'il ne soit pas obligé, comme un maître redoutable et irrité de nos méfaits, de nous livrer à la punition éternelle, tels de très mauvais serviteurs qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.

Ms Abbaye de Maredret


… pour chaque jour

Ceux qui ont été dignes de devenir fils de Dieu et de renaître de l'Esprit Saint, qui ont en eux-mêmes le Christ pour les éclairer et les réconforter, sont guidés par l'Esprit Saint selon des voies diverses et variées ; invisiblement, dans leur cœur, ils sont animés par la grâce en demeurant dans le repos spirituel.
Parfois ils sont comme plongés dans le deuil et l'affliction pour le genre humain, ils répandent des prières pour toute l'humanité, ils se livrent à la tristesse et aux larmes, parce que l'Esprit les embrase d'amour pour tous les hommes.
D'autres fois, l'Esprit fait brûler en eux tant d'exaltation et d'amour que, si c'était possible, ils enfermeraient dans leur cœur tous les hommes, sans distinction de bien ou de mal. D'autres fois, ils s'abaissent plus bas que tous les autres dans l'humilité de l'Esprit, au point de s'estimer les derniers et les moindres de tous. D'autres fois, ils demeurent dans une joie inexprimable sous l'action de l'Esprit.
D'autres fois, ils sont comme un vaillant héros qui revêt l'armure royale, se porte au combat, lutte courageusement contre les ennemis et remporte la victoire. C'est ainsi que l'homme spirituel prend les armes célestes de l'Esprit, assaille les ennemis, leur livre combat et les met sous ses pieds.
Parfois, l'âme se repose dans un profond silence, dans le calme et la paix, ne connaît que la jouissance spirituelle, un repos et une plénitude inexprimables. Parfois, la grâce l'établit dans une compréhension et une sagesse sans pareille, dans une profonde connaissance, par l'Esprit, sur les mystères que ni la langue ni la bouche ne peuvent déclarer. Parfois, il devient comme un homme quelconque.
C'est ainsi que, chez de tels hommes, la grâce produit des effets variés et conduit l'âme par des chemins divers, la réconforte selon la volonté de Dieu, l'exerce de toutes sortes de manières, pour la ramener parfaite, irréprochable et pure, devant le Père du ciel.
Prions Dieu, nous aussi, prions avec amour et beaucoup d'espérance, qu'il nous accorde la grâce céleste du don de l'Esprit, qu'il nous guide afin que nous accomplissions la volonté de Dieu ; qu'il nous ranime par toute la richesse de son réconfort. Ainsi, par la grâce de cette direction, de cet exercice et de ce progrès spirituels, nous deviendrons dignes de parvenir à la perfection de la plénitude du Christ, selon la parole de l'Apôtre : Vous serez comblés et vous entrerez dans toute sa plénitude. 

(Homélie du IVe siècle)





















 31 décembre

On donnera des aides à ceux qui sont faibles,
afin qu’ils s’acquittent de leur tâche sans tristesse.
(Règle de Saint Benoît 35,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 73,1-9 (Toute la pratique de la justice n'est pas contenue dans cette règle)

¹Cette Règle, que nous venons d'écrire, il suffira de l'observer dans les monastères pour faire preuve d'une certaine rectitude morale et d'un commencement de vie monastique. ²Quant à celui qui aspire à la vie parfaite, il a les enseignements des saints Pères, dont la pratique amène l'homme jusqu'aux sommets de la perfection. ³Est-il, en effet, une page, est-il une parole d'autorité divine, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une règle toute droite pour la conduite de notre vie ? Ou encore, quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous enseigne le droit chemin pour parvenir à notre Créateur ? Et de même, les Conférences des Pères, leurs Institutions et leurs Vies ainsi que la Règle de notre Père saint Basile, sont-elles autre chose que des instruments de vertus pour moines vraiment bons et obéissants ? Il y a là pour nous, relâchés, inobservants et négligents, de quoi rougir de confusion. Qui donc que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis, avec l'aide du Christ, cette toute petite Règle, écrite pour les débutants. Cela fait, tu parviendras avec la protection de Dieu, aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus, que nous venons de rappeler. Amen.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Et maintenant tout va vite. Quelques années qui passent comme la lumière, comme l’eau, comme le vent. Il écrit pour ses disciples une règle de vie. Elle est simple : jubilation de l’âme, insouciance du lendemain, attention pleine à toutes vies. Jouissance de ne tenir à rien, merveille de toutes présences.

