13 septembre

On servira les malades
comme s’ils étaient le Christ en personne
puisqu’il a été dit : « J’ai été malade et vous m’avez visité ».
(Règle de Saint Benoît 36,2)



La Règle de Saint Benoît…

RB 2,23-29 (Les qualités que doit avoir l'abbé)

²³Dans son enseignement, l'abbé doit toujours suivre le modèle que lui donne l'Apôtre quand il dit: « Reprends, supplie, menace. » ²⁴Ainsi doit-il varier sa manière selon les circonstances, mêlant douceurs et menaces, montrant tantôt la sévérité d'un maître, tantôt la tendresse d'un père. ²⁵Ainsi, encore, reprendra-t-il plus durement les indociles et les turbulents; il suppliera de progresser ceux qui sont obéissants, doux et patients; quant aux négligents et aux rebelles, nous l'avertissons de les menacer et de les corriger. ²⁶Qu'il ne ferme pas les yeux sur les péchés des délinquants. Mais qu'il les retranche autant qu'il le pourra, jusque dans les racines, aussitôt qu'il les verra naître, se souvenant du malheur d'Héli, grand-prêtre de Silo. ²⁷Pour ce qui est des âmes plus délicates et intelligentes, il lui suffira de les reprendre une fois ou deux par des admonitions ; ²⁸tandis qu'il doit punir par des verges et autres châtiments corporels les méchants, les opiniâtres, les superbes et les désobéissants, et cela dès qu'ils commenceront à mal faire, sachant qu'il est écrit :  « L'insensé ne se corrige point par des paroles » ; ²⁹et encore: « Frappe des verges ton fils et tu délivreras son âme de la mort. »


… pour chaque jour

Menaces et douceurs, il n’est pas difficile de s’adapter selon les personnes : aux méchants, il doit inspirer la crainte, aux bons prodiguer des douceurs. Mais quand il doit faire tout cela pour une seule et même personne, c’est très difficile. (…)
« … Qu’il montre la sévérité d’un maître, et la tendresse d’un père. » D’autres livres disent : « qu’il montre les sentiments d’un maître sévère et d’un tendre père. » Selon la première formulation, cela signifie : qu’il montre parfois les dispositions sévères du maître, et parfois l’affection d’un tendre père. Selon la seconde : parfois qu’il montre les sentiments d’un maître sévère, et parfois les sentiments d’un père tendre ou encore : il doit se montrer parfois maître sévère, parfois tendre père. Sévère veut dire qui fait peur, cruel : c’est-à-dire qu’il doit convaincre avec plus de dureté les indociles et les turbulents.
« Indocile » a trois sens : d’abord est indocile celui qui ne comprend pas, n’a pas honte de la peine de l’excommunication. Est encore indocile, celui qui comprend et a honte de l’excommunication et pourtant, à cause de la violence du péché, il retombe dans ce péché-là. Enfin est indocile celui qui, comprenant ou ne comprenant pas, a honte, mais dit cependant ne pas vouloir se plier à la discipline. (…)
« Turbulents ». De même que le corps peut n’être pas en paix, de même l’esprit. « Le trouble » du corps, c’est le va-et-vient d’un endroit à un autre. L’agitation de l’esprit est une instabilité de l’esprit. Il y a quatre manières d’être turbulent : on peut avoir l’esprit et le corps agités ; l’esprit agité, mais le corps en paix : dans ce cas on ne peut le reprendre, car on ne sait pas s’il agit de simulation. On peut avoir l’esprit en paix, mais le corps agité : c’est bien et c’est pourquoi on ne doit pas l’accuser en raison de son obéissance, c’est son corps qui n’est pas en paix. Il y a encore deux manières d’avoir l’esprit et le corps inquiets. Tel a l’esprit et le corps inquiets, à cause de son obéissance. Le corps de tel autre est agité, cependant son esprit obéit avec joie : si on ne peut le reprendre, c’est qu’il cache l’agitation de son esprit sous le vêtement de l’obéissance. (…)
Il y a celui dont le corps et l’esprit sont agités : lui seul peut être jugé ; s’il n’est pas obéissant c’est parce que l’agitation de son esprit se manifeste en son corps ; quant à l’agitation de son corps, elle vient de celle de son âme. Celui-là non plus ne peut pas rester en un même lieu. Son agitation nécessite qu’il soit repris plus durement.
« Obéissants », c’est presque une manière de dire « ceux qui écoutent bien », car ce qu’ils ont entendu avec leurs oreilles, ils l’accomplissent par des actes. On parle de trois manières d’être obéissants : beaucoup obéissent seulement à l’abbé et aux autres supérieurs, par crainte ou par flatterie, ou autre chose de ce genre, et aux autres, ils refusent d’obéir. Leur obéissance n’est pas pure ; si elle l’était, c’est-à-dire si elle était à cause de Dieu, ils la montreraient aussi aux autres.
D’autres obéissent seulement à trois ou quatre frères, par flatterie ou toute autre cause : ils ne veulent obéir ni à l’abbé, ni à tous les autres supérieurs, mais seulement à ces autres (frères). Leur obéissance n’est pas pure : ils n’obéissent pas par amour de Dieu. S’ils obéissaient par amour, ils obéiraient aux autres. C’est pourquoi, il ne faut pas les « supplier (de progresser) », comme ceux dont il est question plus haut, mais les reprendre plus sévèrement.
Il y en a enfin qui obéissent, par amour de Dieu, aussi bien à l’abbé ou aux autres supérieurs qu’à tous les frères : ceux-là seulement on peut les « supplier (de progresser) ». 

(HILDEMAR DE CORBIE [? – v.850], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Traduction française de Sœur Michèle-Marie Caillard osb d’après le texte latin édité par le Père Rupert Mittermüller osb, Préface par le Père Jean-Pierre Longeat osb, abbé émérite de Ligugé, Saint-Léger Éditions, 2015, p. 118-121)









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