5 avril
Ne
pas vouloir être appelé saint avant de l’être,
mais
le devenir d’abord,
alors
on le sera appelé avec plus de vérité.
(Règle
de Saint Benoît 4,62)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 53,16-24 (La réception des hôtes)
¹⁶La cuisine de l'abbé et des hôtes se fera à part; ainsi les hôtes,
qui ne manquent jamais au monastère et qui arrivent à toute heure, ne
troubleront point la vie des frères. ¹⁷Tous les ans, on confiera la charge de
cette cuisine à deux frères qui puissent bien s'en acquitter. ¹⁸On leur
donnera, si besoin, des aides afin qu'ils travaillent sans murmure. Quand ils
ne seront pas suffisamment occupés, ils s'emploieront à d'autres ouvrages qu'on
leur indiquera. ¹⁹On observera cette règle, non seulement pour eux mais pour
tous les offices du monastère, ²⁰en leur accordant des aides selon leur besoin
et en les envoyant à d'autres devoirs lorsqu'ils ne seront pas occupés au leur. ²¹Pour prendre soin du logement des hôtes on désignera un frère, dont l'âme
soit remplie de la crainte de Dieu. ²²Il y aura des lits garnis en nombre
suffisant. Ainsi la maison de Dieu sera sagement administrée par des gens
sages. ²³Aucun moine n'abordera les hôtes, ni leur parlera sans permission. ²⁴S'il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera humblement, comme il a été
dit, et ayant demandé une bénédiction il passera outre, ajoutant qu'il ne lui
est pas permis de s'entretenir avec les hôtes.
…
pour chaque jour
Cette rigidité apparente, difficilement applicable à la lettre, heurte
la sensibilité actuelle. Il faut comprendre qu’aux yeux de saint Benoît, la
« retenue dans les paroles » (taciturnitate), préconisée par
lui comme un des piliers de la vie spirituelle, ne se recommande pas seulement
pour les frères, mais aussi pour ceux qui les fréquentent, le silence n’étant
pas moins important pour les uns que pour les autres. Les moines le partagent
avec leurs hôtes, comme l’amour du Christ auquel ils ne veulent rien préférer.
Quant aux hôtes venant au monastère, eux aussi cherchent à rencontrer le
Christ, plutôt que des moines en mal de conversation !
La communication par la parole ne porte pas nécessairement de bons
fruits. Saint Benoît s’en méfie, même si les propos échangés se veulent
« bons, saints et édifiants ». Il le sait : « Abondance de
paroles ne va pas sans péché », au point que « la mort et la vie sont
au pouvoir de la langue » (Pr 10,19 ; 18,21). L’expérience l’a
confirmé pour lui quant à l’accueil des hôtes. Ainsi s’explique la sévérité de
sa réserve finale.
Il n’interdit cependant pas toute parole. Mais, à ses yeux, sauf permission
de l’abbé, l’humilité silencieuse « parle » du Christ, mieux que de
pieux discours. Lors des rencontres, courantes ou occasionnelles, il limite
donc l’échange verbal à la « demande d’une bénédiction ».
(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « ACCUEILLIR,
S’ENGAGER, S’OUVRIR À L’AUTRE, ‘Tous les hôtes seront reçus comme le Christ’ –
‘Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai’», Regard sur la Règle
de saint Benoît n° 9, Saint-Léger éditions, 2017, p. 33-35.)
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