1 avril

Désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
(Règle de Saint Benoît 4,46)



La Règle de Saint Benoît…

RB 50,1-4 (Les frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage)

¹Les frères qui travaillent fort loin et qui ne peuvent revenir à l'oratoire aux heures voulues - ²l'abbé ayant jugé qu'il en est bien ainsi - ³accompliront l'Œuvre de Dieu sur place et à genoux, avec le respect dû à Dieu. De même, ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les Heures prescrites; ils les diront comme ils pourront, en leur particulier, et ne négligeront pas de s'acquitter de ce devoir de leur service.



… pour chaque jour

L’équilibre travail-prière demande à être entretenu constamment. Il s’avère délicat, comme le rapport qui unit l’amour des frères à l’amour de Dieu. L’horaire quotidien du monastère vise à le sauvegarder, mais le souci de le protéger se fait plus urgent chaque fois que la vie personnelle perd son cadre de référence normal : l’Office célébré en commun.
Le cas survient lors des sorties et des voyages qui, pour exceptionnels qu’ils soient, n’en sont pas moins prévus par la Règle. Pour comprendre l’importance que saint Benoît attribue à la « tâche » de la prière, même à distance de la communauté, il faut d’abord mesurer la valeur essentielle de la liturgie célébrée au monastère même.
L’Office divin maintient et structure la vie spirituelle. Il en constitue comme la colonne vertébrale. La Parole de Dieu est le partenaire quotidien de la démarche de foi. Elle dit qui est Dieu, parle de lui, le rend présent au cœur de la vie. Elle nourrit, guide, interpelle sans cesse celui qui la fréquente. La prière de l’Office développe ce dialogue et le renouvelle fréquemment. S’en dispenser à la légère expose au risque de désintégrer sa vie, de la désaxer. L’Office n’appartient pas aux observances parmi d’autres obligations religieuses. Les disciples de saint Benoît ne sont pas des anges mais des êtres humains incarnés dans le temps et l’espace, qui doivent se ménager le moment et le lieu de leur dialogue avec Dieu. La liturgie célébrée en commun à l’oratoire, à des heures précises, leur en offre le moyen à tous, ensemble et sûrement. Se trouver dans l’incapacité d’y participer les expose à un manque vital. Le chapitre 50 de la Règle envisage cette éventualité. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 147-148)











 31 mars

Mettre en Dieu son espérance.
(Règle de Saint Benoît 4,41)



La Règle de Saint Benoît…

RB 49,1-10 (L'observance du Carême)

¹La vie d'un moine devrait être, en tout temps, aussi observante que durant le Carême. ²Mais, comme il en est peu qui possèdent cette perfection, nous exhortons tous les frères à vivre en toute pureté pendant le Carême, ³et à effacer, en ces jours sacrés, toutes les négligences des autres temps. Nous le ferons dignement, si nous nous préservons alors de tous les vices, si nous appliquons à la prière avec larmes, à la lecture, à la componction du cœur et au renoncement. En ces jours donc, ajoutons quelque chose à la tâche accoutumée de notre service: oraisons particulières, restriction dans les aliments et la boisson. Chacun offrira de sa propre volonté à Dieu, dans la joie du Saint-Esprit, quelque pratique surérogatoire; il retranchera à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les entretiens; et il attendra la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel. Chacun cependant soumettra à son abbé ce qu'il se propose d'offrir à Dieu et n'agira qu'avec sa prière et son approbation : car tout ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera imputé à présomption et à vaine gloire, non à mérite. ¹⁰Pourtant, tout doit se faire avec l'assentiment de l'abbé.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler.
C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. Oui. c'est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs.
Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam: « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t’illuminera.
C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c'est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À ceux qui sont endormis : Relevez-vous.
Je te l'ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c'est pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin.
Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.
Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.
Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.
Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. 

(Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi)










 30 mars

Ne point rendre le mal pour le mal.
(Règle de Saint Benoît 4,29)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,22-25 (Le travail manuel de chaque jour)

