11 août

On donnera des aides à ceux qui sont faibles,
afin qu’ils s’acquittent de leur tâche sans tristesse.
(Règle de Saint Benoît 35,3)


Faune & flore au Moulin...

La Règle de Saint Benoît…

RB 58,1-16 (La manière de recevoir les frères)

¹On n'accordera pas facilement l'entrée à celui qui vient s'y engager dans la vie religieuse ; ²mais on fera ce que dit l'Apôtre: « Eprouvez les esprits pour discerner s'ils sont de Dieu. » ³Si le postulant persévère à frapper à la porte, et s'il supporte patiemment les rebuffades et les difficultés qui lui sont faites à son entrée, et s'il persiste dans sa demande depuis quatre ou cinq jours, ⁴il obtiendra alors la permission d'entrer. Il passera quelques jours dans le logis des hôtes. ⁵Ensuite, il passera dans le logis des novices, où ils méditent, mangent et dorment. ⁶On lui donnera, pour le conduire, un ancien qui soit apte à gagner les âmes et qui veillera sur lui très attentivement. ⁷Il examinera avec attention si le novice cherche vraiment Dieu, s'il est attentif à l'Œuvre de Dieu, à l'obéissance et aux humiliations. ⁸On lui fera connaître toutes les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu. ⁹S'il promet de persévérer en sa résolution, alors, après deux mois, on lui lira cette Règle tout au long, ¹⁰et on lui dira: « Voici la loi sous laquelle tu veux militer. Si tu peux l'observer, entre; sinon, tu es libre de te retirer. » ¹¹S'il persiste, on le reconduira au susdit logement des novices, et on se remettra à éprouver de toute manière sa patience. ¹²Au bout de six mois, on lui lira encore la Règle, afin qu'il sache à quoi il s'engage. ¹³S'il persévère toujours, après quatre autres mois, on lui relira encore une fois la même Règle. ¹⁴Si enfin, après mûre délibération, il promet de la garder dans tous ses points et d'observer tout ce qui est commandé, il sera reçu dans la communauté, ¹⁵sachant au surplus que, en vertu de la Règle, il ne lui est plus permis, à partir de ce jour, de sortir du monastère, ¹⁶ni de secouer le joug de cette Règle, qu'après une aussi longue délibération il a été à même de refuser ou d'accepter.

❋ ❋ ❋

… pour chaque jour

La première fois tu es parti et le monde, après s’en être étonné, t’a rappelé pour te dire combien il trouvait charmant ton départ, lumineuse ton absence : ceux qu’on ne peut noyer dans les eaux d’un mépris, on les étouffe en les serrant dans ses bras. Il te faut donc partir une deuxième fois, t’éloigner de ton premier éloignement. Le monde veut le sommeil. Le monde n’est que sommeil. Le monde veut la répétition ensommeillée du monde. Mais l’amour veut l’éveil. L’amour est l’éveil chaque fois réinventé, chaque fois une première fois. Le monde n’imagine pas d’autre fin que la mort, cette extase du sommeil, et il considère tout à partir de cette fin. Les premières fois – premiers pas, premier sourire, première larme – sont vues par le monde comme devant nécessairement conduire à une seconde fois plus facile que la première, plus aisée car plus machinale, et la seconde fois mènera à une troisième encore plus facile, déjà somnambule, et ainsi, par lente dégradation, nécessaire usure, on ira jusqu’à la dernière fois – dernier bâillement, dernière langueur de tout. L’enfant va à l’adulte et l’adulte va à sa mort. Voilà la thèse du monde. Voilà sa pensée misérable du vivant : une lueur qui tremble en son aurore et ne sait plus que décliner. C’est cette thèse qu’il te faut renverser. Partir une deuxième fois et que cette fois soit plus neuve encore que la première, plus radicalement neuve, plus amoureusement neuve. 

(CHRISTIAN BOBIN, Le Très-Bas, Coll. L’un et l’autre, dirigée par J.-B. Pontalis, Éditions Gallimard, 1992, p. 121-122)


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