(CHRISTIAN BOBIN, Le Très-Bas, Coll. L’un et l’autre, dirigée par J.-B. Pontalis, Éditions Gallimard, 1992, p. 122-123)









 30 décembre

Les frères se serviront mutuellement.
Personne ne sera dispensé du service de la cuisine,
sinon pour cause de maladie
ou pour quelque occupation de grande utilité.
(Règle de Saint Benoît 35,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 72,1-12 (Le bon zèle que doivent avoir les moines)

¹Il est un mauvais zèle, un zèle amer, qui sépare de Dieu et mène à l'enfer. ²De même, il est un bon zèle qui sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle. ³C'est ce zèle que les moines pratiqueront avec un très ardent amour : ils s'honoreront mutuellement avec prévenance; ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d'autrui, tant physiques que morales ; ils s'obéiront à l'envi ; nul ne recherchera ce qu'il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l'est pour autrui ; ils s'accorderont une chaste charité fraternelle ; ils craindront Dieu avec amour ; ¹⁰ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble ; ¹¹ils ne préfèreront absolument rien au Christ ; ¹²qu'Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle !


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. Ne brisez pas l’élan de votre générosité, mais laissez jaillir l’Esprit ; soyez les serviteurs du Seigneur. Aux jours d’espérance, soyez dans la joie ; aux jours d’épreuve, tenez bon ; priez avec persévérance.

(Romains 12,9-12 – La Bible – AELF)












 29 décembre

Avant tout que jamais n’apparaisse le vice du murmure,
pour quelque raison que ce soit,
ni en paroles, ni en un signe quelconque.
(Règle de Saint Benoît 34,6)



La Règle de Saint Benoît…

RB 71,1-9 (Que les frères s'obéissent mutuellement)

¹Ce n'est pas seulement à l'abbé que tous les frères doivent rendre le bien de l'obéissance; il faut encore qu'ils s'obéissent les uns aux autres. ²Ils sauront que c'est par cette voie de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. ³Plaçant avant tout les ordres de l'abbé et ceux des responsables qu'il a établis -ordres auxquels nous ne permettons pas de préférer les directives d'origine privée - tous les jeunes obéiront pour le reste à leurs anciens, en toute charité et empressement. S'il se rencontre quelqu'un qui ait l'esprit de contestation, il sera châtié. Lorsqu'un frère est repris par l'abbé ou par un supérieur quelconque en n'importe quelle manière, et pour une cause même de peu d'importance, s'il s'aperçoit alors tant soit peu que l'esprit de ce supérieur est irrité ou ému contre lui, fût-ce légèrement, il se prosternera aussitôt sans tarder par terre, à ses pieds, pour faire satisfaction jusqu'à ce que la bénédiction qu'on lui donnera ait fait connaître que l'émotion est calmée. Si quelqu'un dédaigne d'en agir ainsi, il sera soumis à un châtiment corporel, et, s'il demeure opiniâtre, il sera expulsé du monastère.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

L’obéissance, qui se joue en présence de Dieu, crée entre ses partenaires une sorte de connivence. Elle implique de la part de celui qui obéit non pas une soumission servile mais plutôt, enracinée dans le renoncement à soi, une sorte de compassion envers celui qui se trouve en situation d’autorité. Le renoncement à la volonté propre est tout aussi important, et plus difficile encore, pour celui qui commande que pour celui qui obéit, pour le plus ancien que pour le plus jeune. Qui aidera l’ancien à se libérer de soi et de ses passions ? Qui le désarmera, le dépossédera de lui-même quand il doit corriger ? Dieu, bien sûr, mais aussi Dieu présent dans le frère qui accueille la correction, même de peu d’importance, avec humilité. C’est pourquoi, si l’ancien est gagné par l’émotion ou l’irritation, la Règle suggère de lui opposer non pas la résistance mais la douceur. Et ceci non pas parce que les « jeunes » devraient toujours s’écraser devant les anciens ou parce qu’a priori ils auraient tort, mais parce que l’humilité du plus jeune prend le contrepied de la réaction naturelle qui répond à la colère par la colère. Elle humilie l’ancien en remettant la relation d’obéissance à son juste niveau : devant Dieu. Elle rétablit ainsi l’ordre des valeurs. Ni la volonté de l’ancien ni la soumission du plus jeune ne comptent, mais bien le fait que l’un et l’autre se tiennent devant Dieu dans l’humilité. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « OBÉIR, UNE SAGESSE ? ‘… ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ…’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 3, Saint-Léger éditions, 2017, p. 67-68.)










 28 décembre

Celui qui a besoin de moins,
rendra grâces à Dieu et ne s’attristera point ;
celui à qui il faut davantage,
s’humiliera et ne s’élèvera point
à cause de la miséricorde qu’on lui fait.
Ainsi tous les membres seront en paix.
(Règle de Saint Benoît 34,3-5)



La Règle de Saint Benoît…

RB 70,1-7 (Que nul ne se permette de frapper à tout propos)

¹Il faut éviter dans le monastère toute occasion de présomption ; ²aussi ordonnons-nous qu'il ne sera permis à personne d'excommunier ou de frapper l'un de ses frères, à moins qu'il n'en ait reçu pouvoir de l'abbé. ³Ceux qui commettront des fautes seront repris devant tout le monde, afin que les autres en conçoivent de la crainte. Les enfants, jusqu'à l'âge de quinze ans, seront sous la garde et la surveillance de tous les frères ; mais cette vigilance s'exercera avec mesure et intelligence. Quant à celui qui se permettrait, sans l'ordre de l'abbé, de réprimander de façon quelconque des frères plus âgés, ou qui s'emporterait contre des enfants sans discrétion, il serait soumis à la discipline régulière, car il est écrit: « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. »


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. Beaucoup sont haut placés et glorieux, mais c’est aux humbles que le Seigneur révèle ses secrets. Grande est la puissance du Seigneur, et les humbles lui rendent gloire.
Ne cherche pas ce qui est trop difficile pour toi, ne scrute pas ce qui est au-dessus de tes forces. Médite ce qu’on t’a prescrit : tu n’as pas à t’occuper des choses cachées. Ne sois pas curieux de ce qui te dépasse : déjà ce qu’on t’a enseigné est au-delà de l’esprit humain.
Leur présomption a égaré bien des gens, leur manque de jugement a fait dévier leurs pensées. 

(Siracide 3,17-24 – La Bible – AELF)










 27 décembre

Que tout soit commun à tous…
(Règle de Saint Benoît 33,6)



La Règle de Saint Benoît…

RB 69,1-4 (Que nul dans le monastère ne se permette d'en défendre un autre)

¹Il faut veiller à ce que personne, en aucune circonstance, dans le monastère, ne se permette de défendre un autre moine, ou de lui servir comme de protecteur, ²et cela, quel que soit le degré de parenté qui les unisse. ³Les moines ne se le permettront d'aucune manière, car il peut en résulter de très graves occasions de conflits. Si quelqu'un transgresse cette défense, on le punira très sévèrement.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Les préceptes du Seigneur sont droits, 
        ils réjouissent le cœur ; 
le commandement du Seigneur est limpide, 
        il clarifie le regard. 

La crainte qu'il inspire est pure, 
        elle est là pour toujours ; 
les décisions du Seigneur sont justes 
        et vraiment équitables 

plus désirables que l'or, 
        qu'une masse d'or fin, 
plus savoureuses que le miel 
        qui coule des rayons. 

Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m'échappent.

Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil :
qu'il n'ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d'un grand péché.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ;
qu'ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

(Psaume 18,9-15 – La Bible – AELF)








 26 décembre

Une bonne parole vaut mieux qu’un don excellent.
(Règle de Saint Benoît 31,14)



La Règle de Saint Benoît…

RB 68,1-5 (Si l'on enjoint à un frère des choses impossibles)

¹Si l'on enjoint à un frère des choses difficiles ou impossibles, il recevra en toute mansuétude et obéissance le commandement qui lui est fait. ²Cependant, s'il estime que le poids du fardeau dépasse entièrement la mesure de ses forces, il représentera au supérieur les raisons de son impuissance, avec patience et à propos, ³sans témoigner ni orgueil, ni résistance, ni contradiction. Que si après cette représentation le supérieur maintenait son ordre, l'inférieur se persuadera que la chose lui est avantageuse, et il obéira par amour, en mettant sa confiance dans l'aide de Dieu.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Ne te charge pas d’un fardeau trop pesant, ne t’associe pas à plus fort ou plus riche que toi. Comment au pot de terre associer le pot de fer ? Au premier choc, celui-là se brise.
Le riche commet une injustice, et c’est lui qui se fâche ! Le pauvre subit l’injustice, et il doit encore demander pardon. 

