1 décembre

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ…
(Règle de Saint Benoît 53,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 50,1-4 (Les frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage)

¹Les frères qui travaillent fort loin et qui ne peuvent revenir à l'oratoire aux heures voulues - ²l'abbé ayant jugé qu'il en est bien ainsi - ³accompliront l'Œuvre de Dieu sur place et à genoux, avec le respect dû à Dieu. De même, ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les Heures prescrites; ils les diront comme ils pourront, en leur particulier, et ne négligeront pas de s'acquitter de ce devoir de leur service.

… pour chaque jour

Sans manquer jamais de satisfaire à cette obligation du service sacré. Le moine doit-il sortir du monastère, il devra garder à l’extérieur sa mentalité de moine : préoccupation constante d’être l’homme de Dieu, l’homme de la prière, l’homme réservé, mis à part, qui a rompu avec l’esprit du monde et se trouve libéré, pour Dieu, des attaches et relations les plus légitimes. Nous avons fait profession de nous attacher à Dieu uniquement. C’est le moment d’être fidèles et de prouver à Dieu que nous sommes à Lui du fond du cœur. Ainsi, sortis de la clôture visible du monastère, nous garderons l’esprit de la clôture, qui est la pureté du cœur libre pour aimer. En dehors du monastère, un piège surtout nous guette : le prétexte de « ne pas choquer ». Cela peut nous mener loin. Il en est de même pour tout chrétien dans le monde. S’il redoute de ne pas être compris, il ira de concessions en concessions. Que restera-t-il à la fin ? Ne pas craindre de s’affirmer comme moine, même dans d’humbles détails, pourvu que ce ne soit pas par présomption, vaine gloire, originalité. Ce serait excellent, si nous pouvions nous comporter en dehors du monastère comme à l’intérieur de la clôture. Soyons généreux pour ne pas nous rechercher, mais chercher Dieu en tout.

Écoute, 1957

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.520)









 30 novembre

… Attendre la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
(Règle de Saint Benoît 49,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 49,1-10 (L'observance du Carême)

¹La vie d'un moine devrait être, en tout temps, aussi observante que durant le Carême. ²Mais, comme il en est peu qui possèdent cette perfection, nous exhortons tous les frères à vivre en toute pureté pendant le Carême, ³et à effacer, en ces jours sacrés, toutes les négligences des autres temps. Nous le ferons dignement, si nous nous préservons alors de tous les vices, si nous appliquons à la prière avec larmes, à la lecture, à la componction du cœur et au renoncement. En ces jours donc, ajoutons quelque chose à la tâche accoutumée de notre service: oraisons particulières, restriction dans les aliments et la boisson. Chacun offrira de sa propre volonté à Dieu, dans la joie du Saint-Esprit, quelque pratique surérogatoire; il retranchera à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les entretiens; et il attendra la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel. Chacun cependant soumettra à son abbé ce qu'il se propose d'offrir à Dieu et n'agira qu'avec sa prière et son approbation : car tout ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera imputé à présomption et à vaine gloire, non à mérite. ¹⁰Pourtant, tout doit se faire avec l'assentiment de l'abbé.

… pour chaque jour

Veux-tu renaître d’un vrai repentir ?
Ne crains pas de t’ouvrir
À la brûlure de l’Esprit,
Et tes cendres précaires
Deviendront braise
Pour t’éprendre d’un Dieu
Qui embrase la terre.

Veux-tu revivre par Lui et guérir ?
Ne crains pas de t’offrir
Au geste ferme du Potier :
En Ses mains ta poussière
Deviendra glaise,
L’œuvre même du Dieu
Qui façonne les siècles.

Veux-tu que germe ta gloire à venir ?
Ne crains pas de mourir
Au monde ancien, aux vains désirs,
Et la Grâce nouvelle
Deviendra sève
Pour qu’à l’heure de Dieu
Éclose ta lumière.

Ainsi soit-il.

