5 juin
On ne préférera donc rien à
l’Œuvre de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 43,3)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 7,51-54 (L'humilité)
⁵¹Voici le septième degré d'humilité: non seulement se proclamer des
lèvres le dernier et le plus vil de tous, mais aussi le croire fermement du
fond de son cœur, ⁵²s'humiliant et disant avec le Prophète: « Pour moi je
suis un ver et non un homme; je suis l'opprobre des hommes et le rebut du
peuple; ⁵³j'ai été élevé, puis humilié et couvert de confusion. » ⁵⁴Et
ailleurs: « Il m'est bon d'avoir été humilié par toi, afin que j'apprenne
tes commandements. »
✥ ✥ ✥
…
pour chaque jour
Saint Paul disait : Nous portons ce trésor dans les vases
d'argile, quand il considérait les richesses de sagesse intérieure qu'il
portait en lui, tandis qu'il se voyait extérieurement comme un corps voué
à la corruption. Eh bien, chez le saint homme Job, le vase d'argile a éprouvé à
l'extérieur les déchirures de ses ulcères, mais le trésor intérieur est demeuré
intact. Au-dehors, il a craqué par ses blessures, mais intérieurement le trésor
indéfiniment renaissant de la sagesse a jailli en des paroles de sainte
connaissance comme celle-ci : Si nous avons reçu des biens de la main du
Seigneur, pourquoi n'en accepterions-nous pas des maux ? Ce qu'il appelle
les biens, ce sont les dons de Dieu, temporels ou éternels : ce qu'il appelle
les maux, ce sont les épreuves qu'il subit, dont le Seigneur a dit, par la
bouche du prophète : Je suis le Seigneur, et il n'y en a pas d'autre ; je
façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais la paix et je crée le
malheur.
Il façonne la lumière et crée les ténèbres, car lorsque les ténèbres de la
douleur sont créées à l'extérieur par les épreuves, à l'intérieur la lumière de
l'âme s'allume par la connaissance. Il fait la paix et crée le malheur, car la
paix avec Dieu nous est rendue lorsque des choses qui étaient bonnes en tant
que créées, mais non pas en tant que désirées, sont mauvaises pour nous en
devenant des épreuves. En effet, par le péché, nous sommes en désaccord avec
Dieu ; il est donc juste que nous revenions à la paix avec lui par les
épreuves. Ainsi, lorsque toute chose créée bonne nous cause de la douleur,
l'âme de celui qui est ainsi corrigé est rétablie par l'humilité dans la paix
avec son Créateur.
Mais ce qu'il faut surtout considérer dans ces paroles, c'est avec
quelle sagesse dans la réflexion Job se ressaisit contre les objurgations de sa
femme : Si nous avons reçu des biens de la main du Seigneur, pourquoi n'en
accepterions-nous pas des maux ? Certes, c'est un grand réconfort dans
l'affliction de rappeler à notre mémoire les biens reçus du Créateur, au moment
où nous endurons l'adversité. On ne se laisse pas briser par la rencontre de la
douleur, si l'on se hâte de se rappeler un bienfait qui nous réconforte. C'est
pourquoi il est écrit : Au jour du malheur, n'oublie pas le bonheur ;
au jour du bonheur, n’oublie pas le malheur.
Celui qui reçoit des bienfaits, mais qui, à l'époque des bienfaits, ne
redoute aucunement l'épreuve, se précipite dans l'orgueil sous l'effet de la
joie. Celui qui est broyé par les épreuves mais qui, à l'époque des épreuves,
ne trouve aucun réconfort dans les bienfaits qu'il a eu le bonheur de recevoir,
voit s’anéantir son équilibre spirituel par un désespoir total.
Il faut donc joindre les deux, pour que l'un vienne toujours soutenir
l'autre, de telle sorte que le souvenir du bienfait reçu atténue la peine
causée par l'épreuve, et que l'éventualité et la crainte de l'épreuve refrènent
la joie du bienfait. Le saint homme Job, pour calmer son âme écrasée par les
coups, doit apprécier, dans les douleurs causées par l'épreuve, la douceur des
bienfaits en disant : Si nous avons reçu des biens de la main du Seigneur,
pourquoi n'en accepterions-nous pas des maux ?
(SAINT GRÉGOIRE le GRAND, Commentaire sur le Livre de Job)
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