1 juin

L’abbé témoignera à tous une égale charité…
(Règle de Saint Benoît 2,22)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,34 (L'humilité)

³⁴Tel est le troisième degré d'humilité: se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l'amour de Dieu, à l'imitation du Seigneur, dont l'apôtre dit :  « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort. »




… pour chaque jour

On disait d’abba Silvain qu’il avait à Scété un disciple du nom de Marc, qui avait une grande obéissance et qui était calligraphe. Et le vieillard l’aimait à cause de son obéissance. Or il avait onze autres disciples, et ils étaient peinés de ce qu’il l’aimait plus qu’eux. Les vieillards, l’ayant appris, s’en attristèrent. Ils vinrent donc un jour chez lui et lui firent des reproches. Alors les emmenant, il alla frapper à chaque cellule en disant : « Frère un tel, viens ici, car j’ai besoin de toi ». Et aucun d’eux ne le suivit immédiatement. Arrivant ensuite à la cellule de Marc, il frappa et dit : « Marc ». Lui, entendant la voix du vieillard, bondit aussitôt dehors ; il l’envoya à une commission, puis dit aux vieillards : « Où sont les autres frères, Pères ? ». Puis il entra dans la cellule de Marc, prit en mains son cahier et constata qu’il avait commencé à faire la lettre Omega, mais qu’entendant le vieillard, il n’avait pas infléchi le calame pour l’achever. Les vieillards dirent alors : « Vraiment, abba, celui que tu aimes, nous l’aimons, nous aussi, et Dieu l’aime ».

(APOPHTEGMES, Marc, disciple de Silvain 1, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 212-213)












 31 mai

Qu’il n’aime point l’un plus que l’autre,
si ce n’est celui qu’il trouvera plus avancé
dans les bonnes actions et l’obéissance.
(Règle de Saint Benoît 2,17)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »

… pour chaque jour

Il a dit encore : « Se jeter en présence de Dieu, ne pas s’estimer soi-même et rejeter derrière soi la volonté propre, sont les instruments de l’âme ». Abba Pœmen a dit : « Parmi nos Pères, beaucoup furent des vaillants en ascèse, mais en finesse de pensée dans la prière, un par-ci par-là ». Abba Pœmen a dit : « Il y a trois choses capitales qui sont utiles : craindre le Seigneur, prier et faire du bien au prochain ». 

(APOPHTEGMES, Pœmen 36, 106 et 160, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 91)









 30 mai

Que l’abbé ne fasse point acception des personnes
dans le monastère.
(Règle de Saint Benoît 2,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »

… pour chaque jour

Dans son cœur le fou déclare :
« Pas de Dieu ! »
Tout est corrompu, abominable,
pas un homme de bien !

Des cieux, le Seigneur se penche
vers les fils d'Adam
pour voir s'il en est un de sensé,
un qui cherche Dieu. 

Tous, ils sont dévoyés ;
tous ensemble, pervertis :
pas un homme de bien,
pas même un seul ! 

(Psaume 13,1-3 – La Bible – AELF)









 29 mai

Montrer tout ce qui est bon et saint
par des actes plus encore que par des paroles.
(Règle de Saint Benoît 2,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »

… pour chaque jour

Les anciens ont dit : « Si tu vois un jeune qui, par sa volonté propre, monte au ciel, saisis-lui le pied et fais-le descendre, cela lui est utile ». 

(APOPHTEGMES, Nau 244, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 215)









 28 mai

Sous la conduite de l’Évangile, avançons dans ses chemins…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »

… pour chaque jour

Prenez garde, mes bien-aimés, que les nombreux bienfaits du Seigneur ne tournent à notre condamnation, si nous ne menons pas une vie digne de lui, en pratiquant dans la concorde ce qui est bien et agréable à ses yeux. Il dit en effet quelque part : L'Esprit du Seigneur est une lampe qui pénètre au fond des entrailles.
Considérons combien il est proche, et que rien ne lui échappe de nos pensées ni de nos calculs. Il est donc juste que nous ne désertions pas sa volonté. Il vaut mieux nous heurter à des hommes déraisonnables, insensés, pleins d'orgueil et d'arrogance, plutôt qu'à Dieu. Révérons le Seigneur Jésus Christ, dont le sang a été donné pour nous. Respectons nos chefs ; honorons les anciens ; instruisons les jeunes gens en leur enseignant la crainte de Dieu ; dirigeons nos femmes vers le bien. Que l'on reconnaisse en elles le charme de la chasteté ; qu'elles se montrent sincèrement décidées à la douceur ; qu'elles manifestent leur silence, la modération de leur langue ; qu'elles exercent la charité non pas selon leur attrait mais de façon sainte et impartiale envers tous ceux qui craignent Dieu.
Que vos enfants bénéficient de l'éducation dans le Christ. Qu'ils apprennent quelle est auprès de Dieu la puissance, quel est auprès de lui le pouvoir d'un amour chaste, combien la crainte de Dieu est belle et grande. Dieu pourra sauver ceux qui la pratiquent saintement avec un cœur pur. Car il pénètre nos pensées et nos désirs, son souffle est en nous et il le reprendra quand il voudra. 
Tout cela est garanti par la foi dans le Christ. C'est lui en effet qui nous invite ainsi par la voix du Saint-Esprit : Venez, mes enfants, écoutez-moi ; je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Quel est l'homme qui désire la vie, qui désire voir des jours de bonheur ? Garde ta langue du mal, et tes lèvres de la parole trompeuse. Détourne-toi du mal et fais le bien. Recherche la paix et poursuis-la.
Le Père, compatissant en tout et prodigue de bienfaits, est miséricordieux envers ceux qui le craignent. Avec douceur et bonté, il répand ses grâces sur ceux qui s'approchent de lui avec un cœur simple. Aussi, n'ayons pas une âme double, et ne tirons pas avantage de ses dons magnifiques et glorieux. 

