1 décembre

Ecoute, mon fils, et prête l’oreille de ton cœur…

(Règle de Saint Benoît – Prologue 1)




La Règle de Saint Benoît...

RB 50,1-4 (Les frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage)

¹Les frères qui travaillent fort loin et qui ne peuvent revenir à l'oratoire aux heures voulues - ²l'abbé ayant jugé qu'il en est bien ainsi - ³accompliront l'Œuvre de Dieu sur place et à genoux, avec le respect dû à Dieu. ⁴De même, ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les Heures prescrites; ils les diront comme ils pourront, en leur particulier, et ne négligeront pas de s'acquitter de ce devoir de leur service.

Ste Hildegard - E. Weinert


... pour chaque jour

Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.
Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur.
Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front. 

(Deutéronome 6,4-8 – La Bible – AELF)







 30 novembre

Tu parviendras avec la protection de Dieu…
(Règle de Saint Benoît 73,9)




La Règle de Saint Benoît...

RB 49,1-10 (L'observance du Carême)

¹La vie d'un moine devrait être, en tout temps, aussi observante que durant le Carême. ²Mais, comme il en est peu qui possèdent cette perfection, nous exhortons tous les frères à vivre en toute pureté pendant le Carême, ³et à effacer, en ces jours sacrés, toutes les négligences des autres temps. ⁴Nous le ferons dignement, si nous nous préservons alors de tous les vices, si nous appliquons à la prière avec larmes, à la lecture, à la componction du cœur et au renoncement. ⁵En ces jours donc, ajoutons quelque chose à la tâche accoutumée de notre service: oraisons particulières, restriction dans les aliments et la boisson. ⁶Chacun offrira de sa propre volonté à Dieu, dans la joie du Saint-Esprit, quelque pratique surérogatoire; ⁷il retranchera à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les entretiens; et il attendra la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel. ⁸Chacun cependant soumettra à son abbé ce qu'il se propose d'offrir à Dieu et n'agira qu'avec sa prière et son approbation : ⁹car tout ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera imputé à présomption et à vaine gloire, non à mérite. ¹⁰Pourtant, tout doit se faire avec l'assentiment de l'abbé.


St Benoît - E. Weinert



... pour chaque jour

Il y a trois actes, mes frères, trois actes en lesquels la foi se tient, la piété consiste, la vertu se maintient : la prière, le jeûne, la miséricorde. La prière frappe à la porte, le jeûne obtient, la miséricorde reçoit. Prière, miséricorde, jeûne, les trois ne font qu'un et se donnent mutuellement la vie.

En effet, le jeûne est l'âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise : les trois ne peuvent se séparer. Celui qui en pratique seulement un ou deux, celui-là n'a rien. Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu'il écoute l'homme qui demande, et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu, celui qui ne refuse pas d’entendre lorsqu’on le supplie.

Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne : il doit sympathiser avec l'homme qui a faim, s'il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim ; il doit faire miséricorde, celui qui espère obtenir miséricorde ; celui qui veut bénéficier de la bonté doit la pratiquer ; celui qui veut qu'on lui donne doit donner. C'est être un solliciteur insolent, que demander pour soi-même ce qu’on refuse à autrui.

Sois la norme de la miséricorde à ton égard: si tu veux qu'on te fasse miséricorde de telle façon, selon telle mesure, avec telle promptitude, fais toi-même miséricorde aux autres, avec la même promptitude, la même mesure, la même façon.

Donc la prière, la miséricorde, le jeûne doivent former un patronage pour nous recommander à Dieu, doivent former un seul plaidoyer en notre faveur, une seule prière en notre faveur sous cette triple forme.
Ce que nous avons perdu par le mépris, nous devons le conquérir par le jeûne ; immolons nos vies par le jeûne parce qu'il n'est rien que nous puissions offrir à Dieu de plus important, comme le prouve le Prophète lorsqu'il dit : Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; le cœur qui est broyé et abaissé, Dieu ne le méprise pas.

