5 mars
Ne
pas vouloir être appelé saint avant de l’être,
mais
le devenir d’abord,
alors
on le sera appelé avec plus de vérité.
(Règle
de Saint Benoît 4,62)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 28,1-8 (Ceux qui, souvent repris, refusent de se corriger)
¹Si un frère, après avoir été fréquemment repris pour quelque faute et
même après avoir été excommunié, ne s'amende pas, on lui infligera une
correction plus rude, c'est-à-dire on procédera contre lui par le châtiment des
verges. ²Que s'il ne se corrige pas encore, ou que, peut-être, enflé
d'orgueil, ce que Dieu ne permette pas, il veuille même défendre sa conduite,
l'abbé fera alors ce que fait un sage médecin : ³employer les cataplasmes, les
onguents des exhortations, les remèdes des divines Ecritures, enfin la brûlure
de l'excommunication et les coups de verges. ⁴S'il voit que toute son habileté
n'a rien obtenu, il emploiera alors un moyen plus efficace, sa prière et celle
de tous les frères pour lui, ⁵afin que le Seigneur, qui peut tout, rende la
santé à ce frère malade. ⁶Mais si ce remède n'opérait pas la guérison, l'abbé
prendra alors le fer qui retranche, selon la parole de l'Apôtre: « Otez le
mal d'entre vous. » ⁷Et encore: « Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en
aille », ⁸de peur qu'une brebis malade ne contamine tout le troupeau.
✥ ✥ ✥
…
pour chaque jour
ù donc notre fragilité peut-elle trouver repos et sécurité, sinon dans
les plaies du Sauveur ? Je m'y sens d'autant plus protégé que son salut est
plus puissant. L'univers chancelle, le corps pèse de tout son poids, le diable
tend ses pièges : je ne tombe pas, car je suis campé sur un roc solide. J'ai
commis quelque grave péché : ma conscience se trouble, mais elle ne perd pas
courage, puisque je me souviens des plaies du Seigneur, qui a été
transpercé à cause de mes fautes. Rien n'est à ce point voué à la mort que la
mort du Christ ne puisse le libérer. Dès que je pense à cette médecine si forte
et efficace, la pire des maladies ne m'effraie plus.
Il se trompait donc, celui qui a dit : Mon péché est trop grand
pour que j'en obtienne pardon. Il est vrai qu'il n'était pas un membre du
Christ, et que les mérites du Christ ne le concernaient pas ; il n'avait pas le
droit de les revendiquer pour lui, comme un membre peut dire siens les biens de
la tête.
Pour moi, ce qui me manque par ma faute, je le tire hardiment des
entrailles du Seigneur, car la miséricorde y abonde, et elles sont percées
d'assez de plaies pour que l'effusion se produise. Ils ont percé ses mains, ses
pieds, et d'un coup de lance son côté. Par ces trous béants, je puis goûter le
miel de ce roc et l'huile qui coule de la pierre très dure, c'est-à-dire goûter
et voir combien le Seigneur est bon. Il formait des pensées de paix et je
ne le savais pas. Qui, en effet, a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été
son conseiller ? Mais le clou qui pénètre en lui est devenu pour moi une
clef qui m'ouvre le mystère de ses desseins. Comment ne pas voir à travers ces
ouvertures ? Les clous et les plaies crient que vraiment, en la personne du
Christ, Dieu se réconcilie le monde. Le fer a transpercé son être et
touché son cœur afin qu'il n'ignore plus comment compatir à mes
faiblesses.
Le secret de son cœur paraît à nu dans les plaies de son corps ; on voit
à découvert le grand mystère de sa bonté, cette miséricordieuse tendresse
de notre Dieu, Soleil levant qui nous a visités d'en haut. Et comment cette
tendresse ne serait-elle pas manifeste dans ses plaies ? Comment montrer plus
clairement que par tes plaies que toi, Seigneur, tu es doux et
compatissant et d'une grande miséricorde, puisqu'il n'est pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour des condamnés à mort ?
Tout mon mérite, c'est connaître la pitié du Seigneur, et je ne
manquerai pas de mérite tant que la pitié ne lui fera pas défaut. Si les
miséricordes de Dieu se multiplient, mes mérites seront nombreux, Mais
qu'arrivera-t-il, si j'ai à me reprocher quantité de fautes ? Là où le
péché s'était multiplié la grâce a surabondé. Et si la bonté du Seigneur
s'étend de toujours à toujours, de mon côté je chanterai sans fin les
miséricordes du Seigneur. Est-ce là ma justice ? Seigneur, je ferai mémoire de
ta seule justice, car c'est elle qui est devenue ma justice, puisque pour moi
tu es devenu justice de Dieu.
(SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX, Homélie sur le Cantique des Cantiques)
* Initiale - Ms Abbaye de Maredret
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