11 mai

… L’abbé se conduira avec discernement et modération.
(Règle de Saint Benoît 64,17)



La Règle de Saint Benoît…

RB 2,1-10 (Les qualités que doit avoir l'abbé)

¹L'abbé qui est jugé digne de gouverner le monastère doit se rappeler sans cesse le titre qu'il porte et réaliser par ses actes le titre de supérieur. ²On croit fermement, en effet, qu'il tient la place du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle de son nom même, ³selon ces paroles de l'Apôtre: « Vous avez reçu l'esprit des fils d'adoption, par lequel nous crions: Abba, c'est-à-dire Père ». L'abbé ne doit donc rien enseigner, établir ou commander qui s'écarte des préceptes du Seigneur ; mais ses ordres et ses enseignements doivent se répandre dans l'esprit de ses disciples, comme un levain de la divine justice. L'abbé doit se souvenir sans cesse qu'au redoutable jugement de Dieu, il devra rendre un compte exact de deux choses: de son enseignement et de l'obéissance de ses disciples. Qu'il sache que l'on imputera à la faute du pasteur tout ce que le Père de famille trouvera de mécompte dans ses brebis. Au contraire, c'est pour autant qu'il aura consacré toute sa sollicitude pastorale à un troupeau turbulent et indocile, et dépensé tous ses soins pour guérir leurs maladies spirituelles, que lui-même sera absous au jugement du Seigneur et pourra lui dire avec le prophète: « Je n'ai point caché ta justice, dans mon cœur: je leur ai dit ta fidélité et ton salut, mais ils n'en ont fait aucun cas et ils m'ont méprisé. » ¹⁰Alors, en punition, la mort frappera ces brebis qui ont été rebelles aux soins de leur pasteur.

… pour chaque jour

La brebis chétive, vous ne lui avez pas rendu des forces, dit le Seigneur. Il s'adresse aux mauvais pasteurs, aux faux pasteurs, aux pasteurs qui cherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Ils profitent du lait et de la laine, ils ne s'occupent absolument pas des brebis et ne fortifient pas celle qui va mal.
Entre le chétif, c'est-à-dire celui qui n'est pas solide (car on dit aussi que les malades sont chétifs), donc plutôt entre le faible et le malade, c'est-à-dire celui qui va mal, voici, me semble-t-il, quelle est la différence.
Cette distinction, mes frères, que nous essayons de faire vaille que vaille, peut-être, avec plus de précision, pouvons-nous mieux la faire, ou un autre plus habile ou au cœur plus lumineux. Pour l'instant, ne vous y trompez pas, j'explique les mots de l'Écriture comme je les comprends. Pour ce qui est du faible, il ne faut pas que la tentation lui arrive, car on doit craindre qu'elle ne le brise. Tandis que l'homme languissant est déjà malade, par une certaine convoitise qui l'empêche d'entrer dans le chemin de Dieu, de se soumettre au joug du Christ.
Considérez ces hommes qui veulent vivre bien, qui ont déjà décidé de vivre bien, et qui sont moins capables de souffrir le mal qu'ils ne sont prêts à faire le bien. La fermeté chrétienne ne consiste pas seulement à faire ce qui est bon, mais aussi à supporter ce qui est mauvais. Ceux qui paraissent fervents pour de bonnes actions, mais ne peuvent ni ne veulent tolérer des souffrances imminentes, sont des faibles. Ceux qui, aimant le monde, sont détournés des bonnes actions par une convoitise mauvaise, sont immobilisés par la langueur et la maladie, et du fait de cette langueur, qui semble leur enlever toutes leurs forces, ils ne peuvent rien accomplir de bon.
Tel fut, dans son âme, le paralytique que ses porteurs, ne pouvant amener jusqu'au Seigneur, firent descendre par le toit qu'ils venaient d'ouvrir. C'est comme si, dans ton âme, tu voulais réussir à ouvrir le toit et à déposer devant le Seigneur ton âme paralysée, dont tous les membres seraient inertes, qui serait incapable d'aucune œuvre bonne, accablée par ses péchés, et languissant par la maladie de sa convoitise. Si tous ses membres sont inertes et si la paralysie est intérieure, pour parvenir jusqu'au médecin, — peut-être en effet le médecin est-il caché, est-il intérieur : ce vrai sens est caché dans les Écritures — en manifestant ce qui était caché, ouvre le toit et dépose le paralytique.
Ceux qui ne s'occupent pas de la brebis malade, vous avez entendu ce qu'on leur dit : Vous n'avez pas rendu des forces à celle qui allait mal, vous n'avez pas bandé celle qui était brisée. Nous vous avons déjà dit cela. Cet homme était brisé par la terreur des tentations. Mais voici quelque chose qui bandera la fracture, voici une consolation : Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces. Avec la tentation, il vous donnera le moyen d'en sortir, et la force de la supporter. 

(SAINT AUGUSTIN, Sermon sur les pasteurs)









1 commentaire:

Anonyme a dit…

Utinam !