Offre à Dieu ta vie, offre l'oblation du jeûne pour qu'il y ait là une offrande pure, un sacrifice saint, une victime vivante qui insiste en ta faveur et qui soit donnée à Dieu. Celui qui ne lui donnera pas cela n'aura pas d'excuse, parce qu’on a toujours soi-même à offrir.

Mais pour que ces dons soient agréés, il faut que vienne ensuite la miséricorde. Le jeûne ne porte pas de fruit s'il n'est pas arrosé par la miséricorde ; le jeûne se dessèche par la sécheresse de la miséricorde ; ce que la pluie est pour la terre, la miséricorde l'est pour le jeûne. Celui qui jeûne peut bien cultiver son cœur, purifier sa chair, arracher les vices, semer les vertus : s'il n'y verse pas les flots de la miséricorde, il ne recueille pas de fruit.

Toi qui jeûnes, ton champ jeûne aussi, s'il est privé de miséricorde ; toi qui jeûnes, ce que tu répands par ta miséricorde rejaillira dans ta grange. Pour ne pas gaspiller par ton avarice, recueille par tes largesses. En donnant au pauvre, donne à toi-même ; car ce que tu n'abandonnes pas à autrui, tu ne l'auras pas.

(Saint Pierre Chrysologue, Homélie)







 29 novembre

Qui donc que tu sois,
qui te hâtes vers la patrie céleste,
accomplis avec l’aide du Christ,
cette toute petite Règle, écrite pour les débutants.
(Règle de Saint Benoît 73,8)




La Règle de Saint Benoît...

RB 48,22-25 (Le travail manuel de chaque jour)

²²Le dimanche, tous vaqueront à la lecture, excepté ceux qui sont employés à divers offices. ²³Si toutefois quelqu'un était si négligent et paresseux qu'il ne voulût ou ne pût ni méditer ni lire, on l'appliquera à quelque travail, afin qu'il ne demeure pas oisif. ²⁴Quant aux frères malades ou délicats, on leur donnera tel ouvrage ou métier qui les garde de l'oisiveté, sans les accabler ni les porter à s'esquiver. ²⁵L’abbé doit avoir leur faiblesse en considération.


Ste Hildegard - C. Compain



... pour chaque jour

Si nous faisons d’emblée retour à l’Écriture biblique, le dieu qui se donne là est un dieu qui marche sur la pointe des pieds! Loin du déchaînement des forces de la nature, Dieu se révèle à Élie dans le frémissement d'un silence ténu! C’est un rien, mais un rien qui change tout, puisque de cette rencontre le prophète alors déprimé sortira mystérieusement redressé. De même, à l'auberge d'Emmaüs, c'est l'humble geste de rompre le pain qui deviendra signe pour les disciples de la confiance à retrouver et de la marche à poursuivre.

La spiritualité biblique refuse absolument le spectaculaire. Il y a là une dissidence essentielle. Elle refuse d'être prise dans les mailles du tangible et du visible. Elle se tient résolument du côté de ce qui nous échappe. C'est pourquoi il ne peut y avoir à proprement parler de "technique spirituelle" pour atteindre l'illumination ou la consolation. Il n’y a là rien qui se laisse domestiquer. C'est difficile à comprendre dans une société qui vise l'efficacité en tout et qui a tendance à promouvoir la méditation comme une recette de bien-être, au même titre qu'un régime amaigrissant.
 
Ceci dit, et Dieu merci! L’Esprit souffle où il veut et plutôt que de porter des jugements hâtifs sur ce fourmillement de possibles, il m’apparaît plus fécond d’oser fréquenter les textes bibliques, d’aller "rouvrir le vieux langage" comme dit Maurice Bellet. Ce langage est en réalité toujours neuf, car il possède l'étonnante vertu de nous emmener vers ce lieu de nous-même, où la Vie est sans cesse jaillissante. Pour autant que nous choisissions d’écouter au-dedans.

(Francine Carrillo, Pour une spiritualité de l´insurrection, Coédition Ouverture-Olivétan-Opec, Son mot à dire…, 2014, p.6-7)









 28 novembre

Ne préférer absolument rien au Christ ;
qu’Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle.
(Règle de Saint Benoît 72,11-12)








La Règle de Saint Benoît...

