22 août
Tenir
pour certain qu’en tout lieu Dieu nous regarde.
(Règle
de Saint Benoît 4,49)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 65,1-10 (Le prieur du monastère)
¹Bien souvent il arrive que l'établissement du prieur fasse naître de
graves conflits dans les monastères. ²Il s'en trouve, en effet, qui, enflés
d'un méchant esprit d'orgueil, s'imaginent être de seconds abbés, et qui,
s'attribuant une autorité sans contrôle, entretiennent des conflits et causent
des dissensions dans la communauté. ³Cela se produit surtout en ces lieux où
le prieur est établi par le même évêque ou par les mêmes abbés que l'abbé
lui-même. ⁴On voit aisément combien cette manière de faire est absurde. C'est
elle, qui, dès le début de son institution, donne au prieur matière à
s'enorgueillir. ⁵Elle lui suggère qu'il est soustrait au pouvoir de son abbé, ⁶puisque: « Toi aussi, se dira-t-il, tu as été établi par ceux-là mêmes
qui ont institué l'abbé. » ⁷De là surgissent des jalousies, des conflits,
des détractions, des rivalités, des cabales, les pires désordres. ⁸Or, si
l'abbé et le prieur sont opposés de sentiments, il est impossible que, dans une
telle discorde, leurs âmes ne se trouvent pas en danger. ⁹Ceux également qui
vivent sous leur conduite, prenant partie pour l'un ou pour l'autre, vont à leur
perte. ¹⁰De ce péril sont responsables au premier chef ceux qui se sont faits
les auteurs d'un pareil dérèglement.
…
pour chaque jour
Le Bienheureux Benoît a appris que la discorde est un grand mal ;
et puisqu’elle est un grand mal, tout ce qui est bien peut se perdre à cause
d’elle. C’est pourquoi il a pris soin de composer ce chapitre, afin que le
corps du monastère puisse être uni ; s’il était divisé par le mal de la
discorde, il ne pourrait pas tenir contre l’ennemi, de même qu’une cité, ou une
armée divisée, combattant contre un adversaire, ne pourra vaincre : elle
sera livrée aux mains de ses ennemis par ceux-là que tient le parti adverse. Il
en serait de même si un monastère était divisé : non seulement les frères
se perdraient, mais ceux-là qui peut-être auraient pu être bons, d’ordinaire se
perdent. Saint Benoît pourchasse donc le mal de la discorde : il va
jusqu’à ordonner de renvoyer du monastère le prieur lui-même, si celui-ci n’est
pas humble, après avoir été démis de sa charge de prieur, pour que le diable,
amoureux de la discorde, ne puisse avoir à l’intérieur de la communauté
quelqu’un à lui par qui il puisse duper les autres.
(HILDEMAR DE CORBIE [? – v.850], Commentaire
de la Règle de saint Benoît, Traduction française de Sœur Michèle-Marie
Caillard osb d’après le texte latin édité par le Père Rupert Mittermüller osb,
Préface par le Père Jean-Pierre Longeat osb, abbé émérite de Ligugé,
Saint-Léger Éditions, 2015, p. 675)
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