1 février

On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout.
(Règle de Saint Benoît 36,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,35-43 (L'humilité)

³⁵Voici le quatrième degré d'humilité: la conscience embrasse la patience, au point d'obéir silencieusement, quelque durs et contrariants que soient les ordres reçus, et fût-on même victime de toutes sortes d'injustices ; ³⁶on supporte, sans se lasser ni reculer, car l'Écriture dit: « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé, » ³⁷et ailleurs: « Prends courage et supporte le Seigneur. » ³⁸Et pour nous montrer que le serviteur fidèle doit tout supporter pour le Seigneur, même les adversités, l'Écriture dit au nom de ceux qui souffrent: « C'est pour toi que nous sommes livrés à la mort durant le jour; nous sommes considérés comme des brebis de boucherie. »  ³⁹Et ceux qu'anime l'espoir assuré de la récompense divine, ajoutent avec joie: « Mais en toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à celui qui nous a aimés. » ⁴⁰L'Écriture dit encore en un autre endroit: « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer l'argent par le feu; tu nous as pris dans le filet, tu as amassé les tribulations sur nos épaules. » ⁴¹Et pour nous apprendre que nous devons vivre sous un supérieur, elle ajoute: « Tu as établi des hommes sur nos têtes. » ⁴²Ainsi par la patience dans les adversités et les injustices, les humbles pratiquent le précepte du Seigneur: si on les frappe sur une joue, ils tendent l'autre; si on leur ôte leur tunique, ils abandonnent aussi leur manteau; si on les contraint de faire un mille, ils en font deux; ⁴³avec l'Apôtre Paul ils supportent les faux frères, et ils bénissent ceux qui les maudissent.

… pour chaque jour

Vous êtes le sel de la terre, dit le Seigneur. Ce n'est pas pour votre propre vie, veut-il dire, mais c'est pour le monde entier que la Parole vous est confiée. Car ce n'est pas à deux villes, à dix, à vingt, ou à un seul peuple que je vous envoie, comme jadis les prophètes, mais à la terre, à la mer, au monde entier, qui est plongé dans le mal. En disant : Vous êtes le sel de la terre, il leur montrait que toute la nature humaine était affadie et corrompue par le péché. C'est pourquoi il exige de ses disciples les vertus qui sont les plus nécessaires et les plus efficaces chez ceux qui ont la charge de la multitude. En effet, celui qui est doux, abordable, compatissant et juste ne renferme pas en lui-même ses bonnes actions, mais il cherche à en faire comme des sources qui coulent pour l'utilité d'autrui. De même, celui qui a le cœur pur, qui est un artisan de paix, qui est persécuté pour la vérité, consacre sa vie au bien commun.
(…)
Jésus venait de leur dire : Si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous. Il ne veut pas que ces paroles leur fassent craindre de se montrer, et c'est pourquoi il leur dit : « Si vous n'êtes pas prêts à tout cela, c'est en vain que vous avez été choisis. Si la calomnie est inévitable, elle ne vous fera aucun mal, mais elle témoignera de votre fermeté. Au contraire, si vous avez peur et si vous abandonnez la vigueur qui vous convient, vous tomberez dans des malheurs bien pires : tout le monde dira du mal de vous et vous méprisera. C'est cela, être piétiné par les gens ». 

(SAINT JEAN CHRYSOSTOME [°v.349 – 〸407], Homélie sur l’Évangile de Matthieu)









 31 janvier

On donnera des aides à ceux qui sont faibles,
afin qu’ils s’acquittent de leur tâche sans tristesse.
(Règle de Saint Benoît 35,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,34 (L'humilité)

³⁴Tel est le troisième degré d'humilité: se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l'amour de Dieu, à l'imitation du Seigneur, dont l'apôtre dit :  « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort. »





… pour chaque jour

Des frères qui avaient avec eux des séculiers vinrent trouver abba Félix et lui demandèrent de leur dire un mot. Or le vieillard gardait le silence. Après qu’ils l’eurent supplié longtemps, il leur dit : « C’est une parole que vous voulez entendre ? ». Ils lui dirent : « Oui, abba ». Alors le vieillard dit : « À présent, il n’y a plus de parole. Quand les frères interrogeaient les vieillards et faisaient ce qu’ils disaient, Dieu inspirait la manière de parler. Mais maintenant, parce qu’on interroge et qu’on ne fait pas ce qu’on entend, Dieu a enlevé aux vieillards la grâce de la parole, et ils ne trouvent plus quoi dire, parce qu’il n’y a pas d’exécutant ». Entendant ces paroles, les frères poussèrent des gémissements et dirent : « Prie pour nous, abba ». 

(APOPHTEGMES, Félix 1, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 180-181)









 30 janvier

Les frères se serviront mutuellement.
Personne ne sera dispensé du service de la cuisine,
sinon pour cause de maladie
ou pour quelque occupation de grande utilité.
(Règle de Saint Benoît 35,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »

… pour chaque jour

On demanda à abba Ammonas : « Quelle est ‘la voie étroite et resserrée’ (Mt 7,14) ? ». Il répondit : « La voie étroite et resserrée, c’est faire violence à ses pensées et retrancher pour Dieu ses propres volontés. Et c’est là aussi ce qui est signifié par la parole : ‘Voici que nous avons tout quitté pour te suivre’ (Mt 19,27) ». 

