1 avril

Tenons-nous pour psalmodier
de manière que notre esprit soit en accord avec notre voix.
(Règle de Saint Benoît 19,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 50,1-4 (Les frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage)

¹Les frères qui travaillent fort loin et qui ne peuvent revenir à l'oratoire aux heures voulues - ²l'abbé ayant jugé qu'il en est bien ainsi - ³accompliront l'Œuvre de Dieu sur place et à genoux, avec le respect dû à Dieu. De même, ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les Heures prescrites; ils les diront comme ils pourront, en leur particulier, et ne négligeront pas de s'acquitter de ce devoir de leur service.

… pour chaque jour

Les frères qui sont au travail loin de l’église ou qui sont en voyage ne doivent jamais oublier l’obligation fondamentale du moine, celle de la prière continuelle. Mais ils ne doivent pas oublier non plus qu’ils font partie d’une communauté. Lorsque la communauté se réunit, les frères qui ne peuvent être présents à l’Office à cause d’autres obligations communautaires doivent s’efforcer de s’unir visiblement à la prière commune.
À l’époque où le travail par lequel les moines gagnaient leur vie était la plupart du temps un travail agricole, il arrivait souvent qu’une partie de la communauté soit aux champs à l’heure où les autres moines priaient à l’église, surtout à l’époque des récoltes, et en général au moment des Petites Heures. On apportait alors un certain nombre de psautiers pour pouvoir célébrer les Offices sur le lieu du travail à l’heure voulue. (…)
La situation contemporaine est généralement différente. D’une part il faut sans cesse se rappeler que rien ne doit être préféré à l’Office divin ; d’autre part il existe de nombreuses situations où un service de la communauté nous empêche d’être présents à tel ou tel office. (…) L’important est que cette absence des Offices soit vraiment justifiée par un service communautaire et non pas la conséquence d’une fantaisie personnelle. (…)
Et puis, il y a la situation où l’on est en voyage, qui est traitée dans la deuxième partie de ce chapitre. L’important, lorsqu’on voyage, surtout si par nos fonctions on est plus souvent appelé à le faire, est de veiller à maintenir l’équilibre dans notre vie entre les divers éléments de la vie monastique, et de ne pas négliger de consacrer des moments, tout au long de la journée, où l’on se remet en présence de Dieu pour une prière plus explicite, scandant en quelque sorte une prière continuelle. (…)
Ce qu’il faut retirer de ce chapitre c’est, d’une part, de ne jamais oublier, quelles que soient nos obligations de travail, le besoin de prier sans cesse et d’exprimer visiblement cette prière à certaines heures. D’autre part, même dans une prière personnelle et parfois solitaire, il ne faut jamais oublier que nous appartenons à une communauté et rester sans cesse en lien avec la prière de la communauté même lorsque d’autres obligations communautaires nous empêchent d’y être présents. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 22 avril 2012)









 31 mars

Les offices des Laudes et des Vêpres
ne devront jamais se conclure sans que le supérieur dise,
en dernier lieu, en entier, et au milieu de l’attention générale, 
l’oraison dominicale, à cause des épines de querelles
qui ont accoutumé de se produire.
(Règle de Saint Benoît 13,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 49,1-10 (L'observance du Carême)

¹La vie d'un moine devrait être, en tout temps, aussi observante que durant le Carême. ²Mais, comme il en est peu qui possèdent cette perfection, nous exhortons tous les frères à vivre en toute pureté pendant le Carême, ³et à effacer, en ces jours sacrés, toutes les négligences des autres temps. Nous le ferons dignement, si nous nous préservons alors de tous les vices, si nous appliquons à la prière avec larmes, à la lecture, à la componction du cœur et au renoncement. En ces jours donc, ajoutons quelque chose à la tâche accoutumée de notre service: oraisons particulières, restriction dans les aliments et la boisson. Chacun offrira de sa propre volonté à Dieu, dans la joie du Saint-Esprit, quelque pratique surérogatoire; il retranchera à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les entretiens; et il attendra la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel. Chacun cependant soumettra à son abbé ce qu'il se propose d'offrir à Dieu et n'agira qu'avec sa prière et son approbation : car tout ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera imputé à présomption et à vaine gloire, non à mérite. ¹⁰Pourtant, tout doit se faire avec l'assentiment de l'abbé.


… pour chaque jour

QU’IL ATTENDE LA PÂQUE 

Nous ne sommes pas ici dans le simple décompte des quarante jours dont est fait le Carême. Si la vie du moine devrait être en tout temps celle du carême, cela s’applique ici aussi. Attendre la Pâque, c’est ce que le moine devrait faire toute sa vie, sans négligence aucune. Attendre la Pâque n’est pas une affaire de saison, c’est l’affaire de toute une vie.
Saint Benoît situe d’ailleurs cet exercice dans la liste des instruments des bonnes œuvres (4,46), liste quotidienne s’il en est. Il insère ainsi la trame pascale dans la vie de tous les jours, il fait de la vie de tous les jours le lieu de déploiement du désir pascal.
Pâques ne fait donc pas que clôturer une période liturgique. Attendre la Pâque, c’est se relier au formidable torrent de désir qui a lancé Dieu sur les chemins de l’humanité, qui lui a fait épouser ses grandeurs comme ses faiblesses, ses lenteurs comme ses impatiences, ses opacités comme ses lumières, sa mort comme sa vie. Attendre la Pâque, c’est se laisser porter par l’Esprit qui a conduit Jésus du désert à la croix et de la mort à la vie dans le cœur du Père. Ce fleuve ne régresse pas, il ne connaît pas le reflux. Il ne peut que se jeter dans la communion de Dieu. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









 30 mars

L’homme estimera que Dieu, du haut du ciel,
le regarde à tout moment.
(Règle de Saint Benoît 7,13)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,22-25 (Le travail manuel de chaque jour)

²²Le dimanche, tous vaqueront à la lecture, excepté ceux qui sont employés à divers offices. ²³Si toutefois quelqu'un était si négligent et paresseux qu'il ne voulût ou ne pût ni méditer ni lire, on l'appliquera à quelque travail, afin qu'il ne demeure pas oisif. ²⁴Quant aux frères malades ou délicats, on leur donnera tel ouvrage ou métier qui les garde de l'oisiveté, sans les accabler ni les porter à s'esquiver. ²⁵L'abbé doit avoir leur faiblesse en considération.

… pour chaque jour

Le dimanche tous vaqueront à la lecture. Cela est bon à entendre pour notre recherche de Dieu. Nous serions tout à fait en marge de notre vie chrétienne et monastique si le dimanche n’était pas le jour de la rencontre spéciale avec Dieu. Si le travail est participation à la rédemption, il faut que le dimanche soit un jour joyeux et occupé, et non pas triste et dispersé ou oisif. Le dimanche, prendre provision d’intentions divines ; reprendre contact avec Dieu, afin de redonner leur sens à toutes nos journées. Il est difficile parfois de rompre avec l’activité de la semaine : peut-être est-ce parce que la Bible nous paraît chose connue ; ce n’est pas exact. Nous sommes toujours au seuil d’une connaissance nouvelle ; que ce soit la Bible en général, ou telle partie, les psaumes par exemple, la connaissance que nous en avons reste toujours superficielle. Au-delà de l’étude, il y a la rencontre sur le plan de l’amour, de l’intimité avec Dieu. Le dimanche sachons fuir le lieu de notre travail habituel. Que chacun fasse selon sa conscience.

Écoute, 1959

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 508)









 29 mars

C’est de bon cœur que les disciples doivent obéir
parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement ».
(Règle de Saint Benoît 5,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,10-21 (Le travail manuel de chaque jour)

¹⁰À partir du 13 septembre jusqu'au commencement du Carême, les frères vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure ; ¹¹puis on dira Tierce. Ensuite, ils travailleront jusqu'à la neuvième heure à l'ouvrage qui leur aura été enjoint. ¹²Au premier coup de None, ils quitteront tous leur travail de façon à être prêts quand le second coup sonnera. ¹³Après le repas, ils s'appliqueront à leurs lectures ou à l'étude des psaumes. ¹⁴Durant tout le Carême, ils s'appliqueront à la lecture depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure; ils feront ensuite jusqu'à la dixième heure entière le travail qui leur a été enjoint. ¹⁵En ces jours de Carême, chacun recevra un livre tiré de la bibliothèque, qu'il lira à la suite et en entier. ¹⁶Ces livres seront distribués au début du Carême. ¹⁷On ne manquera pas de nommer un ou deux anciens, qui parcourent le monastère aux heures consacrées à la lecture. ¹⁸Ils examineront s'il ne se trouve pas quelque moine paresseux, perdant son temps à l'oisiveté ou au bavardage, au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui ainsi, non seulement se nuit à lui-même, mais dissipe les autres. ¹⁹Si, à Dieu ne plaise ! un frère est surpris en cette faute, on le reprendra jusqu'à deux fois. ²⁰S'il ne s'amende point, on le soumettra à la correction régulière, de façon à inspirer de la crainte aux autres. ²¹Un moine ne se joindra pas à un autre aux heures indues.

… pour chaque jour

Un ancien a dit : « Les prophètes ont écrit les livres, puis vinrent nos Pères qui les mirent en pratique. Ceux qui vinrent après eux les apprirent par cœur. Puis la génération présente est venue, qui les a copiés et placés, inutiles, dans les embrasures ».

Abba Euloge de l’Énaton disait : « Il y avait un frère qui habitait aux Cellules et qui, après avoir passé vingt ans à s’adonner à la lecture nuit et jour, se leva un beau jour et vendit tous les livres qu’il possédait. Et prenant sa mélote, il partit dans le désert intérieur. Or abba Isaac le rencontra et lui dit : ‘Où vas-tu enfant ?’. Le frère répondit : ‘Il y a vingt ans, abba, que je n'entends que les paroles des Écritures, et maintenant je veux enfin me mettre également à l’œuvre que j’ai entendue des Écritures’. Et l’ancien, ayant prié pour lui, le laissa aller ». 

(APOPHTEGMES [IVème – Vème siècle], Nau 228 et 541, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 237-238)









 28 mars

L’atelier où nous devons travailler diligemment
avec tous ces instruments,
c’est le cloître du monastère
avec la stabilité dans la communauté.
(Règle de Saint Benoît 4,78)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,1-9 (Le travail manuel de chaque jour)

¹L'oisiveté est ennemie de l'âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d'autres à la lecture des choses divines. ²C'est pourquoi nous croyons pouvoir régler l'une et l'autre de ces occupations de la manière suivante : ³De Pâques au 13 septembre, les frères sortiront dès le matin pour s'employer aux travaux nécessaires, depuis la première heure du jour jusqu'à la quatrième environ ; depuis la quatrième jusqu'à la sixième, ils s'adonneront à la lecture. Après la sixième heure, leur dîner fini, ils se reposeront sur leur lit dans un parfait silence. Si quelqu'un veut lire, il pourra le faire tout bas de façon à n'incommoder personne. On dira None plus tôt qu'à l'ordinaire, environ à la huitième heure et demie. Après quoi, ils se mettront de nouveau à l'ouvrage jusqu'aux Vêpres. Si les frères se trouvent obligés, par la nécessité ou la pauvreté, à travailler eux-mêmes aux récoltes, ils ne s'en affligeront point ; c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres. Que tout néanmoins se fasse avec modération, par égard pour les faibles.

… pour chaque jour

Le saint abba Antoine, assis un jour au désert, se trouva pris d’ennui et dans une grande obscurité de pensées. Il dit à Dieu : « Seigneur, je veux être sauvé, mais les pensées ne me laissent pas ; que ferai-je dans mon affliction ? Comment serai-je sauvé ? ». Peu après, s’étant levé pour sortir, Antoine voit quelqu’un comme lui, assis et travaillant, puis se levant de son travail et priant, assis de nouveau et tressant la corde, puis se relevant encore pour la prière. C’était un ange du Seigneur envoyé pour le diriger et le rassurer. Et il entendit l’ange dire : « Fais ainsi et tu es sauvé ». Ayant entendu cela, Antoine eut beaucoup de joie et de courage. Et faisant ainsi, il fut sauvé. 

(APOPHTEGMES [IVème – Vème siècle], Antoine 1, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 19-20)









 27 mars

Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 4,74)



La Règle de Saint Benoît…

RB 47,1-4 (La charge d'annoncer l'Œuvre de Dieu)

¹La charge d'annoncer l'heure de l'Œuvre de Dieu, aussi bien le jour que la nuit, incombe à l'abbé. Il l'exercera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que l'office se fasse toujours aux heures prescrites. ²Ceux qui en auront reçu l'ordre, entonneront psaumes et antiennes, à leur rang, après l'abbé. ³Personne n'aura la présomption de chanter ou de lire s'il ne peut s'acquitter de cette fonction de manière à édifier les assistants. Celui qui en aura reçu l'ordre de l'abbé le fera avec humilité, gravité et profond respect.

