21 décembre
Tu
parviendras avec la protection de Dieu…
(Règle de Saint Benoît
73,9)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)
⁷L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau
qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. ⁸Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. ⁹Il doit donc être docte
dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et
nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il
préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement
semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la
correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant
trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les
yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau
déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices
se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les
moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera
plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni
inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni
trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements,
il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il
s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement
et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui
disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils
périront tous en un jour. » ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres semblables de la discrétion, cette mère
des vertus, qu'il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire
davantage et que les faibles ne se dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il
observe tous les points de la présente Règle, ²¹afin qu'après avoir bien
servi, il s'entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui
avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons : ²²« En
vérité je vous le dis, le Maître l'établira sur tous ses biens. »
…
pour chaque jour
La compassion et le jugement équitable, s’ils demeurent dans une même
âme, sont comme un homme adorant Dieu et les idoles dans une même maison. La compassion est le contraire du jugement équitable. Le
jugement équitable implique l’égale répartition d’une mesure semblable. Il
donne à chacun ce qu’il mérite, pas plus ; il ne penche ni d’un côté ni de
l’autre, ne discerne pas dans la rétribution. Mais la compassion est suscitée
par la grâce, elle se penche sur tous les êtres avec une même affection, elle
se garde de la simple rétribution envers ceux qui sont dignes du châtiment, et
elle comble au-delà de toute mesure ceux qui sont dignes du bien.
Si la compassion est du côté de la justice, le jugement équitable est
donc du côté du mal. (…) Comme un grain de sable ne pèse pas autant que
beaucoup d’or, le besoin du jugement équitable de Dieu ne pèse pas autant que
sa compassion. Comme une poignée de sable tombant dans le grand océan sont les
fautes de toute chair en comparaison de la providence et de la pitié de Dieu.
De même qu’une source qui coule d’abondance ne saurait être bouchée par une
poignée de poussière, de même la compassion du Créateur ne saurait être vaincue
par la malice des créatures. Celui qui garde le ressentiment quand il prie est
comme un homme qui sème dans la mer et espère moissonner.
(ISAAC LE SYRIEN [° v.640 – 〸v.700], Discours spirituels, 1ière
série, n°58, dans : Œuvres spirituelles, coll. Théophanie, trad. J.
Touraille, DDB, 1981, p. 312-313, rev.)
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