5 août
Le
Seigneur,
cherchant
son ouvrier dans la foule du peuple crie:
« Quel
est l’homme qui veut la vie
et
désire voir des jours heureux ? ».
(Règle
de Saint Benoît – Prologue 15-16)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 53,16-24 (La réception des hôtes)
¹⁶La cuisine de l'abbé et des hôtes se fera à part; ainsi les hôtes,
qui ne manquent jamais au monastère et qui arrivent à toute heure, ne
troubleront point la vie des frères. ¹⁷Tous les ans, on confiera la charge de
cette cuisine à deux frères qui puissent bien s'en acquitter. ¹⁸On leur
donnera, si besoin, des aides afin qu'ils travaillent sans murmure. Quand ils
ne seront pas suffisamment occupés, ils s'emploieront à d'autres ouvrages qu'on
leur indiquera. ¹⁹On observera cette règle, non seulement pour eux mais pour tous
les offices du monastère, ²⁰en leur accordant des aides selon leur besoin et
en les envoyant à d'autres devoirs lorsqu'ils ne seront pas occupés au leur. ²¹Pour prendre soin du logement des hôtes on désignera un frère, dont l'âme soit
remplie de la crainte de Dieu. ²²Il y aura des lits garnis en nombre
suffisant. Ainsi la maison de Dieu sera sagement administrée par des gens
sages. ²³Aucun moine n'abordera les hôtes, ni leur parlera sans permission. ²⁴S'il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera humblement, comme il a été
dit, et ayant demandé une bénédiction il passera outre, ajoutant qu'il ne lui
est pas permis de s'entretenir avec les hôtes.
…
pour chaque jour
Ce chapitre
de la Règle de saint Benoît est élaboré dans le contexte culturel du VIème siècle,
qui est évidemment très différent de celui d'aujourd'hui. Il serait
inutile de vouloir s'arrêter à tous les détails prévus par
Benoît. Comme pour tous les autres chapitres de la Règle, il importe
plutôt d'en percevoir les principes fondamentaux, qui valent pour tous les
temps et tous les lieux. D'ailleurs une analyse de ce chapitre
montre assez facilement qu'il a été écrit en deux temps. La première
partie (vv. 1-15) décrit l'esprit et les formes essentielles de l'hospitalité
monastique. Dans une deuxième partie (vv. 16-24) sans doute écrite
plusieurs années plus tard, l'auteur est plus soucieux de voir à ce que
l'hospitalité ne trouble pas trop le rythme et le style de la vie
communautaire. Cette deuxième partie est certes plus liée à des problèmes
concrets qui se sont manifestés dans une situation historique précise.
(…)
Le moine
vient au monastère pour y rencontrer Dieu dans la solitude. Dans la
mesure où c'est vraiment Dieu qu'il cherche, il saura voir le Christ dans le
visiteur qui se présente au monastère et saura agir à son égard en conséquence,
partageant avec lui ce qu'il a de plus précieux: son silence, sa solitude, sa
prière, sa recherche de Dieu. Ce n'est que si cette vision de foi
manque, que la venue de visiteurs deviendra une source de distraction, de
détente ou de fuite, à son propre détriment comme à celui des visiteurs.
(…)
… Benoît demande de recevoir le visiteur avec
une profonde humilité. Les moines ne sont pas des chrétiens d'une
classe supérieure offrant magnanimement l'hospitalité à de pauvres laïcs en
recherche. Ils sont eux-mêmes des chercheurs de Dieu acceptant de
poursuivre leur route avec d'autres chercheurs de Dieu. Une
expression que je trouve très belle dans ce chapitre est celle où Benoît
demande aux moines de manifester aux visiteurs une "grande humanité"
(omnis exhibeatur humanitas). On attend de quelqu'un qui
s'efforce de vivre en communion avec Dieu, qu'il soit d'abord pleinement et
bellement "humain".
Autre dimension importante de l'hospitalité
bénédictine, c'est son aspect communautaire. Les moines bénédictins
ne sont pas des ermites vivant en commun et recevant chacun leurs visiteurs
personnels. Ce sont des cénobites. Ils ont choisi de
chercher Dieu en communauté. Même si tel ou tel visiteur peut avoir
des raisons de vouloir rencontrer tel ou tel frère, c'est une communauté
monastique qu'ils viennent visiter et c'est par une communauté
qu'ils sont reçus. Tout le rituel de l'accueil décrit par Benoît
souligne abondamment cette dimension communautaire. Si un moine a un
besoin personnel de fréquenter l'hôtellerie pour combler sa solitude, ou plutôt
son isolement, il est peu probable que ses contacts seront profitables ni à lui
ni aux visiteurs. Si, par ailleurs, il a reçu dans la foi le service
des hôtes au nom de la communauté, ce service pourra devenir une source de
communion avec Dieu et pour lui et pour les visiteurs, à travers le sacrement
de la communion entre des chercheurs de Dieu venant d'horizons différents.
(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 22 juillet 2001)
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