11 avril

Tempérer tellement toutes choses
que les forts désirent faire davantage
et que les faibles ne se dérobent pas.
(Règle de Saint Benoît 64,19)



La Règle de Saint Benoît…

RB 58,1-16 (La manière de recevoir les frères)

¹On n'accordera pas facilement l'entrée à celui qui vient s'y engager dans la vie religieuse ; ²mais on fera ce que dit l'Apôtre: « Eprouvez les esprits pour discerner s'ils sont de Dieu. » ³Si le postulant persévère à frapper à la porte, et s'il supporte patiemment les rebuffades et les difficultés qui lui sont faites à son entrée, et s'il persiste dans sa demande depuis quatre ou cinq jours, ⁴il obtiendra alors la permission d'entrer. Il passera quelques jours dans le logis des hôtes. ⁵Ensuite, il passera dans le logis des novices, où ils méditent, mangent et dorment. ⁶On lui donnera, pour le conduire, un ancien qui soit apte à gagner les âmes et qui veillera sur lui très attentivement. ⁷Il examinera avec attention si le novice cherche vraiment Dieu, s'il est attentif à l'Œuvre de Dieu, à l'obéissance et aux humiliations. ⁸On lui fera connaître toutes les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu. ⁹S'il promet de persévérer en sa résolution, alors, après deux mois, on lui lira cette Règle tout au long, ¹⁰et on lui dira: « Voici la loi sous laquelle tu veux militer. Si tu peux l'observer, entre; sinon, tu es libre de te retirer. » ¹¹S'il persiste, on le reconduira au susdit logement des novices, et on se remettra à éprouver de toute manière sa patience. ¹²Au bout de six mois, on lui lira encore la Règle, afin qu'il sache à quoi il s'engage. ¹³S'il persévère toujours, après quatre autres mois, on lui relira encore une fois la même Règle. ¹⁴Si enfin, après mûre délibération, il promet de la garder dans tous ses points et d'observer tout ce qui est commandé, il sera reçu dans la communauté, ¹⁵sachant au surplus que, en vertu de la Règle, il ne lui est plus permis, à partir de ce jour, de sortir du monastère, ¹⁶ni de secouer le joug de cette Règle, qu'après une aussi longue délibération il a été à même de refuser ou d'accepter.

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… pour chaque jour



Le Seigneur connaît les pensées et les intentions de notre cœur. Nul doute que lui, en effet, les connaisse toutes, mais nous, nous connaissons seulement celles qu'il nous rend manifestes par la grâce du discernement. Car l'esprit de l'homme ne sait pas toujours ce qui est en lui, et même lorsqu'il s'agit de ses pensées, qu'elles soient voulues ou non, il s'en fait une idée qui ne correspond pas toujours à la réalité. Même celles qui se présentent avec évidence au regard de son esprit, il ne les discerne pas avec précision, tant son regard est obscurci.

Il arrive souvent, en effet, pour une raison humaine ou qui relève du Tentateur, qu'on soit lancé par sa propre pensée dans ce qui n'est que l'apparence de la piété, et qui, aux yeux de Dieu, ne mérite nullement la récompense promise à la vertu. C'est qu'en effet certaines choses peuvent prendre l'aspect de vertus véritables, comme d'ailleurs de vices, et tromper les yeux du cœur. Par leurs séductions propres, elles peuvent troubler la vue de notre intelligence au point de lui faire prendre souvent pour du bien des réalités mauvaises en fait, et inversement de lui faire discerner du mal là où, en fait, il n'y en a pas. C'est là un aspect de notre misère et de notre ignorance, qu'il nous faut beaucoup déplorer et grandement redouter.

Il est écrit à ce sujet : Il est des voies qui paraissent droites à l'homme, mais qui débouchent sur l'enfer. C'est pour nous garder de ce danger que saint Jean nous exhorte en disant : Éprouvez les esprits, pour voir s'ils viennent de Dieu. Mais qui peut vérifier si les esprits viennent de Dieu, à moins d'avoir reçu de Dieu le discernement des esprits, et de pouvoir ainsi examiner avec précision et sans se tromper les pensées, les affections et les intentions de l'esprit ? Ce discernement est à la source de toutes les vertus et chacun en a besoin, soit pour conduire les autres, soit pour se diriger et s'amender soi-même.

Droite est notre idée de ce qu'il faut faire, quand elle est guidée par la volonté de Dieu; pure et bonne est notre intention, quand elle se dirige vers Dieu en toute simplicité. L'ensemble de notre vie en ce corps et de chacun de nos actes sera pénétré de lumière à condition que notre œil soit simple. Cet œil simple est vraiment tel, quand, à travers une réflexion droite, il voit ce qu'il faut faire, et quand, dans une intention pure, il passe à l'acte, simplement, et se garde de toute duplicité. La pensée droite n'accepte pas l'erreur, l'intention purifiée exclut le faux-semblant. Tel est le vrai discernement, en qui se rejoignent la droiture de la pensée et la pureté de l'intention.

Ainsi, tout doit se faire à la lumière du discernement, comme en Dieu, et sous le regard de Dieu. 

(BAUDOUIN de FORD, Homélie)

* Enluminure - Ms Abbaye de Maredret










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