10 janvier
Désirer
la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
(Règle de Saint Benoît
4,46)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 2,1-10 (Les qualités que doit avoir
l'abbé)
¹L'abbé qui est jugé digne de gouverner le monastère doit se rappeler
sans cesse le titre qu'il porte et réaliser par ses actes le titre de
supérieur. ²On croit fermement, en effet, qu'il tient la place du Christ dans
le monastère, puisqu'on l'appelle de son nom même, ³selon ces paroles de
l'Apôtre: « Vous avez reçu l'esprit des fils d'adoption, par lequel nous
crions: Abba, c'est-à-dire Père ». ⁴L'abbé ne doit donc rien enseigner,
établir ou commander qui s'écarte des préceptes du Seigneur ; ⁵mais ses ordres
et ses enseignements doivent se répandre dans l'esprit de ses disciples, comme
un levain de la divine justice. ⁶L'abbé doit se souvenir sans cesse qu'au
redoutable jugement de Dieu, il devra rendre un compte exact de deux choses: de
son enseignement et de l'obéissance de ses disciples. ⁷Qu'il sache que l'on
imputera à la faute du pasteur tout ce que le Père de famille trouvera de
mécompte dans ses brebis. ⁸Au contraire, c'est pour autant qu'il aura consacré
toute sa sollicitude pastorale à un troupeau turbulent et indocile, et dépensé
tous ses soins pour guérir leurs maladies spirituelles, ⁹que lui-même sera
absous au jugement du Seigneur et pourra lui dire avec le prophète: « Je
n'ai point caché ta justice, dans mon cœur: je leur ai dit ta fidélité et ton
salut, mais ils n'en ont fait aucun cas et ils m'ont méprisé. » ¹⁰Alors,
en punition, la mort frappera ces brebis qui ont été rebelles aux soins de leur
pasteur.
…
pour chaque jour
Fils d'homme, je fais de toi un guetteur pour
la maison d'Israël. Il faut noter que le Seigneur désigne comme un « guetteur » celui
qu'il envoie prêcher. Le guetteur se tient toujours sur la hauteur pour voir de
loin tout ce qui va venir. Et tout homme qui reçoit le
poste de guetteur doit se tenir sur la hauteur par sa vie, afin de pouvoir
rendre service par sa vigilance.
Combien il m'est cruel de dire ces paroles !
Car en parlant, je me frappe moi-même : je ne pratique pas la prédication comme
je le devrais ; et lorsque cette prédication est suffisante, ma vie ne concorde
pas avec ma parole.
Je ne nie pas ma culpabilité, je vois ma
torpeur et ma négligence. Peut-être que de reconnaître ma faute m'obtiendra le
pardon auprès du juge miséricordieux ? Sans doute, quand j'étais au monastère,
j'étais capable de retenir ma langue des paroles inutiles et de garder presque
continuellement mon esprit attentif à la prière. Mais, après avoir endossé le
fardeau de la charge pastorale, mon esprit ne peut plus se recueillir
assidûment, parce qu'il est divisé par quantité de soucis.
En effet, je suis obligé d'examiner les
affaires tantôt des Églises, tantôt des monastères, et souvent de juger la vie
et les actes des personnes privées ; tantôt de m'occuper longuement de certains
problèmes civiques, tantôt de gémir devant l'assaut meurtrier des barbares et
de redouter les loups qui menacent le troupeau que Dieu m'a confié. Tantôt je
suis contraint de prendre des mesures pour que les secours ne manquent pas à
ceux-là mêmes qui sont tenus par la règle monastique ; tantôt je dois supporter
avec patience certains pillards, et tantôt m'opposer à eux pour sauvegarder la
charité.
Lorsque l'esprit est amené à se disperser et
à se déchirer par le souci d'affaires si nombreuses et si importantes, comment
peut-il rentrer en lui-même afin de se recueillir entièrement pour la
prédication, et ne pas renoncer au ministère de la parole ? Mais, parce que les
obligations de ma charge m'obligent souvent à rencontrer des hommes du monde,
il m'arrive de relâcher la discipline de ma langue. Car, si je maintiens
constamment une sévérité rigoureuse, je sais que je mets en fuite les plus
faibles, et je ne les attirerai jamais comme je le voudrais. C'est pourquoi il
m'arrive souvent d'écouter leurs paroles inutiles. Mais parce que je suis
faible, moi aussi, je me laisse quelque peu entraîner aux discours inutiles, et
je me mets à parler volontiers sur des sujets que j'avais d'abord écoutés de
mauvais gré : et là où cela m'ennuyait de manquer au silence, je trouve plaisir
à m'étendre.
Quel « guetteur » suis-je donc, qui ne me
tiens pas posté sur la montagne de l'efficacité, mais plutôt gisant dans la
vallée de la faiblesse ? Mais le créateur et rédempteur du genre humain est
assez puissant pour me donner, malgré mon indignité, et la noblesse de la vie
et l'efficacité de la prédication, car c'est pour son amour que je me consacre
totalement à sa parole.
(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND [°v.540 – 〸604], Homélie sur Ézékiel)
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