21 août
Tous
les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ…
(Règle de Saint Benoît
53,1)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)
⁷L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau
qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. ⁸Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. ⁹Il doit donc être docte
dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et
nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il
préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement
semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la
correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant
trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les
yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau
déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices
se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les
moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera
plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni
inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni
trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements,
il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il
s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec
discernement et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint
patriarche Jacob, qui disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant
trop marcher, ils périront tous en un jour. » ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres
semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu'il tempère tellement
toutes choses que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se
dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il observe tous les points de la présente
Règle, ²¹afin qu'après avoir bien servi, il s'entende adresser par le Seigneur
cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps
opportun, à ses compagnons : ²²« En vérité je vous le dis, le Maître
l'établira sur tous ses biens. »
❋ ❋ ❋
…
pour chaque jour
Le supérieur doit garder le silence avec
discernement et parler de façon utile : il ne doit ni divulguer ce qu’il faut
taire, ni taire ce qu’il faut divulguer. Car une parole étourdie peut entraîner
dans l’erreur, tout comme un silence mal avisé laisse dans l’erreur ceux qu’on
aurait dû éclairer. Souvent des supérieurs, manquant de sagesse et craignant de
perdre la bienveillance des hommes, ont peur de dire franchement ce qui est
bien ; mais selon une parole de la Vérité en personne, ils n’accomplissent plus
leur service, qui est de garder le troupeau avec le zèle des pasteurs mais,
comme des mercenaires, ils s’enfuient à l’arrivée du loup lorsqu’ils se cachent
dans le silence.
C’est pourquoi le Seigneur les blâme, par la
bouche du Prophète, en les traitant de chiens muets, incapables
d’aboyer. Et il s’en plaint encore lorsqu’il dit : Vous n’êtes pas
montés à l’assaut, vous n’avez pas construit un rempart pour la maison
d’Israël, afin de tenir fermes dans le combat, au jour du Seigneur. Monter
à l’assaut, c’est s’opposer aux puissances de ce monde par une parole hardie
pour défendre le troupeau. Et tenir ferme dans le combat, au jour du Seigneur,
c’est résister à des adversaires déloyaux par amour de la justice.
Pour un pasteur, craindre de dire ce qui est
bien, n’est-ce pas la même chose que de prendre la fuite par son silence ?
Celui qui s’expose pour son troupeau construit un rempart pour la
maison d’Israël contre ses ennemis. C’est pourquoi Dieu dit encore à
son peuple pécheur : Tes prophètes ont eu pour toi des visions fausses
et sottes, ils n’ont pas révélé ton péché pour te provoquer à la conversion.
Dans l’Écriture Sainte, on appelle parfois prophètes les maîtres qui, en
signalant la présence de signes fugitifs, découvrent l’avenir. La parole divine
leur reproche d’avoir des visions fausses, parce qu’en craignant de blâmer les
fautes ils flattent vainement les coupables en leur promettant la sécurité, et
ils ne révèlent pas l’indignité des pécheurs parce qu’ils gardent le silence au
lieu de les blâmer.
La clé de cette révélation, c’est le discours
de réprimande, parce que, en blâmant la faute, on la découvre, alors que
souvent elle est ignorée même de son auteur. Aussi saint Paul disait : Qu’il
soit capable d’exhorter dans la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs.
Et il est dit dans Malachie : Les lèvres du prêtre doivent garder le
savoir et c’est de sa bouche qu’on recherche l’instruction, parce qu’il est le
messager du Seigneur de l’univers. Le Seigneur donne aussi cet
avertissement par la bouche d’Isaïe : Crie à pleine voix sans relâche,
élève ta voix comme une trompette.
Celui qui accède au sacerdoce reçoit l’office
du héraut, qui est de proclamer la venue du juge redoutable qui le suit. Si
donc le prêtre ne sait pas prêcher, comment criera-t-il, ce héraut muet ? C’est
pour cela que sur les premiers pasteurs l’Esprit Saint s’est reposé sous
l’apparence de langues : en effet, ceux qu’il remplit, il en fait aussitôt par
lui-même des gens qui parlent.
(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, Règle pastorale)
Faune & flore au Moulin...
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