7 octobre

Craindre Dieu avec amour.
(Règle de Saint Benoît 72,9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,56-58 (L'humilité)

⁵⁶Voici le neuvième degré d'humilité: le moine défend à sa langue de parler et, pratiquant la retenue dans ses paroles, garde le silence jusqu'à ce qu'on l'interroge. ⁵⁷Selon l'enseignement de l'Écriture, en effet, « on ne saurait éviter le péché en parlant beaucoup », ⁵⁸et « le bavard ne marche pas droit sur la terre. »



… pour chaque jour

L'attitude la plus fondamentale du moine, celle mentionnée dès le tout premier mot de la Règle, est l'écoute de la parole : Ausculta...  Et cette écoute est tout d'abord celle de la Parole de Dieu:  Parole de Dieu écoutée dans une lecture assidue de l'Écriture Sainte, mais aussi Parole de Dieu entendue au fond de notre cœur, aussi bien au cours de cette lecture que durant toutes les autres occupations de la vie quotidienne.  Cette Parole n'est entendue, comme nous l'enseigne notre expérience de tous les jours, que dans la mesure où nous faisons en nous et autour de nous le silence. 
Ce silence doit être fait tout d'abord en nous.  C'est le silence des passions que nous devons nous efforcer de faire taire – que ce soit la colère, la jalousie, ou l'ambition, la vanité, etc.  C'est aussi le silence des préoccupations matérielles. C'est pourquoi le moine renonce à toute propriété personnelle par son vœu de pauvreté, et Benoît fait à l'abbé l'obligation de voir à ce que personne ne manque du nécessaire.  C'est aussi le silence matériel – l'absence de paroles et de bruit – destiné à favoriser le silence intérieur.
Benoît demande au moine non seulement de « garder sa langue », c'est-à-dire de la contrôler, de ne pas la laisser parler à tort et à travers, mais bien d'aimer le silence;  et bien plus de « cultiver l'amour du silence », c'est-à-dire d'en faire une culture, sa « culture monastique ».   Il lui  conseille  de ne pas se laisser emporter par son besoin naturel de parler, mais plutôt d'attendre d'être interrogé avant d'ouvrir la bouche, de sorte que sa parole soit non pas la satisfaction d'un besoin personnel de parler, mais la réponse au besoin de l'autre de recevoir une parole.  C'est là le contenu du 9ième degré.
On voit donc que pour Benoît le silence n'est pas un exercice ascétique – on ne garde pas le silence dans le but de « faire pénitence » - mais est tout ordonné à la qualité de l'écoute de la Parole et à la qualité de la parole elle-même lorsqu'elle doit être donnée.  Ce silence est en tout premier lieu intérieur.  Ce silence intérieur a certes besoin du support d'un silence extérieur, mais il n'est pas totalement dépendant de celui-ci.  Celui qui s'est enraciné dans le silence intérieur n'est pas dérangé – en tout cas n'est pas dérangé outre mesure – par les bruits ou les paroles qui peuvent occasionnellement l'entourer.  Si les circonstances du travail ou l'exercice d'autres responsabilités nous mettent dans une atmosphère de bruit ou nous gardent durant des heures dans un environnement de conversations ou de réunions (pastorales ou d'affaires, par exemple), cela ne nous dégage pas de l'exigence de maintenir un silence intérieur qui devrait rayonner. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 23 juillet 2000)


La Cathédrale d'Anvers
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