18 avril
Que
tout soit commun à tous…
(Règle de Saint Benoît
33,6)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 63,1-9 (Le rang à garder dans la communauté)
¹Les frères garderont dans le monastère la date que détermine leur
entrée en religion, ou le mérite de leur vie et la décision de l'abbé. ²Celui-ci cependant ne troublera pas le troupeau qui lui est confié, et ne
prendra aucune décision injuste comme s'il jouissait d'un pouvoir arbitraire. ³Il songera sans cesse au compte qu'il devra rendre à Dieu de toutes ses
décisions et de tous ses actes. ⁴Ainsi donc, c'est selon le rang qu'il aura
établi, ou celui que les frères tiennent à leur entrée, qu'ils iront au baiser
de paix et à la communion, entonneront les psaumes et prendront place au chœur. ⁵Nulle part, il n'y aura avantage ou préjudice du simple fait de l'âge dans
l'ordre à garder, ⁶puisque Samuel et Daniel, encore enfants, ont jugé les
anciens. ⁷Donc, à l'exception de ceux que, comme nous l'avons dit, l'abbé aura
promus pour des motifs supérieurs, ou qu'il aura fait déchoir pour des raisons
fondées, tous les autres pendront rang à dater de leur entrée en religion : ⁸en sorte que, par exemple, celui qui sera arrivé au monastère à la seconde
heure du jour, se reconnaîtra, quel que soit son âge ou sa dignité, le cadet de
celui qui est arrivé à la première heure. ⁹Quant aux enfants, ils seront
maintenus dans la Règle en tout et par tous.
…
pour chaque jour
La première partie du chapitre 63 (v.1-9) s’ouvre par l’énoncé d’un
principe général : « Les frères garderont dans le monastère le rang
que détermine la date de leur entrée en religion, ou le mérite de leur vie et
la décision de l’abbé » (v.1). Trois idées-clés s’articulent ici : un
ordre est à « conserver » parmi les frères ; cet ordre est en
rapport avec la « conversion » de chacun ; il est déterminé par
la date de l’entrée au monastère ou le jugement de l’abbé. La date est un
critère élémentaire, simple, indiscutable. Il prime en tous les cas. Mais saint
Benoît ne laisse jamais un critère purement extérieur risquer d’étouffer la
liberté de l’esprit. L’abbé, qui doit être le garant de cette liberté, peut
« pour un motif supérieur » (altiori consilio – v.7) renverser
l’ordre établi par la chronologie. Il peut aussi se référer à la
« conversion » des personnes, en considérant « le mérite de la
vie » et en discernant comment mettre celui-ci au service de la communauté
tout entière. Il ne s’agit pas de distinguer quelqu’un pour l’honorer, de
sanctionner une compétence ou une qualité, même spirituelles. L’abbé exerce ici
sa charge de pasteur, pour le bien du troupeau ; il repère chez un frère
ce qui peut être utile à tous et, dans ce but, l’établit éventuellement à une
place autre que celle de son entrée. La distinction arbitraire introduirait le trouble
dans la communauté (v.2). Le discernement éclairé par l’amour garantit la
liberté évangélique en son sein. Les choix de l’abbé doivent attester que
l’esprit – l’Esprit Saint – est toujours au-dessus des principes d’ordre
extérieur, si utiles et valables soient-ils.
(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « VIVRE EN FRÈRES,
‘Avant tout aimer Dieu de tout son cœur, ensuite le prochain comme soi-même’»,
Regard sur la Règle de saint Benoît n° 2, Saint-Léger éditions, 2017, p.
89-90.)
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