17 avril
Une bonne parole vaut mieux qu’un
don excellent.
(Règle de Saint Benoît 31,14)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 62,1-11 (Les prêtres du monastère)
¹Si l'abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre pour son
monastère, qu'il choisisse un de ses moines jugés dignes du sacerdoce. ²Celui
qui aura été ordonné se gardera de l'élèvement et de l'orgueil. ³Il
n'entreprendra rien sans la permission de l'abbé, se sachant plus strictement
assujetti qu'auparavant à l'observance régulière. ⁴Il ne prendra pas prétexte
de son sacerdoce pour oublier l'obéissance à la Règle et à la discipline; au
contraire, il avancera de plus en plus vers Dieu. ⁵Il gardera toujours le rang
de son entrée au monastère, ⁶sauf quand il officie à l'autel ou, si peut-être
le choix de la communauté et la volonté de l'abbé l'avaient volontairement
élevé, à cause du mérite de sa vie. ⁷Même en ce cas, il saura qu'il faut
suivre la Règle établie pour les doyens et les prieurs. ⁸S'il osait s'y
soustraire, il serait traité non comme prêtre mais en rebelle. ⁹Et si, après
avoir été fréquemment réprimandé, il ne se corrigeait pas, l'évêque lui-même
serait pris à témoin. ¹⁰Si, après cela, il ne s'amendait pas, ses fautes
devenant manifestes, il serait chassé du monastère, ¹¹à supposer toutefois son
opiniâtreté telle qu'il ne voulût pas se soumettre ou obéir à la Règle.
…
pour chaque jour
Écoutons ce que dit le Seigneur aux
prédicateurs qu'il envoie : La moisson est abondante, mais les ouvriers
sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers
pour la moisson. Les ouvriers sont peu nombreux pour une moisson abondante ;
nous ne pouvons le répéter sans une grande tristesse. Il y a des gens pour
entendre dire de bonnes choses, il n'y en a pas pour les dire. Le monde est
rempli de prêtres, mais on rencontre rarement un ouvrier dans la moisson de
Dieu ; nous acceptons bien la fonction sacerdotale, mais nous ne faisons pas le
travail de cette fonction.
Considérez, frères très chers, considérez le
poids de cette parole : Priez le maître de la moisson d'envoyer des
ouvriers pour sa moisson. Vous-mêmes, priez pour nous, afin que nous puissions
faire le travail auquel vous avez droit : que notre langue ne soit pas
engourdie, quand il faut exhorter ; une fois que nous avons accepté la charge
de la prédication, que notre silence ne nous assigne pas devant le juste juge !
Souvent en effet la langue des prédicateurs est paralysée par leurs mauvaises
dispositions ; mais souvent, c'est par la faute de leurs peuples que les
supérieurs s'abstiennent de prêcher.
La langue des prédicateurs est paralysée par
leurs mauvaises dispositions, nous dit le Psalmiste : Dieu déclare au
pécheur : Comment peux-tu redire mes lois ? Et que la parole des
prédicateurs soit arrêtée par les vices de leurs peuples, le Seigneur le dit à
Ézéchiel : Je ferai adhérer ta langue à ton palais, tu seras muet et tu
cesseras de les avertir, car c'est une engeance de rebelles. Comme s'il
disait clairement : La prédication te sera enlevée car, puisque ce peuple me
défie par sa conduite, il ne mérite pas d'être exhorté à la vérité. Par suite
de quel vice la parole est retirée au prédicateur, il n'est pas facile de le
savoir. Mais ce que l'on sait avec certitude, c'est que le silence du pasteur
est nuisible quelquefois à lui-même, mais toujours à son peuple.
Il y a encore autre chose, frères très chers,
qui m'afflige vivement, dans la vie des pasteurs ; mais pour que mes paroles ne
permettent de critiquer personne injustement, je m'accuse moi-même également,
bien que ce soit malgré moi que je succombe, contraint par la nécessité de
cette époque de barbarie.
Nous avons glissé vers des affaires
extérieures et la charge honorable que nous avons acceptée est bien différente
des fonctions que nous exerçons en fait. Nous abandonnons le ministère de la
prédication et c'est pour notre châtiment, je crois, qu'on nous appelle évêque,
car nous en avons le titre, mais nous n'en avons pas la valeur. En effet, ceux
qui nous ont été confiés abandonnent Dieu, et nous nous taisons. Ils sont
tombés, par leur mauvaise conduite, et nous ne leur tendons pas la main en les
corrigeant.
Mais quand pourrions-nous corriger la vie
d'autrui, nous qui négligeons la nôtre ? Pris par des tâches profanes, nous
devenons d'autant plus insensible à l'intérieur que nous paraissons plus adonné
à tout ce qui se passe à l’extérieur.
L'Église a donc bien eu raison de dire, à
propos de ses membres en mauvaise santé : On m'a chargé de garder ces
vignes : ma propre vigne, je ne l'ai pas gardée. Nous qui avons été institué
gardien des vignes, nous n'avons aucunement gardé notre propre vigne parce que,
en nous laissant prendre par des actions extérieures, nous avons négligé le
ministère de notre tâche propre.
(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, Homélie sur
l’Évangile)
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