10 septembre

Tempérer tellement toutes choses
que les forts désirent faire davantage
et que les faibles ne se dérobent pas.

(Règle de Saint Benoît 64,19)




La Règle de Saint Benoît...

RB 2,1-10 (Les qualités que doit avoir l'abbé)

¹L'abbé qui est jugé digne de gouverner le monastère doit se rappeler sans cesse le titre qu'il porte et réaliser par ses actes le titre de supérieur. ²On croit fermement, en effet, qu'il tient la place du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle de son nom même, ³selon ces paroles de l'Apôtre: « Vous avez reçu l'esprit des fils d'adoption, par lequel nous crions: Abba, c'est-à-dire Père ». ⁴L'abbé ne doit donc rien enseigner, établir ou commander qui s'écarte des préceptes du Seigneur; ⁵mais ses ordres et ses enseignements doivent se répandre dans l'esprit de ses disciples, comme un levain de la divine justice. ⁶L'abbé doit se souvenir sans cesse qu'au redoutable jugement de Dieu, il devra rendre un compte exact de deux choses: de son enseignement et de l'obéissance de ses disciples. ⁷Qu'il sache que l'on imputera à la faute du pasteur tout ce que le Père de famille trouvera de mécompte dans ses brebis. ⁸Au contraire, c'est pour autant qu'il aura consacré toute sa sollicitude pastorale à un troupeau turbulent et indocile, et dépensé tous ses soins pour guérir leurs maladies spirituelles, ⁹que lui-même sera absous au jugement du Seigneur et pourra lui dire avec le prophète: « Je n'ai point caché ta justice, dans mon cœur: je leur ai dit ta fidélité et ton salut, mais ils n'en ont fait aucun cas et ils m'ont méprisé. » ¹⁰Alors, en punition, la mort frappera ces brebis qui ont été rebelles aux soins de leur pasteur.


Ste Hildegard - E. Weinert



... pour chaque jour

Notre gloire, c'est le témoignage de notre conscience. Il y a des hommes qui jugent témérairement, qui critiquent, qui grognent, qui récriminent, qui s'évertuent à jeter le soupçon sur ce qu'ils ne voient pas, et aussi à ébranler ce qui n'inspire aucun soupçon : contre ces gens-là, que nous reste-t-il, sinon le témoignage de notre conscience ? Mes frères, même quand nous voulons plaire, nous ne cherchons pas notre gloire et nous ne devons pas la chercher ; nous devons chercher le salut de ceux qui ne s'égareront pas en nous suivant, si nous marchons droit. Ils doivent nous imiter, si nous imitons le Christ ; et si nous n'imitons pas le Christ, ils doivent pourtant l'imiter, lui. Car c'est lui qui conduit son troupeau, et il est le seul avec tous ceux qui le conduisent bien, parce que tous sont en lui.

Ce n'est pas notre avantage que nous cherchons, quand nous voulons plaire aux hommes ; ce que nous voulons, c'est trouver notre joie dans les hommes, c'est-à-dire que nous nous réjouissons de les voir aimer ce qui est bien, et cela pour leur avantage, non pour notre prestige. C'est contre ceux qui le recherchent que l'Apôtre a dit : Si je cherchais à plaire aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ. Et c'est évidemment pour eux qu'il a dit : Cherchez à plaire à tous en toutes choses, comme moi-même je plais à tous en toutes choses. Ces paroles sont toutes deux parfaitement claires, toutes deux tranquilles, toutes deux pures, toutes deux sans trouble. Quant à toi, contente-toi de brouter et de boire : ne piétine pas le pâturage, ne trouble pas la source. 

Car vous avez bien entendu le maître des Apôtres, le Seigneur Jésus Christ lui-même : Que vos actions brillent devant les hommes, afin qu'en voyant ce que vous faites de bien, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux, c'est-à-dire qui vous a faits ce que vous êtes. Car nous sommes le peuple de son pâturage, les brebis guidées par sa main. Il faut donc louer celui qui t'a rendu bon, si tu es bon; ce n'est pas toi qu'il faut louer, car, par toi-même, tu ne pouvais être que mauvais. Pourquoi veux-tu retourner la vérité en voulant te louer toi-même quand tu fais quelque chose de bon, alors que, si tu fais quelque chose de mauvais, c'est au Seigneur que tu veux le reprocher ? Car celui qui a dit : Que vos actions brillent devant les hommes, est celui qui a dit, dans le même discours: N'accomplissez pas votre justice devant les hommes. De même que les deux conseils de l'Apôtre te semblaient opposés, de même ces deux paroles de l'Évangile. Si tu ne troubles pas l'eau de ton cœur, tu reconnaîtras ici la paix des Écritures, et toi aussi tu y trouveras la paix.

Veillons donc, mes frères, non seulement à bien vivre, mais aussi à bien nous comporter devant les hommes ; veillons non seulement à avoir bonne conscience, mais, autant que c'est possible à notre faiblesse, autant que nous pouvons surveiller notre fragilité, veillons encore à ne rien faire qui inspire un mauvais soupçon à notre frère le plus faible. En broutant une herbe pure et en buvant une eau pure, ne risquons pas de piétiner le pâturage de Dieu, si bien que les brebis les plus faibles auraient à brouter un pâturage piétiné et à boire une eau troublée.

(Saint Augustin d’Hippone, Homélie sur les brebis)











 



Aucun commentaire: