10 avril

… L’abbé se conduira avec discernement et modération.
(Règle de Saint Benoît 64,17)



La Règle de Saint Benoît…

RB 57,1-9 (Les artisans du monastère)

¹S'il y a des artisans dans le monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, à la condition que l'abbé le leur permette. ²Si l'un d'eux venait à s'enorgueillir de ce qu'il sait faire, se persuadant qu'il apporte quelque profit au monastère, ³on lui interdira l'exercice de son métier et il ne s'en occupera plus, à moins qu'il ne se soit humilié et que l'abbé ne lui ait commandé d'y retourner. ⁴Si l'on doit vendre des ouvrages de ces artisans, ceux qui feront la transaction se garderont bien de commettre aucune fraude. ⁵Ils se souviendront toujours d'Ananie et de Saphire, de peur que la mort que ceux-ci subirent dans leur corps, ils ne la subissent dans leur âme, ⁶eux et tous ceux qui commettraient de la fraude au sujet des biens du monastère. ⁷Pour ce qui concerne les prix, on verra à ce que l'avarice ne s'y glisse pas. ⁸Au contraire, on vendra un peu moins cher que les séculiers, ⁹ « afin qu'en tout Dieu soit glorifié. »

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… pour chaque jour

ans notre société marchande où tout se vend et s'achète, la gratuité apparaît tout au plus comme un rêve de prophète ou de poète! Pourtant, si le mot nous retient, c'est peut-être qu’il contient comme une invitation à diverger, à sortir de l’hypnose des diktats de tous ordres, à refuser la conquête de l’être par l’avoir. 
La gratuité n’est pas loin de la grâce… il y a là une hauteur qu'on pourrait se risquer à explorer. Si l’on en croit la tradition biblique, la grâce s’enracine dans une largesse qui vient d’en haut. Elle indique une profusion qui se répand largement et pour tous.
(...)
Le don divin vient (ici) interrompre l'ingratitude humaine. Il reste immérité, il est pure gratuité. Il y aurait donc à écouter que tout est don… et c'est là la richesse qu'évoque le mot gratuité! Ce qui est essentiel à la vie n'a pas de prix. C'est hors de prix, car hors marché. On ne peut acheter la brise du soir, le feu dans l'âtre, la rose qui fleurit sans pourquoi. Si on monnaie l’amour, est-il encore l’amour? La caresse, l’arc-en-ciel, l’éclat de rire, le poème… nos existences sont peuplées de ces réalités hors de prix qui nous mettent en joie et en mouvement. Les marchander, c'est les dénaturer. On ne peut que s'y ouvrir dans le geste de rendre grâce. 
La réponse humaine au don de Dieu est dans cette ouverture du dedans qui demande qu'on se souvienne de ce qui a été donné. 

(FRANCINE CARRILLO, Pour une spiritualité de l´insurrection, Coédition Ouverture-Olivétan-Opec, Son mot à dire…, 2014, p. 45-46) 

* Initiale - Ms Abbaye de Maredret







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