²²Le dimanche, tous vaqueront à la lecture, excepté ceux qui sont employés à divers offices. ²³Si toutefois quelqu'un était si négligent et paresseux qu'il ne voulût ou ne pût ni méditer ni lire, on l'appliquera à quelque travail, afin qu'il ne demeure pas oisif. ²⁴Quant aux frères malades ou délicats, on leur donnera tel ouvrage ou métier qui les garde de l'oisiveté, sans les accabler ni les porter à s'esquiver. ²⁵L'abbé doit avoir leur faiblesse en considération.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Il importe [donc] d’accomplir son travail dans un esprit de gratuité et de prêter à sa lecture une attention laborieuse. Dans la poursuite de cet équilibre jamais acquis, l’essentiel consiste à garder toujours en vue l’objectif final de toute vie de foi : chercher Dieu. Tout s’ordonne autour de cette fin, même les intérêts et les nécessités immédiates. Une telle recherche ne peut se développer que dans un climat d’amour, donc de liberté et de calme. Mais, pour cette raison précisément, elle exige aussi un labeur, une ascèse. Pour préserver la paix, chacun doit se défendre, non seulement des autres mais de lui-même. La Parole de Dieu, toujours active, offre l’arme véritable de ce combat. La lectio divina y recourt et libère son efficacité. La négliger assure la défaite. La pratiquer fidèlement, en dépit de tous les obstacles, donne à Dieu la possibilité d’agir lui-même, en nous et pour nous. Tout commence et finit par la Parole de Dieu. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LE TRAVAIL, ‘Consacrer certaines heures au travail des mains, d’autres à la lecture des choses divines’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 7, Saint-Léger éditions, 2017, p. 104)










 29 mars

Dire la vérité de cœur comme de bouche.
(Règle de Saint Benoît 4,28)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,10-21 (Le travail manuel de chaque jour)

¹⁰À partir du 13 septembre jusqu'au commencement du Carême, les frères vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure ; ¹¹puis on dira Tierce. Ensuite, ils travailleront jusqu'à la neuvième heure à l'ouvrage qui leur aura été enjoint. ¹²Au premier coup de None, ils quitteront tous leur travail de façon à être prêts quand le second coup sonnera. ¹³Après le repas, ils s'appliqueront à leurs lectures ou à l'étude des psaumes. ¹⁴Durant tout le Carême, ils s'appliqueront à la lecture depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure; ils feront ensuite jusqu'à la dixième heure entière le travail qui leur a été enjoint. ¹⁵En ces jours de Carême, chacun recevra un livre tiré de la bibliothèque, qu'il lira à la suite et en entier. ¹⁶Ces livres seront distribués au début du Carême. ¹⁷On ne manquera pas de nommer un ou deux anciens, qui parcourent le monastère aux heures consacrées à la lecture. ¹⁸Ils examineront s'il ne se trouve pas quelque moine paresseux, perdant son temps à l'oisiveté ou au bavardage, au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui ainsi, non seulement se nuit à lui-même, mais dissipe les autres. ¹⁹Si, à Dieu ne plaise ! un frère est surpris en cette faute, on le reprendra jusqu'à deux fois. ²⁰S'il ne s'amende point, on le soumettra à la correction régulière, de façon à inspirer de la crainte aux autres. ²¹Un moine ne se joindra pas à un autre aux heures indues.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Nous célébrons la fête de la Croix, de cette Croix qui a chassé les ténèbres et ramené la lumière. Nous célébrons la fête de la Croix et, avec le Crucifié, nous sommes portés vers les hauteurs, nous laissons sous nos pieds la terre et le péché pour obtenir les biens du ciel. Quelle grande chose que de posséder la Croix : celui qui la possède, possède un trésor. Je viens d’employer le mot de trésor pour désigner ce qu’on appelle et qui est réellement le meilleur et le plus magnifique de tous les biens ; car c’est en lui, par lui et pour lui que tout l’essentiel de notre salut consiste et a été restauré pour nous.
En effet, s’il n’y avait pas eu la Croix, le Christ n’aurait pas été crucifié, la vie n’aurait pas été clouée au gibet, et les sources de l’immortalité, le sang et l’eau qui purifient le monde, n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le paradis ne se serait pas ouvert. S’il n’y avait pas eu la Croix, la mort n’aurait pas été terrassée, l’enfer n’aurait pas été dépouillé de ses armes.
La Croix est donc une chose grande et précieuse. Grande, parce qu’elle a produit de nombreux biens, et d’autant plus nombreux que les miracles et les souffrances du Christ ont triomphé davantage. C’est une chose précieuse, parce que la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu. Elle est sa souffrance, parce que c’est sur elle qu’il est mort volontairement ; elle est son trophée, parce que le diable y a été blessé et vaincu, et que la mort y a été vaincue avec lui ; les verrous de l’enfer y ont été brisés, et la Croix est devenue le salut du monde entier.
La Croix est appelée la gloire du Christ, et son exaltation. On voit en elle la coupe désirée, la récapitulation de tous les supplices que le Christ a endurés pour nous. Que la Croix soit la gloire du Christ, écoute-le nous le dire lui-même : Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire. Et encore : Toi, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde. Et encore : Père, glorifie ton nom. Alors, du ciel vint une voix qui disait : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. Cela désignait la gloire qu’il devait obtenir sur la Croix.
Que la Croix soit aussi l’exaltation du Christ, tu l’apprends lorsqu’il dit lui-même : Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. Tu vois : la Croix est la gloire et l’exaltation du Christ. 