(Siracide 13,2-3 – La Bible – AELF)










 25 décembre

Chacun doit être traité
selon son âge et son degré d’intelligence.
(Règle de Saint Benoît 30,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 67,1-7 (Des frères que l'on envoie en voyage)

¹Les frères qui doivent aller en voyage se recommanderont à la prière de tous les frères et de l'abbé. ²Après la dernière oraison de l'Œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents. ³En rentrant de voyage, le jour même de leur retour, les frères se prosterneront à terre dans l'oratoire à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'Œuvre de Dieu. Ils demanderont les prières de tous, à cause des écarts qu'ils auraient pu commettre en voyage, par leurs regards, ou en écoutant de mauvaises choses ou de vains propos. Personne ne se permettra de rapporter sans discernement à autrui ce qu'il aurait vu ou entendu hors du monastère, car cela produit de très grands dégâts. Celui qui oserait le faire sera soumis à la correction régulière. De même celui qui se permettrait de sortir de l’enceinte du monastère, ou d'aller n'importe où, ou de faire quoi que ce soit, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Ce ne sont pas les rapports avec l’extérieur en tant que tels qu’il est nécessaire d’éviter, mais cette dispersion vaine qui guette le moine quand son cœur n’est pas bien « centré », habité par la présence de Dieu. Le moine mûr est celui qui ne se disperse pas. (…) Le moine mûr, apte à porter les contacts avec l’extérieur, est le moine unifié, centré sur l’Essentiel. Il est cet « homme sage » dont parle le Prologue (v.33), qui a bâti sa maison sur le roc, un homme solide, stable, bien fixé en Dieu. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « L’ART DE GOUVERNER, ‘Servir plutôt que commander’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 1, Saint-Léger éditions, 2017, p. 31.)










 24 décembre

Qu’il imite plutôt l’exemple de tendresse du bon Pasteur…
(Règle de Saint Benoît 27,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 66,1-8 (Les portiers du monastère)

¹À la porte du monastère on placera un sage vieillard, qui sache recevoir et rendre un message, et dont la maturité le préserve de toute oisiveté. ²Le portier devra avoir sa cellule près de la porte, afin que ceux qui viennent trouvent toujours à qui parler. ³Et aussitôt qu'on aura frappé ou qu'un pauvre aura appelé, il répondra Deo gratias ou Benedic. Puis, avec toute la mansuétude que donne la crainte de Dieu, il s'empressera de donner réponse avec une charité fervente. Si le portier a besoin d'aide, on lui donnera un frère plus jeune. Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire: de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture. De la sorte les moines n'auront pas besoin de se disperser au-dehors, ce qui n'est pas du tout avantageux pour leurs âmes. Et nous voulons que cette Règle soit lue souvent en communauté afin qu'aucun frère ne s'excuse sous prétexte d'ignorance.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

La transparence possible de la vieillesse. Il est des étapes de la vie qui n’ont de sens que par une ouverture à la transcendance. Ainsi l’enfance, si tourmentée par la finitude. Et toute fidélité, virginale ou nuptiale, qui déchiffre en Dieu le visage de l’autre, qui décèle en Christ le visage de Dieu. Mais surtout la vieillesse. Serait-elle libérée de la ségrégation qui la menace et déjà l’isole, serait-elle entourée de tendresse et de toute la diversité des âges et des conditions dans une vie communautaire retrouvée, si la mort n’est pas acceptée, transfigurée, la vieillesse n’a pas de sens. La vieillesse a besoin de sens, et non de prolongements mécaniques où la mort s’anticipe sans s’intérioriser. Seul un abandon confiant à la mort descellée par l’Amour peut donner au grand âge sa force de bénédiction. Sa gratuité et sa connivence avec l’enfance. Sinon, il n’y a que méchanceté jalouse devant la jeunesse des autres, mesquinerie qui monnaie en soucis, en menues obsessions, l’angoisse fondamentale, ou cette longue souffrance silencieuse, ces désespoirs cachés, ces suicides discrets parce que la vie tarit et qu’on n’a pas trouvé, dans le Souffle venu d’ailleurs, un autre souffle. 

(OLIVIER CLÉMENT, L’autre soleil – quelques notes d’autobiographie spirituelle, Desclée de Brouwer, 2010, p. 63-64)