… pour chaque jour

Que Benoît rende l’abbé personnellement responsable que chaque Heure de l’Office se fasse au moment approprié montre une fois de plus toute la place qu’il donne à l’Opus Dei dans la journée de la communauté monastique. D’ailleurs le chapitre suivant traitera de l’équilibre entre travail, lectio et prière.
Même si ce précepte de la Règle semble dépassé par les moyens que donne la technologie moderne, il est en fait beaucoup plus d’actualité qu’on ne pourrait le penser. (…) Avec la réforme postconciliaire, on a laissé une grande liberté à chaque communauté locale dans le choix des textes, de la musique et aussi dans la structure même des Offices liturgiques, à l’intérieur d’un certain cadre déterminé. (…) Dans cette situation nouvelle, étant donné la place de la liturgie dans la vie de la communauté, c’est de nouveau à l’abbé qu’a été confiée la responsabilité de la dignité et de la qualité de toute célébration liturgique. Dans certains cas cela peut prendre une bonne partie de son temps. Il peut et doit déléguer certains travaux à d’autres, mais puisque la liturgie est la prière de l’Église, il reste responsable devant l’Église non seulement de la qualité d’exécution, mais aussi du contenu des célébrations liturgiques au sein de la communauté.

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 11 mars 2012)









 26 mars

Se réconcilier avant le coucher de soleil,
avec qui on est en discorde.
(Règle de Saint Benoît 4,73)



La Règle de Saint Benoît…

RB 46,1-6 (Ceux qui font des fautes en quelque autre chose)

¹Lorsqu'un moine dans un travail quelconque à la cuisine, au cellier, dans un service, à la boulangerie, au jardin, dans l'exercice d'un métier, ou en quelque lieu que ce soit, fait une faute, ²brise ou perd quelque chose, ou commet un autre délit, ³il ira aussitôt s'en accuser spontanément devant l'abbé et la communauté. S'il ne le fait pas et que son manquement soit connu par un autre, il subira une peine plus sévère. Mais s'il s'agit d'un péché secret de l'âme, il le manifestera seulement à son abbé ou aux pères spirituels, qui sachent guérir et leurs propres plaies et celles des autres sans les découvrir ni les divulguer.

… pour chaque jour

Qu’il vienne dire lui-même. Saint Benoît désire développer dans la communauté une atmosphère de loyauté et de franchise. Nous comporter comme des hommes. Cela suppose aussi que l’on ne craint pas la communauté, mais qu’on l’aime. Elle est pour nous, dans son ensemble et en chacun de nos frères, le milieu où nous pouvons devenir davantage fils de Dieu. Si au contraire nous nous estimions surveillés, jugés, ce serait absolument faux ! Il faudrait jeter par-dessus bord ce complexe infantile, car finalement il paralyserait toute liberté spirituelle. Croyons que Dieu nous aime et nous travaille à travers chacun de nos frères.

Écoute, 1970

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 486-487)















 25 mars

Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être,
mais le devenir d’abord,
alors on le sera appelé avec plus de vérité.
(Règle de Saint Benoît 4,62)



La Règle de Saint Benoît…

RB 45,1-3 (Ceux qui se trompent à l'oratoire)

¹Lorsque quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, s'il ne s'en humilie point sur place, devant tout le monde, en faisant satisfaction, il sera soumis à une correction plus sévère: ²c'est qu'en effet il n'a pas voulu corriger par un acte d'humilité la faute qu'il a commise par sa négligence. ³Les enfants, pour ces sortes de fautes, seront battus de verges.


… pour chaque jour

Lorsque quelqu’un se trompe. La réparation de nos manquements n’a rien de très agréable humainement : un artisan n’aime pas réparer mais faire du neuf. C’est une illusion possible dans notre vie spirituelle. Nous voudrions toujours avoir du neuf à présenter à Dieu et à nous-mêmes, une vie sans reproches, sans failles. La vie chrétienne, la vie monastique, ce n’est pas cela. Elle est prise de conscience de notre état de pauvres pécheurs, (…). Pour découvrir l’amour du Christ, pour avoir accès auprès de Dieu, il nous faut perdre la face à nos propres yeux. Se présenter à Dieu comme des pauvres. L’acquisition de cette pauvreté, qui est simplicité, humilité, se fait au jour le jour par l’expérience de nos limites, de nos faiblesses, et en même temps de la miséricorde divine. Réparer courageusement, sans dépit, sans amertume ; ne pas se scandaliser des faiblesses des autres. Qu’on sente en tous un désir de mieux faire ; ne pas nous lasser d’avoir toujours à recommencer. Ne pas prendre prétexte de notre médiocrité pour cesser tout effort : cela, c’est de l’orgueil. Mais nous y remettre toujours, non pas par une intention secrète pour nous réhabiliter aux yeux des autres et à nos yeux, mais par amour pour Dieu, le regard fixé sur le Sauveur.

