18 mars

Sous la conduite de l’Évangile, avançons dans ses chemins…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 39,1-11 (La mesure de la nourriture)

¹Il suffit, nous semble-t-il, pour le repas quotidien - qu'il ait lieu à la sixième heure ou à la neuvième - à toutes les tables, de deux mets cuits, à cause des infirmités diverses. ²Ainsi celui qui ne pourra s'accommoder d'un mets pourra manger l'autre. ³Deux mets cuits devront donc suffire à tous les frères. De plus, s'il se trouve des fruits ou des légumes frais, on ajoutera un troisième plat. Une livre de pain, à bon poids, sera suffisante pour la journée, soit qu'il n'y ait qu'un repas, soit qu'il y ait dîner et souper . Si l'on doit souper, le cellérier réservera un tiers de cette livre de pain pour la servir alors. S'il arrive que les frères ont travaillé plus qu'à l'ordinaire, l'abbé pourra, s'il le juge opportun, ajouter encore quelque chose, pourvu qu'on évite tout excès et que jamais un moine ne soit surpris par l'indigestion. Rien, en effet, n'est aussi contraire à tout chrétien que l'excès de table, comme dit Notre-Seigneur: « Prenez garde que vos cœurs ne s'appesantissent par l'excès. » ¹⁰Aux enfants on ne servira pas la même quantité de nourriture, mais une plus petite qu'aux adultes, en gardant la sobriété en tout. ¹¹Mais tous s'abstiendront absolument de la chair des quadrupèdes, excepté les malades très affaiblis.


Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

La dernière partie du chapitre, par sa brièveté, contraste avec ce qui précède. Elle concerne le traitement réservé aux enfants et la règle générale de l’abstinence. Pour les premiers, saint Benoît préconise le même bon sens et la même réserve que pour les adultes : il ne faut pas leur donner plus que ce dont ils ont besoin (v.10). Quant à l’abstinence, elle ne doit pas être imposée aux malades. Elle demeure cependant la règle normale et absolue. D’usage général dans la tradition monastique ancienne, comme chez les  païens épris de vie spirituelle, elle rappelle, selon la Bible, la condition primitive de l’homme créé en cohabitation harmonieuse avec les animaux. Suite à la rupture originelle de cette harmonie, la lutte s’est installée entre l’homme et l’animal au profit de la survie de l’homme. Le régime paradisiaque ne sera restauré qu’à la fin des temps, avec la paix messianique que les moines veulent anticiper. L’abstinence de viande en est le signe. Pas plus que les autres mesures ascétiques, la tradition chrétienne ne la préconise en vue de réaliser un programme de perfection, mais plutôt au service de la liberté, du bonheur universel et de la rencontre avec le Christ. Les pratiques ont changé, pour des raisons de culture, de lieu, de civilisation. À plus forte raison faut-il en saisir la signification profonde pour que celle-ci ne s’évanouisse pas avec leur forme. Chaque croyant demeure responsable d’en témoigner. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 32-33)










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