RB 48,10-21 (Le travail manuel de chaque jour) 

¹⁰À partir du 13 septembre jusqu'au commencement du Carême, les frères vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure ; ¹¹puis on dira Tierce. Ensuite, ils travailleront jusqu'à la neuvième heure à l'ouvrage qui leur aura été enjoint. ¹²Au premier coup de None, ils quitteront tous leur travail de façon à être prêts quand le second coup sonnera. ¹³Après le repas, ils s'appliqueront à leurs lectures ou à l'étude des psaumes. ¹⁴Durant tout le Carême, ils s'appliqueront à la lecture depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure; ils feront ensuite jusqu'à la dixième heure entière le travail qui leur a été enjoint. ¹⁵En ces jours de Carême, chacun recevra un livre tiré de la bibliothèque, qu'il lira à la suite et en entier. ¹⁶Ces livres seront distribués au début du Carême. ¹⁷On ne manquera pas de nommer un ou deux anciens, qui parcourent le monastère aux heures consacrées à la lecture. ¹⁸Ils examineront s'il ne se trouve pas quelque moine paresseux, perdant son temps à l'oisiveté ou au bavardage, au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui ainsi, non seulement se nuit à lui-même, mais dissipe les autres. ¹⁹Si, à Dieu ne plaise ! un frère est surpris en cette faute, on le reprendra jusqu'à deux fois. ²⁰S'il ne s'amende point, on le soumettra à la correction régulière, de façon à inspirer de la crainte aux autres. ²¹Un moine ne se joindra pas à un autre aux heures indues.


St Benoît - P. de Grauw


... pour chaque jour

Assis
        et pourtant je chemine.

Silencieux,
        et pourtant je bourdonne.
        je lis,
        je m'absente.
        J'écris,
        je me repeuple.

Me voici
        au rivage d'une parole
        avec l'écume nue de mes mots
        et les houles imprévisibles
        du langage.

Je lis,
        je m'aventure.
        J'écris,
        je me texture.

Assis,
        je pèlerine.
        Silencieux,
        je moissonne.


(Père Guy Dermond sdb, "Promenades" (extrait), Août 2020 – Éditions Voix-Là)







 


 27 novembre

Les moines aimeront leur abbé
avec une charité sincère et humble.
(Règle de Saint Benoît 72,10)





La Règle de Saint Benoît...

RB 48,1-9 (Le travail manuel de chaque jour)

¹L'oisiveté est ennemie de l'âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d'autres à la lecture des choses divines. ²C'est pourquoi nous croyons pouvoir régler l'une et l'autre de ces occupations de la manière suivante : ³De Pâques au 13 septembre, les frères sortiront dès le matin pour s'employer aux travaux nécessaires, depuis la première heure du jour jusqu'à la quatrième environ ; ⁴depuis la quatrième jusqu'à la sixième, ils s'adonneront à la lecture. ⁵Après la sixième heure, leur dîner fini, ils se reposeront sur leur lit dans un parfait silence. Si quelqu'un veut lire, il pourra le faire tout bas de façon à n'incommoder personne. ⁶On dira None plus tôt qu'à l'ordinaire, environ à la huitième heure et demie. Après quoi, ils se mettront de nouveau à l'ouvrage jusqu'aux Vêpres. ⁷Si les frères se trouvent obligés, par la nécessité ou la pauvreté, à travailler eux-mêmes aux récoltes, ils ne s'en affligeront point ; ⁸c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres. ⁹Que tout néanmoins se fasse avec modération, par égard pour les faibles.


Ste Hildegard - E. Weinert



... pour chaque jour

Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ! Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. Quant à vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien.

(II Thessaloniciens 3,10b-13 – La Bible – AELF)








 26 novembre

Craindre Dieu avec amour.
(Règle de Saint Benoît 72,9)





La Règle de Saint Benoît...