(SAINT CLÉMENT DE ROME, Lettre aux Corinthiens)









 27 mai

Voyez comme le Seigneur lui-même,
dans sa bonté, nous montre le chemin de la vie.
(Règle de Saint Benoît – Prologue 20)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,5-9 (L'humilité)

Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.

… pour chaque jour

Hier nous avons célébré la naissance temporelle de notre Roi éternel ; aujourd’hui nous célébrons la passion triomphale de son soldat.
Hier, en effet, notre Roi, revêtu de notre chair, sortant du palais d’un sein virginal, a daigné visiter notre monde ; aujourd’hui le soldat sortant de la tente de son corps, est parti pour le ciel en triomphateur.
Notre Roi, alors qu’il est le Très-Haut, est venu vers nous dans l’humilité, mais il ne pouvait pas venir les mains vides. Il apportait à ses soldats un don magnifique, non seulement pour leur confier une richesse considérable, mais aussi pour les rendre absolument invincibles dans le combat. Car il leur apportait le don de la charité, qui conduirait les hommes à partager la vie divine.
Ce qu’il apportait, il l’a distribué ; mais lui-même n’y a rien perdu car, s’il a transformé en richesse la pauvreté de ces fidèles, lui-même est resté comblé de trésors inépuisables.
La charité qui a fait descendre le Christ du ciel sur la terre, c’est elle qui a élevé saint Étienne de la terre jusqu’au ciel. La charité, qui existait d’abord chez le Roi, c’est elle qui, à la suite, a resplendi chez le soldat.
Étienne, pour obtenir de recevoir la couronne que signifie son nom, avait pour armes la charité, et grâce à elle il était entièrement vainqueur. Par l’amour de Dieu, il n’a pas reculé devant l’hostilité des Juifs ; par l’amour du prochain, il a intercédé pour ceux qui le lapidaient. Par cette charité, il leur reprochait leur erreur, afin qu’ils se corrigent ; par cette charité, il priait pour ceux qui le lapidaient, afin que le châtiment leur soit épargné.
Fortifié par la charité, il a vaincu Saul qui s’opposait cruellement à lui et, après l’avoir eu comme persécuteur sur terre, il a obtenu de l’avoir pour compagnon dans le ciel. Sa sainte et persévérante charité désirait gagner à lui par la prière ceux qu’il n’avait pu convertir par ses avertissements.
Et voici que maintenant Paul partage la joie d’Étienne, il jouit avec Étienne de la gloire du Christ, il exulte avec Étienne, il règne avec lui. Là où Étienne est allé le premier, mis à mort par la lapidation de Paul, c’est là que Paul l’a suivi, secouru par les prières d’Étienne.
C’est ici la vraie vie, mes frères, celle où Paul n’est pas accablé pour le meurtre d’Étienne, mais où Étienne se réjouit de la compagnie de Paul parce que la charité apporte sa joie à l’un comme à l’autre. Chez Étienne, la charité a surmonté l’hostilité des Juifs ; chez Paul, la charité a recouvert une multitude de péchés. Chez l’un comme chez l’autre, la charité a pareillement obtenu de posséder le royaume des cieux.
La charité est donc la source et l’origine de tous les biens, une protection invincible, la route qui mène au ciel. Celui qui marche selon la charité ne pourra ni s’égarer, ni avoir de crainte. Elle dirige, elle protège, elle conduit au but.
C’est pourquoi, mes frères, puisque le Christ a dressé l’échelle de la charité, par laquelle tout chrétien peut monter au ciel, soyez courageusement fidèles à la pure charité, pratiquez-la entre vous et, en progressant dans la charité, faites votre ascension. 