(SAINT ANDRÉ DE CRÈTE, extrait d’une Homélie)










 28 mars

Ne jamais perdre la charité.
(Règle de Saint Benoît 4,26)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,1-9 (Le travail manuel de chaque jour)

¹L'oisiveté est ennemie de l'âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d'autres à la lecture des choses divines. ²C'est pourquoi nous croyons pouvoir régler l'une et l'autre de ces occupations de la manière suivante : ³De Pâques au 13 septembre, les frères sortiront dès le matin pour s'employer aux travaux nécessaires, depuis la première heure du jour jusqu'à la quatrième environ ; depuis la quatrième jusqu'à la sixième, ils s'adonneront à la lecture. Après la sixième heure, leur dîner fini, ils se reposeront sur leur lit dans un parfait silence. Si quelqu'un veut lire, il pourra le faire tout bas de façon à n'incommoder personne. On dira None plus tôt qu'à l'ordinaire, environ à la huitième heure et demie. Après quoi, ils se mettront de nouveau à l'ouvrage jusqu'aux Vêpres. Si les frères se trouvent obligés, par la nécessité ou la pauvreté, à travailler eux-mêmes aux récoltes, ils ne s'en affligeront point ; c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres. Que tout néanmoins se fasse avec modération, par égard pour les faibles.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Comme souvent dans la Règle, le chapitre 48 s’ouvre par une sentence générale qui donne le ton : « L’oisiveté est ennemie de l’âme » (v.1). La proposition n’est pas empruntée directement à l’Écriture mais à la tradition monastique. Elle ne dit pas que le travail conduit nécessairement à Dieu, mais que le refus de travailler en éloigne certainement. Ce fait d’expérience se trouve déjà évoqué dans les livres sapientiaux de la Bible : l’oisiveté ou la paresse engendrent les passions et les mauvaises actions. Le travail est nécessaire pour sauvegarder la pureté du cœur car il possède le pouvoir de détourner de soi. Il oriente vers les besoins des autres pour les rejoindre et les satisfaire.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LE TRAVAIL, ‘Consacrer certaines heures au travail des mains, d’autres à la lecture des choses divines’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 7, Saint-Léger éditions, 2017, p. 90)










 27 mars

Ne rien préférer à l’amour du Christ.
(Règle de Saint Benoît 4,21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 47,1-4 (La charge d'annoncer l'Œuvre de Dieu)

¹La charge d'annoncer l'heure de l'Œuvre de Dieu, aussi bien le jour que la nuit, incombe à l'abbé. Il l'exercera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que l'office se fasse toujours aux heures prescrites. ²Ceux qui en auront reçu l'ordre, entonneront psaumes et antiennes, à leur rang, après l'abbé. ³Personne n'aura la présomption de chanter ou de lire s'il ne peut s'acquitter de cette fonction de manière à édifier les assistants. Celui qui en aura reçu l'ordre de l'abbé le fera avec humilité, gravité et profond respect.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

La manière d’exécuter l’Office relève également de la responsabilité abbatiale. Elle obéit à un ordre rigoureux, toujours objectif, imposé par le rang d’ancienneté. Ici encore, cette apparente rigueur ne pèse pas comme un carcan. Elle reste soumise à l’autorité de celui qui pourra en modifier l’application en fonction d’un critère supérieur, objectif lui aussi mais d’un autre ordre : l’édification des auditeurs.
Ceux qui participent à l’Office divin viennent y entendre la Parole de Dieu pour qu’elle les « édifie ». Les acteurs de la liturgie exercent leur fonction exclusivement à son service. Ni la vanité, ni l’audace, pas plus que les complexes ou les craintes n’ont leur place dans la célébration. Les considérations purement humaines demandent à être dépassées. Il est facile de comprendre pourquoi la responsabilité spirituelle de l’abbé se trouve ici engagée. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 141-142)










 26 mars

Honorer tous les hommes.
(Règle de Saint Benoît 4,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 46,1-6 (Ceux qui font des fautes en quelque autre chose)

