12 décembre
Les
frères donneront leur avis
en
toute humilité et soumission.
(Règle
de Saint Benoît 3,4)
RB 58,17-29 (La manière de recevoir les frères)
¹⁷Avant d'être reçu, il promettra donc publiquement, dans l'oratoire,
stabilité , vie religieuse et obéissance ¹⁸en la présence de Dieu et de ses
saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné
par celui dont il se moque. ¹⁹De cette promesse, il fera une demande écrite au
nom des Saints dont les reliques sont en ce lieu, et de l'abbé présent. ²⁰Il
écrira cette demande de sa propre main, ou du moins, s'il est illettré, il
priera un autre de l'écrire pour lui. Le novice lui-même la signera, et de sa
main la déposera sur l'autel. ²¹Lorsqu’il l'y aura placée, il entonnera
aussitôt ce verset: « Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole, et je vivrai,
et ne me confonds pas dans mon attente. » ²²Toute la communauté répétera
trois fois ce verset, et conclura par le Gloria Patri. ²³Le novice se
prosternera alors aux pieds de chacun des frères, afin qu'ils prient pour lui.
A dater de ce jour, on le tiendra pour membre de la communauté. ²⁴S'il possède
quelque avoir, ou bien il le distribuera auparavant aux pauvres, ou bien il
l'attribuera au monastère par une donation solennelle, sans rien se réserver du
tout ; ²⁵car il sait que, dès cet instant, il ne peut plus même disposer de
son propre corps. ²⁶On le dépouillera donc immédiatement dans l'oratoire de
tous les effets personnels dont il était vêtu, et on le revêtira d'habits
appartenant au monastère. ²⁷Les vêtements qu'il aura quittés seront conservés
au vestiaire, ²⁸afin que si, un jour, à l'instigation du diable, il voulait
sortir du monastère - ce qu'à Dieu ne plaise - on puisse lui ôter les habits du
monastère et le chasser. ²⁹On ne lui rendra pas néanmoins sa demande écrite,
que l'abbé a prise jadis sur l'autel, mais on la gardera dans le monastère.
... pour chaque jour
Seul compte, me semble-t-il, ce retournement du cœur qui rend possible
l’avenir. « Va et ne pèche plus », dit Jésus à la femme adultère,
après l’avoir sauvée de la lapidation. Tout est neuf à nouveau. Il n’y a plus
de mort. Or, la mort est le miroir où, sans cesse, nous nous regardons. C’est
pourquoi il me semble impossible de parler de moi. Le miroir est brisé. Mais je
voudrais tenter de parler de Lui. Comment Il nous cherche. Comment Il m’a
cherché, trouvé.
Dans L’Adolescent, de Dostoïevski, un homme qui a tout perdu, sa
jeunesse, sa femme, sa maison, et va, et va, sans feu ni lieu, vivant de rien,
dormant l’été à la belle étoile, purifiant son cœur, marchant vers le
« lieu du cœur », et il faut beaucoup de temps, beaucoup d’espace
pour parvenir à ce « centre perdu », comme dit Lorentzatos ; cet
homme se réveille en plein champ, un matin très tôt, quand tout est léger,
neuf, originel. Quand l’autre soleil éclaire, comme pour un jour sans déclin.
Et pour la première fois sans doute, cet homme voit, entend, perçoit tout,
reçoit tout « dans le mystère ». Il s’était éveillé au soleil. Il
s’éveille à l’autre soleil. Et voici : la prière est l’essence des choses,
et l’homme la recueille et l’énonce. « L’herbe pousse – pousse, petite
herbe de Dieu ! » Un effroi sacré creuse le cœur, creuse le sable, le
gravier, comme j’aimais, enfant, creuser la plage déserte, en hiver, jusqu’à ce
que le ciel se renverse et qu’apparaisse, tout au fond, l’eau ronde, l’autre
lumière. « Oui, il y a des mystères. C’est terrible pour le cœur, et c’est
merveilleux, et cet effroi même réjouit le cœur. » Et l’errant Macaire, ce
qui veut dire le « bienheureux », au sens des Béatitudes –
« Bienheureux les doux, car ils hériteront la terre », ils l’héritent
déjà – le pèlerin Macaire conclut : « Tout est en toi, Seigneur, je
suis moi-même en toi, reçois-moi ! »
L’absence apparente de Dieu ouvre l’espace de ce
« reçois-moi ». Jusqu’au jour où nous comprenons que c’est Dieu notre
liberté, et que son silence, justement, nous rend libres : « Tout est
en toi, reçois-moi. »
(OLIVIER CLÉMENT, L’autre soleil – quelques notes
d’autobiographie spirituelle, Desclée de Brouwer, 2010, p. 7-8)
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