(SAINT FULGENCE DE RUSPE, Homélie)












 26 mai

Le Seigneur,
cherchant son ouvrier dans la foule du peuple crie:
« Quel est l’homme qui veut la vie
et désire voir des jours heureux ? ».
(Règle de Saint Benoît – Prologue 15-16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »

… pour chaque jour

Quel grand et admirable don Dieu nous fait, mes frères ! En la pâque, jour du salut, le Seigneur ressuscite et donne la résurrection au monde entier. (…) Nous (…) sommes le corps du Christ et ses membres (cf. I Co 12,27), (…). À la résurrection du Christ, tous ses membres ont ressuscité avec lui…, il nous fait passer de la mort à la vie. « Pâque » en hébreu veut dire passage (…). Et quel passage ! Du péché à la justice, du vice à la vertu, de la vieillesse à l’enfance. (…) Hier la décrépitude du péché nous mettait sur notre déclin, mais la résurrection du Christ nous fait renaître dans l’innocence des tout-petits.
La simplicité chrétienne fait sienne l’enfance. L’enfant est sans rancœur, il ne connait pas la fraude, il n’ose pas frapper. Ainsi cet enfant qu’est le chrétien ne s’emporte pas si on l’insulte, il ne se défend pas si on le dépouille, il ne rend pas les coups si on le frappe. Le Seigneur exige même qu’il prie pour ses ennemis, qu’il abandonne tunique et manteau aux voleurs, et qu’il présente l’autre joue à ceux qui le giflent (Mt 5,39s). L’enfance du Christ dépasse l’enfance des hommes. (…)
Aux apôtres déjà mûrs et âgés le Seigneur dit : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18,3). Il les renvoie à la source même de leur vie, et les incite à retrouver l’enfance, afin que ces hommes dont les forces déclinent déjà, renaissent à l’innocence du cœur. 

(SAINT MAXIME DE TURIN, Homélie 58, pour Pâques, PL 57, 363, dans : Le mystère de Pâques, coll. Ichtus, t. 10, trad. F. Quéré-Jaulmes, Éd. Grasset, 1965, p. 259-260) 









 25 mai

Ouvrons les yeux à la lumière divine.
Ayons les oreilles attentives à la voix de Dieu…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.

… pour chaque jour

Allons, courage, pauvre homme ! Fuis un peu tes occupations, dérobe-toi un moment au tumulte de tes pensées. Rejette maintenant tes lourds soucis et laisse de côté tes tracas. Donne un petit instant à Dieu et repose-toi un peu en lui. Entre dans la chambre de ton esprit, bannis-en tout, sauf Dieu ou ce qui peut t'aider à le chercher. Ferme la porte et mets-toi à sa recherche.
À présent, parle, mon cœur, ouvre-toi tout entier et dis à Dieu : Je cherche ton visage ; c’est ton visage, Seigneur, que je cherche.
Et maintenant, toi, Seigneur mon Dieu, enseigne à mon cœur où et comment te chercher, où et comment te trouver. Seigneur, si tu n'es pas ici, où te chercherai-je en ton absence ? Et si tu es partout, pourquoi ta présence m'est-elle invisible ? Certes, tu habites une lumière inaccessible. Mais où est-elle, cette lumière inaccessible ? Comment accéder à une lumière inaccessible ? Qui donc m'y conduira et m'y introduira pour que je t’y voie ? Et puis, à quels indices, sous quels traits te chercher ?
Je ne t'ai jamais vu, Seigneur mon Dieu, je ne connais pas ton visage. Que peut faire, très haut Seigneur, que peut faire ton lointain exilé ? Que peut faire ton serviteur tourmenté de ton amour et rejeté loin de ta face ? Il aspire à te voir, et ta face est trop éloignée de lui. Il désire t'aborder et ta demeure est inabordable. Il souhaite te trouver et il ne sait où tu es. Il ambitionne de te chercher, et il ignore ton visage. Seigneur, tu es mon Dieu, tu es mon Maître, et je ne t'ai jamais vu. Tu m'as créé et recréé, tu m'as pourvu de tous mes biens, et je ne te connais pas encore. Bref, j'ai été créé pour te voir, et je n’ai pas encore réalisé ce pour quoi j’ai été créé.
Et toi, Seigneur, jusques à quand ? Jusques à quand, Seigneur, nous oublieras-tu ? Combien de temps nous cacheras-tu ton visage ? Quand nous regarderas-tu et nous exauceras-tu ? Quand éclaireras-tu nos yeux et nous montreras-tu ta face ? Quand reviendras-tu à nous ? Regarde-nous, Seigneur, exauce-nous, éclaire-nous, montre-toi à nous. Rends-nous ta présence, pour notre bonheur, toi dont l'absence est pour nous un tel malheur. Aie pitié de nos laborieux efforts vers toi, nous qui ne pouvons rien sans toi.
Enseigne-moi à te chercher et montre-toi quand je te cherche; car je ne puis te chercher si tu ne me l'enseignes, ni te trouver si tu ne te montres. En mon désir, puissé-je te chercher, et, dans ma recherche, te désirer; dans mon amour, puissé-je te trouver et, en te trouvant, t'aimer. 

(SAINT ANSELME DE CANTORBÉRY, Entretien sur l’existence de Dieu)









 24 mai

Avant tout, demande à Dieu
par une très instante prière
qu’il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes.
(Règle de Saint Benoît – Prologue 4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,14-19 (L'obéissance)

¹⁴Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. ¹⁵Car l'obéissance rendue au supérieur, c'est à Dieu qu'on la rend, puisqu'il a dit: « Qui vous écoute, m'écoute. » ¹⁶Et c'est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement. » ¹⁷Si, au contraire, le disciple obéit, mais s'il le fait de mauvais gré, s'il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœurs, ¹⁸même s'il exécute l'ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. ¹⁹Bien loin d'en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige et ne fait satisfaction.

… pour chaque jour

On disait d’abba Silvain qu’il avait à Scété un disciple du nom de Marc, qui avait une grande obéissance et qui était calligraphe. Et le vieillard l’aimait à cause de son obéissance. Or il avait onze autres disciples, et ils étaient peinés de ce qu’il l’aimait plus qu’eux. Les vieillards, l’ayant appris, s’en attristèrent. Ils vinrent donc un jour chez lui et lui firent des reproches. Alors les emmenant, il alla frapper à chaque cellule en disant : « Frère un tel, viens ici, car j’ai besoin de toi ». Et aucun d’eux ne le suivit immédiatement. Arrivant ensuite à la cellule de Marc, il frappa et dit : « Marc ». Lui, entendant la voix du vieillard, bondit aussitôt dehors ; il l’envoya à une commission, puis dit aux vieillards : « Où sont les autres frères, Pères ? ». Puis il entra dans la cellule de Marc, prit en mains son cahier et constata qu’il avait commencé à faire la lettre Omega, mais qu’entendant le vieillard, il n’avait pas infléchi le calame pour l’achever. Les vieillards dirent alors : « Vraiment, abba, celui que tu aimes, nous l’aimons, nous aussi, et Dieu l’aime ». 

(APOPHTEGMES, Marc, disciple de Silvain 1, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 212-213)









 23 mai

Écoute, mon fils, et prête l’oreille de ton cœur…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,1-13 (L'obéissance)

¹Le premier degré d'humilité est l'obéissance sans délai. ²Elle convient à ceux qui n'ont rien de plus cher que le Christ. ³Mus par le service sacré dont ils ont fait profession, ou par la crainte de l'enfer, et par le désir de la gloire de la vie éternelle, dès que le supérieur a commandé quelque chose, ils ne peuvent souffrir d'en différer l'exécution, tout comme si Dieu lui-même en avait donné l'ordre. C'est d'eux que le Seigneur dit: « Dès que son oreille a entendu, il m'a obéi. » Et il dit encore à ceux qui enseignent: « Qui vous écoute, m'écoute. » Ceux qui sont dans ces dispositions, renonçant aussitôt à leurs propres intérêts et à leur propre volonté, quittent ce qu'ils avaient en mains et laissent inachevé ce qu'ils faisaient. Ils suivent d'un pied si prompt l'ordre donné que, dans l'empressement qu'inspire la crainte de Dieu, il n'y a pas d'intervalle entre la parole du supérieur et l'action du disciple, toutes deux s'accomplissant au même moment. ¹⁰Ainsi agissent ceux qui aspirent ardemment à la vie éternelle. ¹¹C'est pour cela qu'ils entrent dans la voie étroite dont parle le Seigneur, lorsqu'il dit: « Étroite est la voie qui conduit à la vie. » ¹²Aussi, ne vivant plus à leur gré et n'obéissant plus à leurs désirs ni à leurs inclinations, ils marchent au jugement et au commandement d'autrui, et désirent se soumettre à un abbé en vivant dans un monastère. ¹³Assurément les hommes de cette trempe imitent le Seigneur qui dit dans cette sentence: « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. »

… pour chaque jour

Abba Antoine a dit : « J’ai vu tous les filets de l’Ennemi tendus sur la terre, et je disais en gémissant : « Qui donc passera à travers ? ». Et j’entendis une voix me dire : « L’humilité ». 

(APOPHTEGMES, Antoine 7, dans : Sagesse du désert – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 20-21)