(Frère GILLES BAUDRY osb [°1948 - …], Hymne pour le Mercredi des Cendres, Abbaye de Landévennec)


Le Grand Béguinage - Louvain







 29 novembre

La vie d’un moine devrait être, en tout temps,
aussi observante que durant le Carême.
(Règle de Saint Benoît 49,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,22-25 (Le travail manuel de chaque jour)

²²Le dimanche, tous vaqueront à la lecture, excepté ceux qui sont employés à divers offices. ²³Si toutefois quelqu'un était si négligent et paresseux qu'il ne voulût ou ne pût ni méditer ni lire, on l'appliquera à quelque travail, afin qu'il ne demeure pas oisif. ²⁴Quant aux frères malades ou délicats, on leur donnera tel ouvrage ou métier qui les garde de l'oisiveté, sans les accabler ni les porter à s'esquiver. ²⁵L'abbé doit avoir leur faiblesse en considération.

… pour chaque jour

Le dimanche, tous vaqueront. Saint Benoît nous invite à vaquer le dimanche à la prière et à la lecture. Le dimanche est ainsi une journée où l’on s’efforcera de ne pas quitter le Christ, de demeurer avec Lui. Mais pourquoi limiterions-nous cet effort et ce désir au dimanche ? Qu’est-ce que la vie contemplative, à laquelle nous avons été appelés, sinon la vie avec Jésus ressuscité et assis auprès du Père, la vie en Lui ? Puisque c’est notre vocation, nous devons y parvenir : que chacun, pour sa part, tenant compte de son tempérament qu’il connaît, des grâces qui lui ont été faites, s’ingénie à ne pas quitter le Christ, par des moyens très humbles, des industries très simples, mais qui précisément sont pour nous nécessité de vie. Si nous sommes fidèles à cet appel intérieur, la joie et l’action de grâces fuseront de plus en plus de nos vies : comment le moine, habitué à demeurer en Jésus, ne serait-il pas tout reconnaissance, toute paix ? Notre part est belle.

Écoute, 1967

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.509)


Le Béguinage - Bruges







 28 novembre

Que tout se fasse avec modération, par égard pour les faibles. 
(Règle de Saint Benoît 48,9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,10-21 (Le travail manuel de chaque jour)

¹⁰À partir du 13 septembre jusqu'au commencement du Carême, les frères vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure ; ¹¹puis on dira Tierce. Ensuite, ils travailleront jusqu'à la neuvième heure à l'ouvrage qui leur aura été enjoint. ¹²Au premier coup de None, ils quitteront tous leur travail de façon à être prêts quand le second coup sonnera. ¹³Après le repas, ils s'appliqueront à leurs lectures ou à l'étude des psaumes. ¹⁴Durant tout le Carême, ils s'appliqueront à la lecture depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure; ils feront ensuite jusqu'à la dixième heure entière le travail qui leur a été enjoint. ¹⁵En ces jours de Carême, chacun recevra un livre tiré de la bibliothèque, qu'il lira à la suite et en entier. ¹⁶Ces livres seront distribués au début du Carême. ¹⁷On ne manquera pas de nommer un ou deux anciens, qui parcourent le monastère aux heures consacrées à la lecture. ¹⁸Ils examineront s'il ne se trouve pas quelque moine paresseux, perdant son temps à l'oisiveté ou au bavardage, au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui ainsi, non seulement se nuit à lui-même, mais dissipe les autres. ¹⁹Si, à Dieu ne plaise ! un frère est surpris en cette faute, on le reprendra jusqu'à deux fois. ²⁰S'il ne s'amende point, on le soumettra à la correction régulière, de façon à inspirer de la crainte aux autres. ²¹Un moine ne se joindra pas à un autre aux heures indues.

… pour chaque jour

Il a dit encore : « Une grande sauvegarde pour ne pas pécher, c’est la lecture des Écritures ».
Il a dit encore : « C’est un grand précipice et un gouffre profond que l’ignorance des Écritures ».
Il a dit encore : « C’est une grande trahison du salut que de ne rien savoir des lois divines ». 

(APOPHTEGMES [IVème – Vème siècle], Épiphane 9, 10 et 11, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 192)


Le Grand Béguinage - Louvain







 27 novembre

C’est alors qu’ils seront vraiment moines,
lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains…
(Règle de Saint Benoît 48,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,1-9 (Le travail manuel de chaque jour)

¹L'oisiveté est ennemie de l'âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d'autres à la lecture des choses divines. ²C'est pourquoi nous croyons pouvoir régler l'une et l'autre de ces occupations de la manière suivante : ³De Pâques au 13 septembre, les frères sortiront dès le matin pour s'employer aux travaux nécessaires, depuis la première heure du jour jusqu'à la quatrième environ ; depuis la quatrième jusqu'à la sixième, ils s'adonneront à la lecture. Après la sixième heure, leur dîner fini, ils se reposeront sur leur lit dans un parfait silence. Si quelqu'un veut lire, il pourra le faire tout bas de façon à n'incommoder personne. On dira None plus tôt qu'à l'ordinaire, environ à la huitième heure et demie. Après quoi, ils se mettront de nouveau à l'ouvrage jusqu'aux Vêpres. Si les frères se trouvent obligés, par la nécessité ou la pauvreté, à travailler eux-mêmes aux récoltes, ils ne s'en affligeront point ; c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres. Que tout néanmoins se fasse avec modération, par égard pour les faibles.

… pour chaque jour

Que notre cœur et notre bouche méditent continuellement la sagesse, que ta langue en énonce les sentences, que la loi de ton Dieu soit dans ton cœur. C'est pourquoi l'Écriture te dit : Tu en parleras, assis dans ta maison et en marchant sur la route, dans ton sommeil et à ton réveil. Parlons donc du Seigneur Jésus, parce que lui-même est la Sagesse, est la Parole et le Verbe de Dieu.
Car il est encore écrit : Ouvre ta bouche à la parole de Dieu. Il inspire celui qui fait écho à ses discours et médite ses paroles. Parlons toujours de lui. Quand nous parlons de la sagesse, c'est lui ; quand nous parlons de la vertu, c'est lui ; quand nous parlons de la justice, c'est lui ; quand nous parlons de la paix, c'est lui ; quand nous parlons de la vérité, de la vie, de la rédemption, c’est lui.
Ouvre ta bouche à la parole de Dieu, est-il écrit. Ouvre la bouche, toi ; c'est lui qui parle. Aussi David a-t-il dit : J'écouterai ce que le Seigneur dit en moi, et le Fils de Dieu a dit lui-même : Ouvre largement ta bouche et je la remplirai. Tous ne sont pas capables, comme Salomon ni comme Daniel, d'apprécier la valeur infinie de la sagesse ; cependant l'esprit de sagesse est communiqué à tous, selon leur capacité, du moins à tous ceux qui sont croyants. Si tu crois, tu possèdes l’esprit de sagesse.
Médite donc toujours, aie toujours à la bouche les réalités divines, assis dans ta maison. Nous pouvons entendre « la maison » de l'Église ; nous pouvons l'entendre aussi de notre maison intérieure, afin de parler au-dedans de nous. ~ Parle avec réflexion, pour éviter le péché, pour ne pas pécher par bavardage. Lorsque tu es assis à la maison, parle avec toi-même, comme avec celui qui te jugera. Parle sur la route pour ne jamais être dans l'oisiveté. Tu parleras sur la route, si tu parles dans le Christ, parce que la route, c'est le Christ. Sur la route, parle à toi-même, parle au Christ. Écoute comment lui parler : Je veux qu'en tout lieu les hommes prient en levant les mains saintement, sans colère ni dispute. Parle dans ton sommeil, pour que le sommeil de la mort ne te surprenne pas. Écoute comment parler dans le sommeil : Je ne donnerai pas de sommeil à mes yeux ni de repos à mes paupières avant d'avoir trouvé un abri pour mon Seigneur, une tente pour le Dieu de Jacob.
Que tu te lèves ou te relèves, parle de lui, afin d'accomplir ce qu'il t'ordonne. Écoute comment le Christ t'éveille. Ton âme dit : J'entends mon bien-aimé qui frappe à la porte. Et le Christ dit : Ouvre-moi, ma sœur, mon épouse. Écoute comment tu fais se lever le Christ. L'âme dit : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour. L'amour, c'est le Christ. 