(APOPHTEGMES, Ammonas 11, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 215)









 29 janvier

Avant tout que jamais n’apparaisse le vice du murmure,
pour quelque raison que ce soit,
ni en paroles, ni en un signe quelconque.
(Règle de Saint Benoît 34,6)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »

… pour chaque jour

VIGILANCE HUMBLE ET SANS CRAINTE 

Faut-il craindre cette transparence continuelle dans laquelle Dieu et l’homme vivent ? Faut-il avoir peur des messages incessants qui lui parviennent à tout moment, de la part des anges ? Sont-ils à sens unique, porteurs ou rapporteurs seulement des écarts de tout genre ? Les anges ne sont-ils pas aussi les messagers du regard que Dieu porte sur les bons et les méchants, désireux d’en trouver un qui ait l’intelligence de le chercher ?
La vigilance du moine ne peut pas être simplement craintive, sur le qui-vive d’être prise en défaut. Si elle est faite d’amour, l’humilité ne pourra qu’être ouverte à la présence incessante de Celui pour qui et par qui elle est précisément ce qu’elle est. S’il est vrai que les anges se déplacent à la vitesse de la pensée, le moine vigilant et humble saura toujours que Dieu est là, pour lui dire son pardon, sa miséricorde, son amour. Qui pourrait avoir peur d’une telle présence continuelle ? 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









 28 janvier

Celui qui a besoin de moins,
rendra grâces à Dieu et ne s’attristera point ;
celui à qui il faut davantage,
s’humiliera et ne s’élèvera point
à cause de la miséricorde qu’on lui fait.
Ainsi tous les membres seront en paix.
(Règle de Saint Benoît 34,3-5)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »

… pour chaque jour

L’idée fondamentale est que l’homme n’est pas sa propre loi à lui-même. Il a une origine dont il doit sans cesse se souvenir. L’orgueil consiste à oublier ; l’humilité à se souvenir. En nous souvenant de Dieu, dont nous avons reçu l’existence, nous prenons conscience d’appartenir à une réalité immensément plus grande que nous, qui a sa finalité et qui est soumise à ses propres lois internes pour arriver à cette fin.
La conséquence est que l’humilité consiste à faire la volonté de Dieu, alors que l’orgueil consiste à vouloir faire ses volontés propres. C’est pourquoi un aspect important de ce premier degré est de renoncer à faire ses quatre volontés, et donc à adopter une attitude fondamentale d’obéissance.
Donc la première attitude décrite dans ce premier degré est celle de la mémoire – la memoria Dei. La deuxième, qui est sa conséquence, est celle de la vigilance. Sur quoi doit-on veiller ? Tout d’abord sur soi-même et sur ses propres pensées (qui sont d’ailleurs toutes connues de Dieu). 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 25 avril 2010)









 27 janvier

Que tout soit commun à tous…
(Règle de Saint Benoît 33,6)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »

… pour chaque jour

Un ancien a dit : « J’ai visité un autre ancien et un frère m’a dit : ‘Si tu vas chez l’ancien, parle-lui de cette lutte qui m’assaille, demande-lui ce que je dois faire’. Y étant allé, j’ai parlé à l’ancien et il m’a dit : ‘Dis-lui ceci : la patience du Seigneur purifie tout le mal qui est dans le cœur de l’homme’ ».
Un frère m’a dit : « L’attente du Seigneur, voici en quoi elle consiste : le cœur tourné vers le Seigneur tandis qu’on crie : ‘Jésus, aie pitié de moi ; Jésus, aide-moi ; je te bénis, mon Dieu vivant, en tout temps’ ; et on élève lentement les yeux en disant ces trois paroles au Seigneur dans son cœur ». 

(APOPHTEGMES, Eth. Coll. 13, 17.26, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 198)









 26 janvier

Une bonne parole vaut mieux qu’un don excellent.
(Règle de Saint Benoît 31,14)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,5-9 (L'humilité)

Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.

… pour chaque jour

Si nous voulons. Si nous voulons vraiment. L’amour qui va mobiliser toutes les énergies du moine, corps et âme, pour aller à Dieu. Dans le monde, il y a une déperdition extraordinaire de forces physiques, intellectuelles, un gaspillage énorme de valeurs humaines, de ressources, données par la nature ou le travail de l’homme, mais encore plus de valeurs spirituelles. Tout cela dû à la perte du sens de Dieu et du péché : la volonté de l’homme détournée de son Souverain Bien. Si volumus : si nous voulons. Rétablissement de l’unité, de la simplicité, dans nos vies. Toutes nos énergies naturelles et surnaturelles mises au service de la recherche de Dieu. Cela est tellement contraire à notre tendance innée à la paresse, à la dispersion. Chaque jour redonner notre cœur à Dieu et lui demander instamment sa grâce pour Le chercher, Lui, pour être courageux à nous convertir et ne pas nous endormir. Faisons-le tous ensemble, comme des frères.