Écoute, 1960

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 483)









 24 mars

S’appliquer fréquemment à la prière.
(Règle de Saint Benoît 4,56)



La Règle de Saint Benoît…

RB 44,1-10 (Comment les excommuniés font satisfaction)

¹Celui qui, pour faute grave, aura été excommunié de l'oratoire et de la table commune, demeurera prosterné, devant la porte de l'oratoire, pendant qu'on y célèbrera l'Œuvre de Dieu, et ne dira mot ; ²mais il se tiendra le visage contre terre et le corps étendu, aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire. ³Il continuera cette pratique jusqu'à ce que l'abbé juge la satisfaction suffisante. Et lorsque l'abbé le lui aura commandé, il viendra se jeter à ses pieds et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. Alors, si l'abbé l'ordonne, il sera reçu au chœur et occupera le rang que l'abbé aura déterminé. Il ne lui sera cependant pas permis, sans un nouvel ordre de l'abbé, ni d'entonner un psaume, ni de lire une leçon ou quoi que ce soit. De plus, à toutes les Heures, au moment où s'achève l'Œuvre de Dieu, il se prosternera à terre, à la place qu'il occupe, et fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé lui ordonne de cesser. Ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, satisferont dans l'oratoire; ils le feront jusqu'à ce que l'abbé les en dispense, ¹⁰en leur donnant sa bénédiction, et en disant : ‘Cela suffit’.

… pour chaque jour

Celui qui, pour fautes graves. Nous ne nous croyons pas plus parfaits que ceux qui sont reconnus coupables de fautes graves. Nous n’avons pas à juger les pécheurs, mais à prier et à nous sacrifier pour eux. Nous sommes solidaires ; de tout homme, nous pouvons entendre Dieu nous dire : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Ainsi en est-il de tel ou tel frère qui n’a pas persévéré. Nous sommes inséparables ; ce n’est pas par hasard que Dieu nous a réunis pour le chercher ensemble. Cette conscience de cette solidarité mutuelle dans la vie monastique nous rend plus à même de remplir notre fonction de prière (…).

Écoute, 1963

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 479)









 23 mars

Entendre volontiers les saintes lectures.
(Règle de Saint Benoît 4,55)



La Règle de Saint Benoît…

RB 43,13-19 (Ceux qui arrivent en retard à l'Œuvre de Dieu ou à la table)

¹³À la table, celui qui n'arrivera pas avant le verset, de façon que les frères puissent le réciter tous ensemble avec la prière et se mettre à table en même temps : ¹⁴si c'est par négligence ou par sa faute qu'il n'est pas arrivé à temps, il sera repris jusqu'à deux fois. ¹⁵Si ensuite il ne s'amende pas, il ne pourra plus participer à la table commune, ¹⁶mais il prendra son repas tout seul, séparé de la compagnie de ses frères et privé de sa portion de vin, jusqu'à ce qu'il ait satisfait et qu'il se soit corrigé. ¹⁷On traitera de la même manière celui qui ne se trouvera pas au verset qu'on dit après le repas. ¹⁸Nul ne se permettra de manger ou de boire quoi que ce soit, avant ou après l'heure fixée pour le repas. ¹⁹S'il arrive que le supérieur offre quelque chose à un frère et que celui-ci ne l'accepte pas, lorsqu'il viendra à désirer ce qu'il avait d'abord refusé ou quelque autre chose, on ne lui accordera absolument rien jusqu'à ce qu'il ait fait une satisfaction convenable.

… pour chaque jour

Car il convient que tous soient réunis. Prenons au mot ces prescriptions de N. P. Saint Benoît. Ne cédons pas à la tentation de lâcher les rangs. Soyons à notre travail le plus important – notre travail unique – qui est d’être réunis pour louer Dieu en communauté. C’est parfois une rude mortification de notre volonté propre. C’est par la fidélité à vivre notre vie commune que nous arriverons à la maîtrise de nous-mêmes. La vie commune nous donne Dieu. Préférer l’office divin à tous nos intérêts particuliers. Pratiquement, veillons à réduire au minimum les sorties du chœur. Être exigeant avec soi-même. Pour Dieu, pour nos frères.

Écoute, 1957

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 474)