17 novembre

Que tout soit commun à tous…
(Règle de Saint Benoît 33,6)



La Règle de Saint Benoît…

RB 39,1-11 (La mesure de la nourriture)

¹Il suffit, nous semble-t-il, pour le repas quotidien - qu'il ait lieu à la sixième heure ou à la neuvième - à toutes les tables, de deux mets cuits, à cause des infirmités diverses. ²Ainsi celui qui ne pourra s'accommoder d'un mets pourra manger l'autre. ³Deux mets cuits devront donc suffire à tous les frères. De plus, s'il se trouve des fruits ou des légumes frais, on ajoutera un troisième plat. Une livre de pain, à bon poids, sera suffisante pour la journée, soit qu'il n'y ait qu'un repas, soit qu'il y ait dîner et souper. Si l'on doit souper, le cellérier réservera un tiers de cette livre de pain pour la servir alors. S'il arrive que les frères ont travaillé plus qu'à l'ordinaire, l'abbé pourra, s'il le juge opportun, ajouter encore quelque chose, pourvu qu'on évite tout excès et que jamais un moine ne soit surpris par l'indigestion. Rien, en effet, n'est aussi contraire à tout chrétien que l'excès de table, comme dit Notre-Seigneur: « Prenez garde que vos cœurs ne s'appesantissent par l'excès. » ¹⁰Aux enfants on ne servira pas la même quantité de nourriture, mais une plus petite qu'aux adultes, en gardant la sobriété en tout. ¹¹Mais tous s'abstiendront absolument de la chair des quadrupèdes, excepté les malades très affaiblis.

… pour chaque jour

MANGEZ ET GOÛTEZ 

Quoi qu’il en soit de la réalité culinaire, telle qu’elle était vécue au temps de saint Benoît, celui-ci manifeste une réelle attention au goût. Deux mets à prévoir, de façon que chacun y trouve à son goût. La bête bouffe, a-t-on écrit, tandis que l’homme goûte. Sans le goût, on risquerait donc de quitter l’état d’homme. Ce à quoi saint Benoît se refuse certainement. En prévoyant la diversité, il sauvegarde aussi l’humanité.
Il faut en dire autant de la précision apportée : deux mets cuits. Les gastronomes l’affirment : rien ne dépasse en excellence l’ordre du cuit, la maîtrise de la cuisson révèle la maîtrise du cuisinier. Le feu fait fondre et invente des voisinages que la nature (ou le cru) ne procure pas. Ici aussi, le goût est mis à l’honneur. Oserait-on parler de culture ?
Quant aux mises en garde contre l’excès, elles dépassent le simple conseil médical d’éviter l’indigestion. Elles sont aussi davantage qu’une invitation à l’ascèse. L’excès ne permet plus le goûter, il peut même le dénaturer, voire l’anesthésier.
S’il est vrai que la sagesse vient après le goût et ne peut advenir sans lui, que la sagacité suppose la sapidité, saint Benoît écrit ici un chapitre littéralement sapientiel. On peut en tout cas lire ainsi ce texte, alors moins désuet qu’il n’y paraît. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)


Le Béguinage - Bruges







1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vive la sagesse de saint Benoît !...