11 avril

Les offices des Laudes et des Vêpres
ne devront jamais se conclure sans que le supérieur dise,
en dernier lieu, en entier, et au milieu de l’attention générale, 
l’oraison dominicale,
à cause des épines de querelles
qui ont accoutumé de se produire.
(Règle de Saint Benoît 13,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 58,1-16 (La manière de recevoir les frères)

¹On n'accordera pas facilement l'entrée à celui qui vient s'y engager dans la vie religieuse ; ²mais on fera ce que dit l'Apôtre: « Eprouvez les esprits pour discerner s'ils sont de Dieu. » ³Si le postulant persévère à frapper à la porte, et s'il supporte patiemment les rebuffades et les difficultés qui lui sont faites à son entrée, et s'il persiste dans sa demande depuis quatre ou cinq jours, il obtiendra alors la permission d'entrer. Il passera quelques jours dans le logis des hôtes. Ensuite, il passera dans le logis des novices, où ils méditent, mangent et dorment. On lui donnera, pour le conduire, un ancien qui soit apte à gagner les âmes et qui veillera sur lui très attentivement. Il examinera avec attention si le novice cherche vraiment Dieu, s'il est attentif à l'Œuvre de Dieu, à l'obéissance et aux humiliations. On lui fera connaître toutes les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu. S'il promet de persévérer en sa résolution, alors, après deux mois, on lui lira cette Règle tout au long, ¹⁰et on lui dira: « Voici la loi sous laquelle tu veux militer. Si tu peux l'observer, entre; sinon, tu es libre de te retirer. » ¹¹S'il persiste, on le reconduira au susdit logement des novices, et on se remettra à éprouver de toute manière sa patience. ¹²Au bout de six mois, on lui lira encore la Règle, afin qu'il sache à quoi il s'engage. ¹³S'il persévère toujours, après quatre autres mois, on lui relira encore une fois la même Règle. ¹⁴Si enfin, après mûre délibération, il promet de la garder dans tous ses points et d'observer tout ce qui est commandé, il sera reçu dans la communauté, ¹⁵sachant au surplus que, en vertu de la Règle, il ne lui est plus permis, à partir de ce jour, de sortir du monastère, ¹⁶ni de secouer le joug de cette Règle, qu'après une aussi longue délibération il a été à même de refuser ou d'accepter.



… pour chaque jour

Ceux et celles qui sont un jour interpellés par une parole décisive ne peuvent qu'entrer en insurrection. Ils ne se contentent plus de ce qu'ils ont vécu jusqu'ici, ils abandonnent leur jarre (cf. Samaritaine Jn 4), parce qu’ils ont goûté au Souffle et à la Vérité et qu’ils ont commencé à respirer autrement.
Le Souffle donne de ne pas rester assis dans sa vie, mais d’aller et venir à travers le flux et le reflux symbolisés par l’inspir et l’expir. Et la vérité, si l'on en croit les étymologies hébraïque et grecque, représente à la fois la solidité (en hébreu èmèt, ce qui fonde, ce à quoi on peut se fier; de la même racine qu’Amen!) qui nous donne un ancrage, le rocher sur lequel poser nos pieds et le non-sommeil, la vigilance (en grec a-lètheia, signifie le non-oubli, la sortie de la léthargie).
Entrer en insurrection, c'est obéir au Souffle; il nous réveille de cette mauvaise somnolence qui est le propre de ceux qui subissent leur vie au lieu de l’agir. Ce n’est pas simplement "accueillir ce qui est", mais c'est opérer des fractures dans les déterminismes de tous ordres. C'est choisir d'affronter le mensonge, la lâcheté, la peur, la convoitise, la tristesse, la laideur, toutes ces réalités qui nous tirent vers le bas. Entrer en insurrection, c'est devenir veilleurs, c'est parier sur l'avenir toujours plus grand, toujours autre que nos petites attentes. Et l’avenir commence au-dedans, là où nous pouvons le plus immédiatement changer quelque chose! 

(FRANCINE CARRILLO, Pour une spiritualité de l´insurrection, Coédition Ouverture-Olivétan-Opec, Son mot à dire…, 2014, p. 35-36)









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