29 décembre
Que
l’abbé ne fasse point
acception
des personnes dans le monastère.
(Règle
de Saint Benoît 2,16)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 71,1-9 (Que les frères s'obéissent mutuellement)
¹Ce n'est pas seulement à l'abbé que tous les frères doivent rendre le
bien de l'obéissance; il faut encore qu'ils s'obéissent les uns aux autres. ²Ils sauront que c'est par cette voie de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. ³Plaçant avant tout les ordres de l'abbé et ceux des responsables qu'il a
établis -ordres auxquels nous ne permettons pas de préférer les directives
d'origine privée - ⁴tous les jeunes obéiront pour le reste à leurs anciens, en
toute charité et empressement. ⁵S'il se rencontre quelqu'un qui ait l'esprit
de contestation, il sera châtié. ⁶Lorsqu'un frère est repris par l'abbé ou par
un supérieur quelconque en n'importe quelle manière, et pour une cause même de
peu d'importance, ⁷s'il s'aperçoit alors tant soit peu que l'esprit de ce
supérieur est irrité ou ému contre lui, fût-ce légèrement, ⁸il se prosternera
aussitôt sans tarder par terre, à ses pieds, pour faire satisfaction jusqu'à ce
que la bénédiction qu'on lui donnera ait fait connaître que l'émotion est
calmée. ⁹Si quelqu'un dédaigne d'en agir ainsi, il sera soumis à un châtiment
corporel, et, s'il demeure opiniâtre, il sera expulsé du monastère.
…
pour chaque jour
Cette obéissance ne consiste pas tellement à accomplir des ordres ou des
commandements, mais avant tout en un profond respect de l’autre, et, plus spécifiquement
dans une « écoute » de l’autre – ce que signifie le verbe latin oboedire.
C’est pourquoi Benoît, toujours conséquent avec lui-même, dit que les plus
jeunes obéiront à leurs plus anciens, étant bien entendu qu’il s’agit de
l’ancienneté correspondant au rang d’entrée en communauté et non de celle
correspondant à l’âge. Ainsi, tous, sauf le tout dernier entré en communauté,
ont quelqu’un de plus jeune qu’eux et d’autres plus anciens qu’eux.
Cette écoute mutuelle est nécessaire dans tous les aspects de notre vie
communautaire, mais tout spécialement durant l’Office Divin. Déjà d’un point de
vue purement humain et technique une telle écoute est nécessaire. Aucune
chorale ou aucun orchestre ne peut offrir une prestation respectable si tous
les chantres et tous les musiciens ne sont pas totalement attentifs les uns aux
autres. Évidemment, notre Office Divin n’est pas un concert ; nous ne
sommes pas là pour donner un spectacle ; nous sommes là pour louer Dieu
ensemble, en communauté. Raison de plus pour tout faire, encore plus qu’une
simple chorale ordinaire, pour que notre célébration exprime un seul cœur (et
non seulement un seul chœur), une seule voix, une seule âme. (…)
Ce texte est très beau. Si on le lit superficiellement et rapidement, on
a l’impression qu’il s’agit simplement d’un exercice de pouvoir et d’autorité
de la part de l’ancien et d’un geste d’humiliation de la part du plus jeune. En
réalité il s’agit vraiment d’un rapport mutuel, et lorsque l’ancien est troublé
(commotus), que ce soit par la colère, l’indignation ou la surprise, c’est aussi bien par l’attitude respectueuse du plus jeune
que par sa propre prière de bénédiction qu’il est guéri.
(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 5 mai 2013)
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