24 septembre

Honorer tous les hommes.
(Règle de Saint Benoît 4,8)


La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.

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… pour chaque jour

« Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange. »
Je ne pourrai pas faire connaître ta justice si tu ne m’ouvres pas les lèvres. C’est toi qui fermes la bouche des orgueilleux et rends éloquente la langue des tout-petits (Sg 10,21). Jusqu’à présent, c’est moi, moi-même qui ai ouvert ma bouche et, à cause de mes paroles futiles, j’ai contracté le péché. Maintenant je désire que ce soit toi qui l’ouvres, car je désire ardemment ne dire que ce que tu m’auras mis sur les lèvres. Dieu ouvre les lèvres de celui qui fait attention à ce qu’il dit, au moment de le dire, au lieu où il parle et à la personne à qui il s’adresse. La sagesse de Dieu a dit : « Le Seigneur m’a donné une langue de disciple » (Is 50,4) qui parle quand il le faut. C’est avec raison qu’on l’appelle sage, celui qui a appris du Seigneur le moment où il lui faut parler. On ne peut qu’être d’accord avec l’Écriture quand elle dit : « Un homme sage se tait jusqu’au bon moment » (Si 20,7). De la même source encore : « Pour ta bouche fais porte et verrou et pour tes paroles balance et poids » (ibid. 28,25 [ou 28]). Il se pourrait que le Prophète l’ait demandée au Seigneur pour lui, cette porte, lorsqu’il disait : « Place, Seigneur, une garde à ma bouche et une porte de défense à mes lèvres » (Ps 140,3). Nous devons clore notre bouche et faire bien attention à ce que personne ne fasse jaillir de nous une parole de colère et que nous ne payions l’injure par l’injure.

Un poids est posé aussi sur nos paroles et la balance s’abaisse pour que tout ce qui nous disons soit assaisonné d’humilité et exactement pesé. N’ouvrons donc la bouche que pour des propos pesés au poids de la justice, ce qui suppose bon sens, modération des paroles, force de l’expression. N’ouvrons pas la bouche pour parler avant que cela ne convienne ; examinons nos paroles : faut-il taire cela ? faut-il parler contre un tel ? le moment est-il venu de tenir ce propos ? enfin, que nos paroles ne s’écartent pas de la retenue. Qu’on n’entende jamais les éclats d’une parole messéante, ou déshonnête, ou jalouse. N’est-il pas vrai que cela dépasse nos forces ? et qu’il nous faut le recevoir du donateur de toute grâce ? Écrions-nous avec le prophète : « Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange. » 

(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, Commentaire du psaume 50 (PL 79, 581-601), dans : Les Psaumes commentés par les Pères, Textes traduits, notes et tables par Sœur Baptista Landry osb, Introduction, choix et conseils de travail par A.-G. Hamman, Collection « Les Pères dans la foi », DDB, 1983, p. 205-206)










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