Écoute, 1964

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 157-158)









 25 janvier

Chacun doit être traité
selon son âge et son degré d’intelligence.
(Règle de Saint Benoît 30,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »

… pour chaque jour

S’en revenant un jour du marais à sa cellule en portant des rameaux de palmier, abba Macaire vit le diable venir à sa rencontre sur le chemin avec une dague. Celui-ci voulut l’en frapper, mais ne l’ayant pu, lui dit : « Quelle force sort de toi, Macaire, pour que je sois impuissant contre toi ? Car tout ce que tu fais, je le fais aussi ; tu jeûnes, moi aussi ; tu veilles, moi je ne sors pas du tout ; il n’y a qu’un point sur lequel tu me bats ». Abba Macaire lui demanda : « Quel est-il ? ». Il dit : « Ton humilité. À cause d’elle, je ne puis rien contre toi ». 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Macaire 11, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 21)









 24 janvier

Qu’il imite plutôt l’exemple de tendresse du bon Pasteur…
(Règle de Saint Benoît 27,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.

… pour chaque jour

Abba Isaac a dit : « Quand j’étais jeune, je demeurais avec abba Cronios, et jamais il ne me dit de faire quelque chose, bien qu’il fût vieux et tremblotant, mais de lui-même il se levait et me présentait lui-même la cruche, à moi comme à tous les autres. Puis j’ai demeuré avec abba Théodore de Phermé, et lui non plus ne me disait de faire quoi que ce soit, mais il mettait lui-même la table et disait : ‘Frère, si tu veux, viens manger’. Alors je lui disais : ‘Abba, je suis venu chez toi pour profiter ; pourquoi ne me dis-tu pas de faire quelque chose ?’. Mais lui gardait toujours le silence. J’allai donc rapporter cela aux vieillards. Ceux-ci vinrent le trouver et lui dirent : ‘Abba, ce frère est venu auprès de ta sainteté pour profiter, pourquoi ne lui dis-tu jamais de faire quelque chose ?’. Le vieillard leur répondit : ‘Suis-je donc un supérieur de cénobites pour lui donner des ordres ? Moi, en tout cas, je ne lui dis rien, mais s’il veut, ce qu’il me voit faire, qu’il le fasse aussi’. À partir de ce moment, je prenais les devants et faisais ce que le vieillard allait faire. Quant à lui, tout ce qu’il faisait, il le faisait sans rien dire, et c’est ainsi qu’il m’apprit à travailler en silence ».

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Isaac le prêtre des Cellules 2, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 180)









 23 janvier

La prière doit être brève et pure,
à moins que peut-être la grâce de l’inspiration divine
ne nous incline à la prolonger.
(Règle de Saint Benoît 20,4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,14-19 (L'obéissance)

¹⁴Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. ¹⁵Car l'obéissance rendue au supérieur, c'est à Dieu qu'on la rend, puisqu'il a dit: « Qui vous écoute, m'écoute. » ¹⁶Et c'est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement. » ¹⁷Si, au contraire, le disciple obéit, mais s'il le fait de mauvais gré, s'il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœurs, ¹⁸même s'il exécute l'ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. ¹⁹Bien loin d'en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige et ne fait satisfaction.

… pour chaque jour

« Agréable aux hommes », il est sous-entendu : aux hommes bons. « Sans trouble », c’est-à-dire sans hésitation : le moine ne doit pas avoir d’hésitation quand il obéit : peut-il ou ne peut-il pas faire ? Et l’il est dit : « sans retard », c’est qu’ils sont nombreux ceux qui tardent à se mettre à obéir, ils ne s’exécutent pas immédiatement ; d’autres traînent au milieu de l’obéissance ; d’autres encore prennent du retard à la fin. « Sans tiédeur », c’est-à-dire négligemment, sans application. Nombreux sont ceux qui obéissent au père seulement avec trouble, mais sans retard ni tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. D’autres obéissent en murmurant, mais sans parole de résistance, sans tiédeur, sans retard, sans trouble ; d’autres obéissent, avec les paroles de résistance ; ils sont les pires de tous, mais sans trouble ni retard, ni tiédeur, ni murmure. Le « murmure » se pratique derrière le dos de l’abbé. La « parole de résistance » est le fait de qui répond en présence du supérieur qu’il ne veut pas.
(…) Le Bienheureux Benoît tire presque violemment le sens à lui, en présentant le disciple comme celui qui donne avec joie, qui est heureux d’obéir. Selon le sens de l’apôtre Paul, il s’agit de l’abbé qui doit enseigner avec joie ses auditeurs, et être heureux de leur distribuer ce qui leur est nécessaire. Pour Benoît, le sens concerne les moines, comme nous l’avons dit : c’est le cœur content que le moine montre son obéissance à son abbé. 

(HILDEMAR DE CORBIE [? – 〸v.850], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Traduction française de Sœur Michèle-Marie Caillard osb d’après le texte latin édité par le Père Rupert Mittermüller osb, Préface par le Père Jean-Pierre Longeat osb, abbé émérite de Ligugé, Saint-Léger Éditions, 2015, p. 209-210)