23 août

Entendre volontiers les saintes lectures.
(Règle de Saint Benoît 4,55)



La Règle de Saint Benoît…

RB 65,11-22 (Le prieur du monastère)

¹¹C'est pourquoi nous jugeons que, pour conserver la paix et la charité, il faut que le gouvernement de son monastère dépende entièrement de l'abbé. ¹²Si faire se peut, toute la marche du monastère sera assurée par des doyens, et cela selon les ordres de l'abbé, comme nous l'avons déjà dit. ¹³Les charges étant confiées à plusieurs, un seul n'aura pas l'occasion de s'enorgueillir. ¹⁴Si toutefois le lieu rend un prieur désirable, ou si la communauté le demande pour un juste motif, et avec humilité, si l'abbé enfin le juge à propos, ¹⁵c'est ce dernier qui établira lui-même pour prieur celui qu'il aura choisi avec le conseil des frères craignant Dieu. ¹⁶Le prieur exécutera avec respect tout ce que son abbé lui prescrira, sans jamais contrevenir à sa volonté et à ses ordres. ¹⁷Car, plus il est élevé au-dessus des autres, plus il doit observer consciencieusement les préceptes de la Règle. ¹⁸Si ce prieur tombait dans quelque dérèglement, s'enflait d'orgueil, ou était convaincu de mépris pour la sainte Règle, on l'en reprendrait jusqu'à quatre fois. ¹⁹S'il ne s'amendait pas, on lui ferait subir la correction de la discipline régulière. ²⁰Si par ces moyens il ne se corrigeait pas encore, on le déposerait de son rang de prieur, et on mettrait à sa place un autre qui en fût digne. ²¹Enfin, si après tout cela, il ne se montrait pas tranquille et obéissant dans la communauté, on le chasserait du monastère. ²²Que l'abbé songe cependant qu'il doit rendre compte à Dieu de toutes ses décisions, de crainte que le feu de l'envie ou de la jalousie ne vienne à brûler son âme.

… pour chaque jour

Le désir du pouvoir est une tentation innée de la nature humaine. Nous voyons, dans l’Évangile, les Apôtres discuter pour savoir qui sera le plus grand dans le royaume du Christ. Et les Lettres de Paul aux diverses Églises, en particulier celles aux Corinthiens, aux Romains et aux Galates, doivent sans cesse gérer des crises de pouvoir et des conflits d’autorité. Il n’est donc pas surprenant que la même chose puisse se produire au sein d’une communauté monastique. Benoît veut tout faire pour l’éviter. C’est pourquoi, il préfère de beaucoup le système de doyens, qui, toutefois, n’a pas eu de grands succès dans la tradition monastique après lui. Il accepte cependant que l’abbé soit secondé par un prieur – ce qui deviendra la pratique commune du monachisme bénédictin – mais à la condition que ce prieur soit choisi par l’abbé lui-même avec le conseil de frères craignant Dieu.
Dans ce long chapitre Benoît donne des recommandations au prieur sur la façon d’exercer son rôle dans l’obéissance et l’humilité, mais il ne manque pas de terminer en mettant l’abbé lui-même en garde contre la tentation de jalousie et d’envie.
Ce chapitre pourrait avoir pour titre : « L’unité de la communauté » ; car c’est de cela qu’il s’agit ici. Et c’est vraiment essentiel, car il n’y a pas de vraie communauté sans unité – une unité qui est toujours à construire et à préserver. La crainte fondamentale que Benoît exprime dans ce chapitre, c’est que des groupes se forment dans la communauté. Et de fait, lorsque cela arrive dans une communauté, il n’y a plus rien qui fonctionne et la qualité de la vie spirituelle s’en ressent beaucoup. Le modèle de la communauté demeure toujours celui de la communauté primitive de Jérusalem, où la multitude des frères et des sœurs n’avait qu’un cœur et une âme. Il s’agit d’une unité faite de diversité, et non pas par la négation des caractéristiques et des dons propres à chacun. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 20 janvier 2013)









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