(SAINT AMBROISE DE MILAN [°339 – 〸397], Homélie sur le Psaume 36)


Le Béguinage - Bruges







 26 novembre

Les frères doivent consacrer certaines heures
au travail des mains
et d’autres à la lecture des choses divines.
(Règle de Saint Benoît 48,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 47,1-4 (La charge d'annoncer l'Œuvre de Dieu)

¹La charge d'annoncer l'heure de l'Œuvre de Dieu, aussi bien le jour que la nuit, incombe à l'abbé. Il l'exercera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que l'office se fasse toujours aux heures prescrites. ²Ceux qui en auront reçu l'ordre, entonneront psaumes et antiennes, à leur rang, après l'abbé. ³Personne n'aura la présomption de chanter ou de lire s'il ne peut s'acquitter de cette fonction de manière à édifier les assistants. Celui qui en aura reçu l'ordre de l'abbé le fera avec humilité, gravité et profond respect.

… pour chaque jour

CONVOQUER LES FRÈRES AVEC EXACTITUDE 

Pourquoi faut-il que l’abbé se charge lui-même d’une tâche à première vue secondaire : rappeler l’horaire, de jour comme de nuit ? Y eut-il et y a-t-il d’ailleurs beaucoup d’abbés qui se font ainsi les garants de l’horaire ?
Pas uniquement gardien de l’horaire. L’abbé a mieux à faire que cela. Gardien de la prière des frères, certainement. Gardien de ce privilège qu’ils ont d’un mode de vie qui prévoit des rencontres régulières avec leur Seigneur. Gardien de la communion des frères appelés sans cesse à se pardonner mutuellement, à l’invitation de la prière dominicale. Gardien de la présence continuelle à Dieu, que les moines cherchent avec obstination.
Il y faut cette ponctualité très exacte qui est le secret des grands spirituels, amoureux pressés de rencontrer Celui qu’ils aiment, craignant par-dessus tout un retard qui leur vaudrait de trouver porte fermée. Craignant la parole terrible : « Je ne vous connais pas ».
Ne rien préférer à l’Œuvre de Dieu, à l’Office divin. Cela passe aussi par l’exactitude et la régularité. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


Le Grand Béguinage - Louvain







 25 novembre

On ne préférera donc rien à l’Œuvre de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 43,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 46,1-6 (Ceux qui font des fautes en quelque autre chose)

¹Lorsqu'un moine dans un travail quelconque à la cuisine, au cellier, dans un service, à la boulangerie, au jardin, dans l'exercice d'un métier, ou en quelque lieu que ce soit, fait une faute, ²brise ou perd quelque chose, ou commet un autre délit, ³il ira aussitôt s'en accuser spontanément devant l'abbé et la communauté. S'il ne le fait pas et que son manquement soit connu par un autre, il subira une peine plus sévère. Mais s'il s'agit d'un péché secret de l'âme, il le manifestera seulement à son abbé ou aux pères spirituels, qui sachent guérir et leurs propres plaies et celles des autres sans les découvrir ni les divulguer.

… pour chaque jour

S’il ne vient aussitôt s’en accuser de lui-même. Que tout, dans le matériel, se fasse d’une façon pondérée, dans l’humilité. Ne pas camoufler, arranger les choses pour sauver la façade au détriment de la vérité. Soyons des hommes de lumière, travaillons dans la lumière. Nous avons commis une faute matérielle dans notre emploi ? Ne laissons pas cela dans l’ombre. À plus forte raison pour les fautes de l’âme. Aimons la pratique du 5ième degré d’humilité (RB 7,44-48). Ainsi nous pouvons rester toujours dans la lumière, dans l’humilité. Discrétion, non seulement sur les choses qui nous seraient révélées ou dont nous pouvons être témoins, mais sur ce que nous aurions nous-mêmes remarqué. En communauté, on devine beaucoup de choses.

Écoute, 1957

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.487)


Le Béguinage - Bruges








 24 novembre

Les moines doivent s’appliquer au silence en tout temps…
(Règle de Saint Benoît 42,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 45,1-3 (Ceux qui se trompent à l'oratoire)

¹Lorsque quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, s'il ne s'en humilie point sur place, devant tout le monde, en faisant satisfaction, il sera soumis à une correction plus sévère: ²c'est qu'en effet il n'a pas voulu corriger par un acte d'humilité la faute qu'il a commise par sa négligence. ³Les enfants, pour ces sortes de fautes, seront battus de verges.


… pour chaque jour

AVOIR L’HUMILITÉ DE SES MANQUEMENTS

« C’est une grande chose de prier sans distraction, mais une plus grande encore de psalmodier sans distraction. » Cette citation des Pères du désert montre en quelle estime ils avaient le psautier. Saint Benoît rappelle qu’ils le disaient en un seul jour (18,25). Une négligence en ce domaine, voire une simple distraction, ne peut donc pas être un banal manquement à des règles d’exécution. C’est une entorse faite à la prière, qui plus est à la psalmodie, pour parler comme les Pères du désert.
La satisfaction que demande saint Benoît est une prise de conscience, bien plus qu’une réparation. Toute négligence introduit une rupture dans la prière, elle desserre un lien qui est censé se nouer, elle introduit une distance là où on cherche au contraire à se rapprocher. Dans ce cas-ci, se rapprocher de Dieu et des autres.
S’humilier sur place, c’est reconnaître ladite négligence sans délai, sans postposer, parce que c’est urgent. Le faire devant tout le monde, c’est rappeler l’horizon ecclésial de toute prière. Un horizon que toute négligence détériore, que toute humilité construit ou reconstruit. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


Le Grand Béguinage - Louvain







 23 novembre

On servira les malades
comme s’ils étaient le Christ en personne
puisqu’il a été dit : « J’ai été malade et vous m’avez visité ».
(Règle de Saint Benoît 36,2)



La Règle de Saint Benoît…

RB 44,1-10 (Comment les excommuniés font satisfaction)

¹Celui qui, pour faute grave, aura été excommunié de l'oratoire et de la table commune, demeurera prosterné, devant la porte de l'oratoire, pendant qu'on y célèbrera l'Œuvre de Dieu, et ne dira mot ; ²mais il se tiendra le visage contre terre et le corps étendu, aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire. ³Il continuera cette pratique jusqu'à ce que l'abbé juge la satisfaction suffisante. Et lorsque l'abbé le lui aura commandé, il viendra se jeter à ses pieds et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. Alors, si l'abbé l'ordonne, il sera reçu au chœur et occupera le rang que l'abbé aura déterminé. Il ne lui sera cependant pas permis, sans un nouvel ordre de l'abbé, ni d'entonner un psaume, ni de lire une leçon ou quoi que ce soit. De plus, à toutes les Heures, au moment où s'achève l'Œuvre de Dieu, il se prosternera à terre, à la place qu'il occupe, et fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé lui ordonne de cesser. Ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, satisferont dans l'oratoire; ils le feront jusqu'à ce que l'abbé les en dispense, ¹⁰en leur donnant sa bénédiction, et en disant : ‘Cela suffit’.

