25 décembre

Ne rien préférer à l’amour du Christ.
(Règle de Saint Benoît 4,21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 67,1-7 (Des frères que l'on envoie en voyage)

¹Les frères qui doivent aller en voyage se recommanderont à la prière de tous les frères et de l'abbé. ²Après la dernière oraison de l'Œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents. ³En rentrant de voyage, le jour même de leur retour, les frères se prosterneront à terre dans l'oratoire à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'Œuvre de Dieu. Ils demanderont les prières de tous, à cause des écarts qu'ils auraient pu commettre en voyage, par leurs regards, ou en écoutant de mauvaises choses ou de vains propos. Personne ne se permettra de rapporter sans discernement à autrui ce qu'il aurait vu ou entendu hors du monastère, car cela produit de très grands dégâts. Celui qui oserait le faire sera soumis à la correction régulière. De même celui qui se permettrait de sortir de l’enceinte du monastère, ou d'aller n'importe où, ou de faire quoi que ce soit, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.



… pour chaque jour

Qu’il a remarqué ou entendu raconter en dehors du monastère. Cette prescription de saint Benoît a pour fondement l’idée qu’il a de la vie chrétienne et de la vie monastique. Pourquoi ce silence gardé vis-à-vis de ce que l’on a pu voir ou entendre en voyage ? Ne peut-on tirer profit de tout ? Il est vrai que toutes choses parlent de Dieu et que les faits les plus divers sont, pour qui sait les regarder chrétiennement, des aspects du drame de la Rédemption et sont invitation à entrer dans le sacrifice du Christ, sous son aspect de louange, d’adoration, d’intercession. Mais saint Benoît sait bien que lorsque, au retour du voyage, le moine peut éprouver la démangeaison de parler, ce n’est plus uniquement pour dégager le sens chrétien des faits ou des événements. Que nous reste-t-il, le plus souvent, de ce que nous avons vu et entendu, sinon les apparences, ce qui a piqué la curiosité, ému la sensibilité, c’est-à-dire ce qui passe, voué à l’oubli. Alors, même si sur le moment on a réagi chrétiennement parce qu’on avait la grâce pour le faire, y revenir et en parler au lieu de nous ramener à Dieu, nous dissipe et nous détourne de l’unique nécessaire. De moyen providentiel qu’était tel fait divers, il devient alors obstacle à notre vie d’union à Dieu. Nous avons là matière à bien des petits sacrifices très importants si nous voulons arriver à la pureté du cœur.

Écoute, 1958

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 645-646)










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