8 janvier
Que l’abbé ne fasse point
acception des personnes
dans le monastère.
(Règle de Saint
Benoît 2,16)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 1,1-5 (Les catégories de moines)
¹Il est manifeste qu'il y a quatre catégories de moines. ²La première
est celle des cénobites, c'est-à-dire de ceux qui vivent en commun, dans un
monastère, et combattent sous une règle et un abbé. ³La deuxième catégorie est
celle des anachorètes ou ermites. Ceux-ci n'en sont plus à la simple ferveur du
début dans la vie religieuse. Formés par une longue épreuve dans le monastère, ⁴ils ont appris, grâce au soutien de nombreux frères, à lutter contre le
démon. ⁵Bien exercés, ils passent de cette armée fraternelle au combat
solitaire du désert; et, sûrs désormais d'eux-mêmes, sans le secours d'autrui,
ils peuvent soutenir, Dieu aidant, avec leur seul main et leur seul bras, la
guerre contre les vices de la chair et des pensées.
Ms Abbaye de Maredret
…
pour chaque jour
[…] vivre la communion fraternelle, mettre en œuvre l’amour de Dieu
concrètement, dans la vie de tous les jours, ne va pas sans difficulté. Saint
Benoît dénonce un obstacle constant, un vice que la Règle s’ingénie à débusquer
et dont les pièges prennent de nombreuses formes : « la
propriété » ou le « pour soi ». Il ne s’agit pas tant de la propriété
matérielle mais bien plutôt de cette tendance qui nous habite à tout ramener à
soi, à tout garder pour soi, à se défendre ou à se protéger pour ne pas
« s’exposer ». Cette tendance va directement à l’encontre de la
communion que Dieu veut étendre jusqu’à nous et à travers nous. Le « proprium »,
le vice de la propriété affecte en tout premier lieu la volonté. C’est dire
combien il nous est inné. La vie commune nous donne la chance de nous en
libérer. Grâce à elle, nous sommes relativisés, décentrés, nous pouvons être
affranchis de nous-mêmes à la fois au plus profond de ce que nous sommes et au
plus quotidien. C’est le sens de l’obéissance, qui nous fait communier au
Christ et avec lui à la vie du Père dans l’Esprit Saint. Bien comprise et bien
vécue, elle nous initie pratiquement au mystère de Dieu. Quant à la
« propriété » qui affecte notre rapport aux choses, elle est exclue
radicalement. « Que tout soit commun à tous » (RB 33,6). Cette
désappropriation matérielle n’est qu’un signe de la nécessaire dépossession de
nous-mêmes, infiniment plus radicale, qui atteint notre volonté et même notre
corps.
(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « AIMER LA VIE. ‘Quel
est l’homme qui veut la vie ?’ », Regard sur la Règle de saint
Benoît n° 10, Saint-Léger éditions, 2017, p. 70-71.)
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