… pour chaque jour

Ceux qui ont été excommuniés. Ce terme choque aujourd’hui plus que jamais. De quel droit pouvons-nous, de quel droit même un supérieur peut-il excommunier un frère ? Si nous y réfléchissons, nous découvrons dans cette mesure, apparemment injuste, le zèle de saint Benoît pour la communication, la communion entre les frères. Un homme qui, par le péché, s’est séparé de Dieu ne saurait trouver qu’une communication illusoire avec ses frères. Sa présence en communauté n’est plus qu’une contrefaçon de communion. Le plus grand service à rendre à ce frère est de lui faire prendre conscience de l’illusion dans laquelle il vit, et cela en le séparant effectivement. Une démarche personnelle de conversion sera alors possible, qui le rétablira dans la communion avec ses frères. Il ne s’agit pas de juger ni de condamner ce frère, mais de lui apporter l’aide que chacun, se reconnaissant pécheur, aimerait lui aussi trouver en pareille circonstance. Ne pas juger, mais en présence de Dieu confesser les multiples occasions où nous nous sommes excommuniés plus ou moins consciemment, en nous refusant à l’Esprit.

Écoute, 1969

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p.477-478)


Le Béguinage - Bruges







 22 novembre

On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout.
(Règle de Saint Benoît 36,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 43,13-19 (Ceux qui arrivent en retard à l'Œuvre de Dieu ou à la table)

¹³À la table, celui qui n'arrivera pas avant le verset, de façon que les frères puissent le réciter tous ensemble avec la prière et se mettre à table en même temps : ¹⁴si c'est par négligence ou par sa faute qu'il n'est pas arrivé à temps, il sera repris jusqu'à deux fois. ¹⁵Si ensuite il ne s'amende pas, il ne pourra plus participer à la table commune, ¹⁶mais il prendra son repas tout seul, séparé de la compagnie de ses frères et privé de sa portion de vin, jusqu'à ce qu'il ait satisfait et qu'il se soit corrigé. ¹⁷On traitera de la même manière celui qui ne se trouvera pas au verset qu'on dit après le repas. ¹⁸Nul ne se permettra de manger ou de boire quoi que ce soit, avant ou après l'heure fixée pour le repas. ¹⁹S'il arrive que le supérieur offre quelque chose à un frère et que celui-ci ne l'accepte pas, lorsqu'il viendra à désirer ce qu'il avait d'abord refusé ou quelque autre chose, on ne lui accordera absolument rien jusqu'à ce qu'il ait fait une satisfaction convenable.

… pour chaque jour

L’EXACTITUDE FAIT PARTIE DE LA CHARITÉ 

Il y a retard et retard. Toujours soucieux de mesure, saint Benoît fait durer le premier psaume pour permettre à tous d’arriver (RB 13,2 ; 43,4). De même, il fait prolonger la lecture du soir (RB 42,6-7). Et il envisage (RB 11,12) l’hypothèse d’un lever communautaire trop tardif, le dimanche ! Ce que saint Benoît n’accepte pas, c’est la négligence. Et il en traite pour deux moments majeurs de la vie communautaire : l’Office divin et le repas. C’est dire déjà l’importance qu’il y attache.
Un retard négligent, c’est un retard qui introduit une cassure, une rupture dans le lien communautaire tout autant que dans le lien avec le Seigneur. Ne pas quitter au signal ce qu’on a dans les mains, c’est refuser l’invitation, sous prétexte qu’il y a mieux, ou plus urgent, ou plus rentable à faire. Saint Benoît cherche à réduire autant que possible le temps de cette cassure, au prix éventuel d’un peu de honte. Il fait entrer les retardataires, afin de renouer tout de suite le lien, progressivement cependant. Peut-être d’ailleurs en fait-il autant pour qui partirait trop tôt (RB 43,17).
Ne pas manger ni boire seul en dehors des repas ne relève pas seulement d’une ascèse : il y manquerait le lien communautaire que veut exprimer le repas pris ensemble. Ne pas accepter ce qu’on vous offre et le redemander ensuite ne relève pas seulement du caprice : ici aussi, il y a lieu d’être à temps, d’avoir tout de suite la bonne réaction, de ne pas s’exclure soi-même de ce qu’a exprimé le geste d’offrir. Être partout au rendez-vous fait partie de la charité. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


Le Grand Béguinage - Louvain