14 août
Avant
tout, aimer le Seigneur Dieu
de
tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force.
(Règle
de Saint Benoît 4,1)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 60,1-9 (Les prêtres qui désireraient se fixer dans le monastère)
¹Quand un prêtre demande à être reçu dans le monastère, on ne
l'acceptera pas trop vite. ²Toutefois, s'il persiste absolument dans cette
requête, il saura qu'il sera tenu à toute la discipline de la Règle, ³et qu'on
ne lui en relâchera rien. Il en sera comme il est écrit: « Mon ami, dans
quel dessein es-tu venu ? » ⁴Il pourra néanmoins prendre place après
l'abbé, donner les bénédictions et célébrer la messe, si toutefois l'abbé le
lui permet. ⁵Sinon, il ne doit se prévaloir de rien, sachant qu'il est soumis
à l'observance régulière et qualifié plutôt pour donner à tous des exemples
d'humilité. ⁶S'il vient à être question dans le monastère de charge à conférer
ou d'affaire à traiter, ⁷il tiendra pour sien le rang de son entrée, et non
celui que lui a valu le respect pour son sacerdoce. ⁸Si un clerc, mû par le
même désir, sollicite son admission, on le placera dans un rang moyen. ⁹Il
devra, lui aussi, promettre de garder la Règle et la stabilité.
…
pour chaque jour
Ce que Benoît dit des prêtres et des clercs
dans ce chapitre peut avoir de nos jours une application beaucoup plus
large. À une époque où l’on entre au monastère souvent à un âge plus
avancé qu’autrefois, et où les personnes qui arrivent ont parfois eu des
fonctions importantes soit dans des activités pastorales aussi bien en tant que
laïcs qu’en tant que clercs, soit des responsabilités dans le monde du travail,
de la finance ou de la politique, les observations et recommandations de Benoît
sont valables pour chacun. On vient au monastère pour chercher Dieu
dans une vie de prière, de solitude et d’humble travail. En cela
nous sommes tous égaux et notre « rang » antérieur dans la société ou
dans l’Église n’a pas d’importance. Les responsabilités que nous
pouvons avoir eu avant d’entrer ne nous donnent aucun « droit » à
remplir des responsabilités semblables au sein de la communauté. Si
nous sommes appelés à rendre des services – qui peuvent être en eux-mêmes plus
ou moins importants – cela n’affecte aucunement notre « importance »
personnelle.
(…)
Lorsqu’on entre au monastère, on n’y entre
pas pour exercer une profession, ou jouer un rôle. Si on avait une
profession avant d’entrer, on cesse de l’exercer. Il y a là un
dépouillement, un renoncement essentiel pour arriver à la pureté du cœur qui
conduit à une vie de prière. Au début, on accepte assez facilement
le fait de n’avoir aucun rôle, aucune fonction avec laquelle nous identifier et
cela nous aide à découvrir notre véritable identité devant Dieu. Si
l’on arrive à cette identité profonde, on ne sera pas troublé par le fait de ne
pas recevoir de tâches importantes et si l’on en reçoit on ne s’identifiera pas
avec elles. Si une pauvreté du cœur suffisante n’a pas été atteinte
dès les premières années de vie monastique, le danger sera soit de s’identifier
aux fonctions que l’on recevra et de les utiliser comme des occasions
d’accomplissement personnel plus que de service des autres, ou bien de souffrir
de ne pas en recevoir et de sombrer dans l’ennui et l’acédie.
On dit souvent que, dans la mesure du
possible, on ne doit pas donner de responsabilités aux personnes qui sont
encore dans les premières étapes de leur formation monastique, afin de ne pas
nuire à leur formation. Il me semble que la perspective principale
doit être de bien veiller à la purification des intentions et des désirs, ce
qui peut se réaliser aussi bien en exerçant des responsabilités, au niveau du
travail par exemple, qu’en étant sevré de telles responsabilités.
Pour chacun de nous, à quelque étape que nous
soyons dans notre vie monastique et quelles que soient les responsabilités que
nous ayons ou non dans la vie communautaire, la question fondamentale demeure
toujours celle que pose un peu crument Benoît (en citant la parole de Jésus à
Judas !) : « Mon ami, dans quel but es-tu venu ? »
(Dom ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 4 novembre 2001)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire