22 décembre
Écoute,
mon fils, et prête l’oreille de ton cœur…
(Règle
de Saint Benoît – Prologue 1)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 65,1-10 (Le prieur du monastère)
¹Bien souvent il arrive que l'établissement du prieur fasse naître de
graves conflits dans les monastères. ²Il s'en trouve, en effet, qui, enflés
d'un méchant esprit d'orgueil, s'imaginent être de seconds abbés, et qui,
s'attribuant une autorité sans contrôle, entretiennent des conflits et causent
des dissensions dans la communauté. ³Cela se produit surtout en ces lieux où
le prieur est établi par le même évêque ou par les mêmes abbés que l'abbé
lui-même. ⁴On voit aisément combien cette manière de faire est absurde. C'est
elle, qui, dès le début de son institution, donne au prieur matière à s'enorgueillir. ⁵Elle lui suggère qu'il est soustrait au pouvoir de son abbé, ⁶puisque:
« Toi aussi, se dira-t-il, tu as été établi par ceux-là mêmes qui ont
institué l'abbé. » ⁷De là surgissent des jalousies, des conflits, des
détractions, des rivalités, des cabales, les pires désordres. ⁸Or, si l'abbé
et le prieur sont opposés de sentiments, il est impossible que, dans une telle
discorde, leurs âmes ne se trouvent pas en danger. ⁹Ceux également qui vivent
sous leur conduite, prenant partie pour l'un ou pour l'autre, vont à leur
perte. ¹⁰De ce péril sont responsables au premier chef ceux qui se sont faits
les auteurs d'un pareil dérèglement.
…
pour chaque jour
Dans ce chapitre sur le prieur Benoît prend un style passionné, assez
différent de celui des chapitres précédents, et qui surprend. Benoît, on l’a vu
au chapitre précédent, veut que l’abbé soit librement élu par sa communauté, en
non pas établi par d’autres abbés de la région ou par l’évêque ou d’autres
autorités ecclésiastiques. Or, c’était la pratique, à l’époque de Benoît, en
particulier dans des monastères de l’Italie méridionale, que l’autorité
ecclésiastique non seulement nomme l’abbé mais lui assigne aussi un prieur.
Benoît trouve cette situation tout à fait « absurde » (c’est le mot
qu’il utilise), et de nature à créer des divisions en communauté. Si l’abbé et
son prieur ne sont pas unis et n’agissent pas dans l’harmonie, leur âme est en danger,
dit-il et, de même en est-il pour le reste de la communauté.
(…)
Ce chapitre pourrait avoir pour titre : « L’unité de la
communauté » ; car c’est de cela qu’il s’agit ici. Et c’est vraiment
essentiel, car il n’y a pas de vraie communauté sans unité – une unité qui est toujours à construire et à préserver.
La crainte fondamentale que Benoît exprime dans ce chapitre, c’est que des
groupes se forment dans la communauté. Et, de fait, lorsque cela arrive dans
une communauté, il n’y a plus rien qui fonctionne et la qualité de la vie
spirituelle s’en ressent beaucoup. Le modèle de la communauté demeure toujours
celui de la communauté primitive de Jérusalem, où la multitude des frères et
des sœurs n’avait qu’un cœur et une âme. Il s’agit d’une unité faite de
diversité, et non pas la négation des caractéristiques et des dons propres à
chacun.
(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 20 janvier 2013)
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