29 décembre
Avant tout que jamais
n’apparaisse le vice du murmure,
pour quelque raison
que ce soit,
ni en paroles, ni en
un signe quelconque.
(Règle de Saint
Benoît 34,6)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 71,1-9 (Que les frères s'obéissent mutuellement)
¹Ce n'est pas seulement à l'abbé que tous les frères doivent rendre le
bien de l'obéissance; il faut encore qu'ils s'obéissent les uns aux autres. ²Ils sauront que c'est par cette voie de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. ³Plaçant avant tout les ordres de l'abbé et ceux des responsables qu'il a
établis -ordres auxquels nous ne permettons pas de préférer les directives
d'origine privée - ⁴tous les jeunes obéiront pour le reste à leurs anciens, en
toute charité et empressement. ⁵S'il se rencontre quelqu'un qui ait l'esprit
de contestation, il sera châtié. ⁶Lorsqu'un frère est repris par l'abbé ou par
un supérieur quelconque en n'importe quelle manière, et pour une cause même de
peu d'importance, ⁷s'il s'aperçoit alors tant soit peu que l'esprit de ce
supérieur est irrité ou ému contre lui, fût-ce légèrement, ⁸il se prosternera
aussitôt sans tarder par terre, à ses pieds, pour faire satisfaction jusqu'à ce
que la bénédiction qu'on lui donnera ait fait connaître que l'émotion est
calmée. ⁹Si quelqu'un dédaigne d'en agir ainsi, il sera soumis à un châtiment
corporel, et, s'il demeure opiniâtre, il sera expulsé du monastère.
Ms Abbaye de Maredret
…
pour chaque jour
L’obéissance, qui se joue en présence de Dieu, crée entre ses
partenaires une sorte de connivence. Elle implique de la part de celui qui
obéit non pas une soumission servile mais plutôt, enracinée dans le renoncement
à soi, une sorte de compassion envers celui qui se trouve en situation
d’autorité. Le renoncement à la volonté propre est tout aussi important, et
plus difficile encore, pour celui qui commande que pour celui qui obéit, pour
le plus ancien que pour le plus jeune. Qui aidera l’ancien à se libérer de soi
et de ses passions ? Qui le désarmera, le dépossédera de lui-même quand il
doit corriger ? Dieu, bien sûr, mais aussi Dieu présent dans le frère qui
accueille la correction, même de peu d’importance, avec humilité. C’est
pourquoi, si l’ancien est gagné par l’émotion ou l’irritation, la Règle suggère
de lui opposer non pas la résistance mais la douceur. Et ceci non pas parce que
les « jeunes » devraient toujours s’écraser devant les anciens ou
parce qu’a priori ils auraient tort, mais parce que l’humilité du plus jeune
prend le contrepied de la réaction naturelle qui répond à la colère par la
colère. Elle humilie l’ancien en remettant la relation d’obéissance à son juste
niveau : devant Dieu. Elle rétablit ainsi l’ordre des valeurs. Ni la
volonté de l’ancien ni la soumission du plus jeune ne comptent, mais bien le
fait que l’un et l’autre se tiennent devant Dieu dans l’humilité.
(Extrait de : Sœur LOYSE
MORARD osb, « OBÉIR, UNE SAGESSE ? ‘… ceux qui n’ont rien de plus
cher que le Christ…’ », Regard sur la Règle de saint Benoît n° 3,
Saint-Léger éditions, 2017, p. 67-68.)
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