10 juin
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Attendre la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
(Règle de Saint Benoît
49,7)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 7,62-70 (L'humilité)
⁶²Voici le douzième degré d'humilité: le moine non seulement possède
cette vertu dans son cœur, mais encore la manifeste au dehors par son attitude. ⁶³À l'Œuvre de Dieu, à l'oratoire, dans le monastère, au jardin, en chemin,
aux champs, qu'il soit assis, en marche ou debout, il aura toujours la tête
inclinée, le regard fixé à terre ⁶⁴se sentant à toute heure chargé de ses
péchés, il se voit déjà traduit devant le tribunal redoutable de Dieu, ⁶⁵et
répète toujours dans son cœur ce que le publicain de l'Evangile disait, les
yeux fixés à terre: « Seigneur, je ne suis pas digne, moi, pécheur, de
lever les yeux vers le ciel »; ⁶⁶et encore avec le Prophète: « Je me
tiens courbé et humilié de toute manière. » ⁶⁷Après avoir gravi tous ces
degrés d'humilité, le moine parviendra bientôt à cet amour de Dieu, qui, devenu
parfait, bannit la crainte. ⁶⁸Grâce à cet amour, il accomplira sans peine,
comme naturellement et par habitude, ce qu'auparavant il n'observait qu'avec
frayeur. ⁶⁹Il n'agira plus sous la menace de l'enfer, mais par amour du
Christ, par l'accoutumance même du bien et par l'attrait des vertus. ⁷⁰Voilà
ce que le Seigneur daignera manifester dans son serviteur, purifié de ses
défauts et de ses péchés, grâce à l'Esprit-Saint.
✥ ✥ ✥
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pour chaque jour
L'amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il
est à lui-même son mérite, il est à lui-même sa récompense. L'amour ne cherche
hors de lui-même ni sa raison d'être ni son fruit : son fruit, c'est l'amour
même. J'aime parce que j'aime. J'aime pour aimer.
Quelle grande chose que l'amour, si du moins il remonte à son principe,
s'il retourne à son origine, s'il reflue vers sa source pour y puiser un
continuel jaillissement ! De tous les mouvements de l'âme, de ses sentiments et
de ses affections, l'amour est le seul qui permette à la créature de répondre à
son Créateur, sinon d'égal à égal, du moins dans une réciprocité de
ressemblance. Car, lorsque Dieu aime, il ne veut rien d'autre que d'être aimé.
Il n'aime que pour qu'on l'aime, sachant que ceux qui l'aimeront trouveront
dans cet amour même la plénitude de la joie.
L'amour de l'Époux, ou plutôt l'amour qu'est l'Époux, n'attend qu'un
amour réciproque et la fidélité. Qu'il soit donc permis à celle qu'il chérit de
l'aimer en retour. Comment l'épouse pourrait-elle ne pas aimer, elle qui est
l'épouse de l'Amour ? Comment l'Amour ne serait-il pas aimé ?
Elle a donc raison de renoncer à tous ses autres mouvements intérieurs,
pour s'adonner seulement et tout entière à l'amour, puisqu'elle a la
possibilité de répondre à l'amour même par un amour de réciprocité. Car elle
pourra bien se répandre tout entière dans son amour, que grâce au regard du
flot éternel d'amour qui jaillit de la source même ? Les eaux ne sourdent pas
avec la même profusion de celle qui aime et de l'Amour, de l'âme et du Verbe,
de l'épouse et de l'Époux, du Créateur et de la créature: la différence n'est
pas moins grande qu'entre l'être assoiffé et la source.
Alors quoi ? Faudra-t-il pour autant que périsse et disparaisse
complètement chez l'épouse le souhait de voir s'accomplir ses noces ? Le désir
qu'expriment ses soupirs, la force de son amour, son attente pleine de
confiance ; seront-ils réduits à rien, parce qu'elle ne peut égaler à la course
un géant, et qu'elle ne peut rivaliser de douceur avec le miel, de tendresse
avec l'agneau, de blancheur avec le lis, de rayonnement avec le soleil, d'amour
avec celui qui est l'amour en personne ? Non, car même si la créature aime
moins, en raison de ses limites, pourvu qu'elle aime de tout son être, il ne
manque rien à son amour, puisqu'il constitue un tout. C'est pourquoi aimer de
la sorte équivaut à un mariage, car une affection si forte ne saurait recevoir
une réponse de moindre affection, dans cet accord réciproque des deux époux qui
fait la solidité et la perfection du mariage. À moins qu'on ne mette en doute
que l'amour du Verbe précède et dépasse celui de l'épouse...
(SAINT BERNARD de CLAIRVAUX, Sermon
sur le Cantique des Cantiques)
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