21 décembre

Tenons-nous pour psalmodier de manière
que notre esprit soit en accord avec notre voix.
(Règle de Saint Benoît 19,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)

L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements, il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour. »  ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu'il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il observe tous les points de la présente Règle, ²¹afin qu'après avoir bien servi, il s'entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons : ²² « En vérité je vous le dis, le Maître l'établira sur tous ses biens. »


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

En approuvant les sentiments que tu as pour Dieu, fondés comme sur un roc inébranlable, je glorifie hautement le Seigneur parce qu'il m'a jugé digne de contempler ton visage irréprochable dont je souhaite pouvoir toujours profiter en Dieu. Je t'exhorte, par la grâce dont tu es revêtu, à accélérer ta course et à exhorter tous les frères pour qu'ils soient sauvés. Justifie ta fonction d'évêque par une parfaite sollicitude de chair et d'esprit ; préoccupe-toi de l'unité, car il n'y a rien de meilleur. Supporte tous les frères, comme le Seigneur te supporte. Soutiens-les tous avec amour, comme d'ailleurs tu le fais. Adonne-toi sans relâche à la prière ; demande à progresser dans la sagesse; sois vigilant en gardant un esprit toujours en éveil. Parle à chacun en particulier, à la manière de Dieu. Porte les infirmités de tous, comme un athlète accompli. Là où il y a un plus grand labeur, il y a grand profit.
Si tu n'aimes que les bons disciples, tu ne mérites pas de reconnaissance. Ce sont surtout les plus atteints que tu dois soumettre par la douceur. Toutes les blessures ne se soignent pas par le même traitement. Calme les crises violentes par des ablutions. En toutes choses, sois adroit comme le serpent et candide comme la colombe. Si tu es à la fois charnel et spirituel, c'est pour traiter avec douceur le mal que tu vois ; quant au mal invisible, demande qu'il te soit manifesté pour que rien ne t'échappe et que tu puisses prodiguer tous les dons spirituels. Le moment présent a besoin de toi, comme le pilote attend le vent favorable et comme l'homme secoué par la tempête attend le port, pour rejoindre Dieu. Sois sobre, comme un athlète de Dieu ; la récompense, c'est l'immortalité et la vie éternelle : tu en es convaincu, toi aussi. À tous égards, je suis pour toi une victime expiatoire, dans ces liens que tu as aimés.
Ne te laisse pas effrayer par ceux qui, paraissant dignes de foi, enseignent une autre doctrine. Tiens ferme, comme l'enclume sous le marteau. C'est le fait d'un grand athlète que de vaincre sous les coups. C'est pour Dieu surtout que nous devons tout endurer, afin que lui-même nous endure. Accrois ton ardeur. Sache apprécier la différence des temps. Espère celui qui est au-delà du temps, intemporel, invisible, mais qui s'est fait visible pour nous ; impalpable, impassible mais qui s'est fait passible pour nous, et, qui a enduré pour nous toute sorte de souffrances.
Que les veuves ne soient pas à l'abandon ; après le Seigneur, c'est à toi d'en prendre soin. Que rien ne se fasse sans ton avis, et toi non plus, ne fais rien sans Dieu ; c'est d'ailleurs ainsi que tu agis. Tiens bon. Que les réunions soient plus fréquentes : invite tous les frères nominativement. Ne méprise pas les esclaves, hommes ou femmes ; mais, de leur côté, qu'ils ne deviennent pas orgueilleux ; au contraire, qu'ils servent davantage, pour la gloire de Dieu, afin d'obtenir de Dieu une liberté plus haute. Qu'ils ne cherchent pas à se faire libérer aux frais de la communauté, pour ne pas devenir esclaves de leurs désirs. 

(SAINT IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre à Polycarpe)










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