RB 47,1-4 (La charge d'annoncer l'œuvre de Dieu) 

¹La charge d'annoncer l'heure de l'Œuvre de Dieu, aussi bien le jour que la nuit, incombe à l'abbé. Il l'exercera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que l'office se fasse toujours aux heures prescrites. ²Ceux qui en auront reçu l'ordre, entonneront psaumes et antiennes, à leur rang, après l'abbé. ³Personne n'aura la présomption de chanter ou de lire s'il ne peut s'acquitter de cette fonction de manière à édifier les assistants. ⁴Celui qui en aura reçu l'ordre de l'abbé le fera avec humilité, gravité et profond respect.


St Benoît - E. Weinert


... pour chaque jour

Dans tout ce qu’il a fait, il a célébré la louange du Saint, du Très-Haut, en proclamant sa gloire. De tout son cœur, il a chanté les psaumes, il a aimé son Créateur.
Devant l’autel, il a placé des chantres, et leur voix rendit les mélodies plus douces ; chaque jour ils loueront Dieu par leurs chants.
Il a donné de l’éclat aux fêtes, il a donné une parfaite splendeur aux solennités, pour que le saint nom du Seigneur soit célébré, et que les chants retentissent dans le sanctuaire dès le matin.

(Siracide 47,8-10 – La Bible – AELF)











 25 novembre

Nul ne cherchera ce qu’il juge utile pour soi,
mais bien plutôt ce qui l’est pour autrui.
(Règle de Saint Benoît 72,7)






La Règle de Saint Benoît...

RB 46,1-6 (Ceux qui font des fautes en quelque autre chose) 

¹Lorsqu'un moine dans un travail quelconque à la cuisine, au cellier, dans un service, à la boulangerie, au jardin, dans l'exercice d'un métier, ou en quelque lieu que ce soit, fait une faute, ²brise ou perd quelque chose, ou commet un autre délit, ³il ira aussitôt s'en accuser spontanément devant l'abbé et la communauté. S'il ne le fait pas ⁴et que son manquement soit connu par un autre, il subira une peine plus sévère. ⁵Mais s'il s'agit d'un péché secret de l'âme, il le manifestera seulement à son abbé ou aux pères spirituels, ⁶qui sachent guérir et leurs propres plaies et celles des autres sans les découvrir ni les divulguer.


Ste Hildegard - E. Weinert



... pour chaque jour

« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !”
Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
 
(Luc 15,4-10 – La Bible – AELF)











 24 novembre

S’obéir à l’envie.
(Règle de Saint Benoît 72,6)




La Règle de Saint Benoît...

RB 45,1-3 (Ceux qui se trompent à l'oratoire) 

¹Lorsque quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, s'il ne s'en humilie point sur place, devant tout le monde, en faisant satisfaction, il sera soumis à une correction plus sévère : ²c'est qu'en effet il n'a pas voulu corriger par un acte d'humilité la faute qu'il a commise par sa négligence. ³Les enfants, pour ces sortes de fautes, seront battus de verges.


St Benoît - E. Weinert



... pour chaque jour

Les moines, eux aussi, veulent rejoindre le Christ, pour se reposer près de lui, ensemble, régulièrement. Si l’oratoire est sa demeure, il est aisé de comprendre que tout faux pas, tout manquement même involontaire, dans le déroulement de l’Office, revêt de l’importance, non pas en contrevenant aux habitudes, au règlement ni à un bon ordre quelconque, mais aux yeux de Dieu qui attend ceux qui le cherchent. Telle est la grâce de la vie cénobitique, destinée à gagner d’autres disciples, attirés à leur tour par l’invitation : « Venez et voyez ». Ainsi se forme la communauté, autour du Messie. Nul n’est jamais seul auprès de Dieu. La foi en sa présence, attentive et attirante, se communique par contagion ; elle peut aussi faiblir par contagion. Se tromper à l’oratoire n’est donc pas indifférent.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p.128.)







 23 novembre

S’honorer mutuellement avec prévenance.
(Règle de Saint Benoît 72,4)




La Règle de Saint Benoît...