¹Lorsqu'un moine dans un travail quelconque à la cuisine, au cellier, dans un service, à la boulangerie, au jardin, dans l'exercice d'un métier, ou en quelque lieu que ce soit, fait une faute, ²brise ou perd quelque chose, ou commet un autre délit, ³il ira aussitôt s'en accuser spontanément devant l'abbé et la communauté. S'il ne le fait pas et que son manquement soit connu par un autre, il subira une peine plus sévère. Mais s'il s'agit d'un péché secret de l'âme, il le manifestera seulement à son abbé ou aux pères spirituels, qui sachent guérir et leurs propres plaies et celles des autres sans les découvrir ni les divulguer.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Sous le titre « Ceux qui font des fautes en quelque autre chose », le chapitre 46 clôture le « code des satisfactions ». Regroupant toutes les espèces de manquements possibles, il expose en général la conduite à tenir respectivement par le fautif, la communauté et l’abbé. Les « fautes » peuvent se produire partout, dans les lieux de travail comme ailleurs. Il peut s’agir d’un manquement ou d’un excès, intérieur ou extérieur, d’un acte négatif – oublier, perdre, casser – ou d’un écart qui fait dépasser les bornes et quitter le droit chemin.
Le petit drame que représente chaque fois un manquement se trouve ici complètement objectivé. Saint Benoît établit soigneusement la différence entre les faits et les intentions. Les faits seront reconnus publiquement, comme tels, et découverts spontanément devant tous. Les intentions doivent être, elle aussi, mises à découvert, mais seulement devant l’abbé ou un père spirituel capable de les garder secrètes. Quel que soit le mobile qui a guidé le fautif, il n’est pas question pour lui de se justifier en public, ni de s’expliquer, mais simplement de « satisfaire », de réparer le tort causé en le dévoilant dans sa vérité. Aucune considération morale n’entre en cause, aucune culpabilité malsaine ; pas d’aveu d’intention, donc pas de jugement. Le secret de la personne, sa dignité, sont entièrement respectés. Mais la réalité du manquement est également respectée. Personne ne fait « comme si » rien ne s’était passé. Le fautif accuse ce dont il est responsable sans en être reconnu nécessairement coupable. Le procès d’intention est exclu. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 130-131)







 25 mars

Avant tout, aimer le Seigneur Dieu
de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force.
(Règle de Saint Benoît 4,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 45,1-3 (Ceux qui se trompent à l'oratoire)

¹Lorsque quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, s'il ne s'en humilie point sur place, devant tout le monde, en faisant satisfaction, il sera soumis à une correction plus sévère: ²c'est qu'en effet il n'a pas voulu corriger par un acte d'humilité la faute qu'il a commise par sa négligence. ³Les enfants, pour ces sortes de fautes, seront battus de verges.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Le chapitre 45 intitulé « Ceux qui se trompent à l’oratoire » traite des défaillances involontaires et inévitables auxquelles chacun succombe. Ce genre d’accident se produit spécialement au cours de l’Office divin où tout est prévu et où il arrive, précisément, que l’imprévu distrait : préoccupations, soucis, hâte, bruit insolite… Alors, l’erreur est fatale et relativement courante. Faut-il pour autant la banaliser ? À lire saint Benoît, il semble que non. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 126-127)










 24 mars

Les frères donneront leur avis
en toute humilité et soumission.
(Règle de Saint Benoît 3,4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 44,1-10 (Comment les excommuniés font satisfaction)

¹Celui qui, pour faute grave, aura été excommunié de l'oratoire et de la table commune, demeurera prosterné, devant la porte de l'oratoire, pendant qu'on y célèbrera l'Œuvre de Dieu, et ne dira mot ; ²mais il se tiendra le visage contre terre et le corps étendu, aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire. ³Il continuera cette pratique jusqu'à ce que l'abbé juge la satisfaction suffisante. Et lorsque l'abbé le lui aura commandé, il viendra se jeter à ses pieds et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. Alors, si l'abbé l'ordonne, il sera reçu au chœur et occupera le rang que l'abbé aura déterminé. Il ne lui sera cependant pas permis, sans un nouvel ordre de l'abbé, ni d'entonner un psaume, ni de lire une leçon ou quoi que ce soit. De plus, à toutes les Heures, au moment où s'achève l'Œuvre de Dieu, il se prosternera à terre, à la place qu'il occupe, et fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé lui ordonne de cesser. Ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, satisferont dans l'oratoire; ils le feront jusqu'à ce que l'abbé les en dispense, ¹⁰en leur donnant sa bénédiction, et en disant : ‘Cela suffit.’


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Le chapitre 44 illustre la conclusion d’un drame. Sous le titre « Comment les excommuniés font satisfaction », il décrit la manière dont, aux yeux de saint Benoît, se résout la crise communautaire entraînée par une sanction sévère. « L’excommunication pour faute grave » exclut le coupable simultanément de l’oratoire et de la table. La crise qu’elle déclenche affecte tout à la fois le frère excommunié et la communauté amputée d’un de ses membres. Le premier ne s’est pas contenté d’être désobéissant, orgueilleux, murmurateur ou contestataire, il s’est enfoncé délibérément dans son mépris des autres. Il a refusé de se remettre en question. La peine qui le frappe confirme, par une pédagogie qui revient à l’abbé, l’exclusion de fait dans laquelle son attitude personnelle l’a déjà enfermé. Elle vise à réveiller sa conscience pour le ramener à la communion fraternelle. La sanction fait mûrir la crise, la rendant manifeste aux yeux de tous et de l’intéressé lui-même. Elle précipite la solution. Le chapitre 44 attire l’attention sur les valeurs essentielles nécessaires à son application. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 119-120)