15 septembre

On ne préférera donc rien à l’Œuvre de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 43,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 2,33-40 (Les qualités que doit avoir l'abbé)

³³Avant tout qu'il se garde de négliger ou de compter pour peu le salut des âmes qui lui sont confiées, sans donner plus de soin aux choses passagères, terrestres et caduques. ³⁴Qu'il pense sans cesse que ce sont des âmes qu'il a reçues à conduire et qu'il devra en rendre compte. ³⁵Et, de peur qu'il ne se préoccupe à l'excès de la modicité des ressources du monastère, il se rappellera qu'il est écrit: « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice: le reste vous sera donné par surcroît »; ³⁶et encore: « Rien ne manque à ceux qui le craignent. » ³⁷Qu'il sache donc bien que ce sont des âmes qu'il a reçues à conduire; qu'il soit prêt à en rendre compte. ³⁸Quel que soit le nombre des frères placés sous sa garde, qu'il sache avec certitude qu'au jour du jugement il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes, et de plus, sans nul doute, de la sienne propre. ³⁹Vivant ainsi dans la crainte constante de cet examen qui attend le pasteur au sujet de ses brebis, c'est le souci même des comptes dus pour autrui qui le rendra attentif sur lui-même, ⁴⁰et, en corrigeant les autres par ses avis, il se corrigera de ses propres défauts.


… pour chaque jour

Voyons maintenant ce que dit la parole divine, qui ne ménage personne, aux pasteurs qui cherchent leur nourriture et non celle de leurs brebisVous avez bu leur lait, vous vous êtes habillés avec leur laine, vous avez égorgé les brebis grasses, vous n'étiez pas des bergers pour mon troupeau. Vous n'avez pas rendu des forces à la brebis chétive, guéri celle qui était faible, soigné celle qui était blessée. Vous n'avez pas ramené la brebis égarée, cherché celle qui était perdue ; celle qui était forte, vous l'avez accablée. Mes brebis se sont dispersées parce qu’il n’y a pas de berger.
On dit aux pasteurs qui s'occupent d'eux-mêmes et non des brebis ce qu'ils aiment et ce qu'ils négligent. Ce qu'ils aiment ? Vous avez bu leur lait, vous vous êtes habillés avec leur laine. Ce qui fait dire à l'Apôtre : Est-ce qu'on plante une vigne sans en manger le fruit ? Est-ce qu 'on est berger d'un troupeau sans boire son lait ? Nous comprenons alors que « le lait du troupeau », c'est tout ce que le peuple de Dieu verse aux supérieurs pour leur soutien temporel. C'est en ce sens que l'Apôtre parle dans le texte que je viens de citer.
Bien qu'il ait préféré vivre du travail de ses mains et ne pas demander de lait à ses brebis, cependant il affirme bien qu'il peut percevoir ce lait ; et que le Seigneur en avait disposé ainsi : Ceux qui annoncent l’Évangile doivent vivre de l’Évangile. Il affirme que d'autres collègues dans l'apostolat ont usé de ce pouvoir: celui-ci leur avait été donné, ils ne l'ont pas usurpé. Lui-même a fait davantage : il n'a pas pris ce qui lui était dû. Lui-même a fait don de ce qui lui était dû, mais si un autre l'a exigé, ce n'était pas quelque chose d'indu. C'est lui, Paul, qui a fait davantage. Peut-être est-ce à lui que faisait allusion le Samaritain qui disait, en amenant le blessé à l’hôtellerie : S’il dépense davantage, je te rembourserai à mon retour.
Que dire encore de ceux qui ne réclament pas le lait du troupeau ? Ils sont pleins de miséricorde, ou plutôt ils accomplissent plus généreusement leur office qui est justement celui de la miséricorde. Il faut louer ceux-là, sans critiquer les autres. Car l'Apôtre lui-même ne demande pas de cadeaux. Cependant il désirait la fécondité du troupeau, et non pas une stérilité qui l'aurait privé de lait. 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], Sermon sur les pasteurs)











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