RB 44,1-10 (Comment les excommuniés font satisfaction)

¹Celui qui, pour faute grave, aura été excommunié de l'oratoire et de la table commune, demeurera prosterné, devant la porte de l'oratoire, pendant qu'on y célèbrera l'Œuvre de Dieu, et ne dira mot ; ²mais il se tiendra le visage contre terre et le corps étendu, aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire. ³Il continuera cette pratique jusqu'à ce que l'abbé juge la satisfaction suffisante. ⁴Et lorsque l'abbé le lui aura commandé, il viendra se jeter à ses pieds et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. ⁵Alors, si l'abbé l'ordonne, il sera reçu au chœur et occupera le rang que l'abbé aura déterminé. ⁶Il ne lui sera cependant pas permis, sans un nouvel ordre de l'abbé, ni d'entonner un psaume, ni de lire une leçon ou quoi que ce soit. ⁷De plus, à toutes les Heures, au moment où s'achève l'Œuvre de Dieu, il se prosternera à terre, à la place qu'il occupe, ⁸et fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé lui ordonne de cesser. ⁹Ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, satisferont dans l'oratoire; ils le feront jusqu'à ce que l'abbé les en dispense, ¹⁰en leur donnant sa bénédiction, et en disant :"Cela suffit."


Ste Hildegard - C. Compain



... pour chaque jour

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.
Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum.
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. »
Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante.
Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus.
Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux.
Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds.
Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds.
Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »
Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »
Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »

(Luc 7,36-50 – La Bible – AELF)







 22 novembre

Il est un mauvais zèle, un zèle amer,
qui sépare de Dieu et mène à l’enfer.
De même, il est un bon zèle
qui sépare des vices et mène à Dieu
et à la vie éternelle.
C’est ce zèle que les moines pratiqueront
avec un très ardent amour.
(Règle de Saint Benoît 72,1-3)




La Règle de Saint Benoît...

RB 43,13-19 (Ceux qui arrivent en retard à l'œuvre de Dieu ou à la table) 

¹³À la table, celui qui n'arrivera pas avant le verset, de façon que les frères puissent le réciter tous ensemble avec la prière et se mettre à table en même temps : ¹⁴si c'est par négligence ou par sa faute qu'il n'est pas arrivé à temps, il sera repris jusqu'à deux fois. ¹⁵Si ensuite il ne s'amende pas, il ne pourra plus participer à la table commune, ¹⁶mais il prendra son repas tout seul, séparé de la compagnie de ses frères et privé de sa portion de vin, jusqu'à ce qu'il ait satisfait et qu'il se soit corrigé. ¹⁷On traitera de la même manière celui qui ne se trouvera pas au verset qu'on dit après le repas. ¹⁸Nul ne se permettra de manger ou de boire quoi que ce soit, avant ou après l'heure fixée pour le repas. ¹⁹ S'il arrive que le supérieur offre quelque chose à un frère et que celui-ci ne l'accepte pas, lorsqu'il viendra à désirer ce qu'il avait d'abord refusé ou quelque autre chose, on ne lui accordera absolument rien jusqu'à ce qu'il ait fait une satisfaction convenable.


St Benoît - P. de Grauw



... pour chaque jour

Si les moines prient et mangent ensemble, ce n’est pas pour faciliter l’organisation des journées mais parce que la communion ainsi créée contribue à les libérer de leurs tendances égoïstes et individualistes. Prière et table communes constituent des « lieux » de désappropriation en acte. Chacun s’y tient devant Dieu avec, pour et par les autres. La pratique régulière et fidèle de l’Office divin et des repas communautaires exclut le « pour soi » par la force des choses, à condition toutefois de veiller à l’esprit qui préside à ces exercices. Pour sauvegarder un esprit, il ne suffit pas d’entretenir des idées claires ou justes, il faut les incarner. Une observance bien comprise, loin d’étouffer l’esprit, lui donne corps. L’exactitude, la fidélité à la présence communautaire partout où elle est requise, rappelle à qui les observe, sept ou huit fois par jour au moins, que « personne d’entre nous ne vit pour soi-même » (cf. Rm 14,7 ;2 Co 5,15). En cette affirmation de saint Paul, résonne l’une des plus belles définitions de la vocation chrétienne. L’exactitude quotidienne constitue pour chacun un moyen simple et à portée de main, de répondre à sa vocation, sans tension mais avec amour et persévérance. Saint Benoît y insiste au point d’y consacrer tout un chapitre de sa Règle.

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p.113-114.)