11 mars

L’abbé témoignera à tous une égale charité…

(Règle de Saint Benoît 2,22)

La Règle de Saint Benoît…

RB 33,1-8 (Si les moines doivent avoir quelque chose en propre)

¹Avant tout, il faut retrancher du monastère jusqu'à la racine ce vice de la propriété. ²Que personne n'ait donc la témérité de rien donner ou recevoir sans l'autorisation de l'abbé ; ³ni de rien posséder en propre, quoi que ce puisse être, ni livres, ni tablettes, ni stylet pour écrire, en un mot absolument rien, ⁴puisqu'il n'est même plus licite aux moines d'avoir à leur disposition ni leur corps ni leurs volontés. ⁵Ils doivent espérer et attendre du père du monastère tout ce qui leur est nécessaire. Et personne ne pourra avoir quelque chose que l'abbé n'ait donné ou permis. ⁶Que tout soit commun à tous, ainsi qu'il est écrit. Que personne ne dise que quelque chose lui appartient, ni n'ait la témérité de se l'approprier. ⁷Si quelqu'un se complaisait en ce vice détestable, on l'admonesterait une et deux fois ; ⁸s'il ne s'amendait pas, on le corrigerait.

… pour chaque jour

« Riches et pauvres, tous ensemble » : cette expression « riches » désigne les hommes d’ici-bas, les « pauvres » sont les enfants des hommes. Les riches désignent les orgueilleux, les pauvres, les humbles. Même couvert de richesses, l’homme est pauvre, s’il ne s’en prévaut pas. Il a beau être vêtu de haillons, la cupidité le gonfle, et Dieu le range parmi les riches qu’il réprouve.

Dieu juge riches et pauvres sur le cœur et non sur le coffre-fort ou sur la propriété. Ne sont-ils pas véritablement des pauvres ceux qui écoutent le précepte de l’Apôtre : « Aux riches de ce monde recommande de n’avoir pas de superbe » (1 Tm 6,17) ! Et comment a-t-il fait des pauvres de ceux qui étaient des riches ? Il leur enlève ce qui nous fait rechercher la richesse.

Tout homme recherche la richesse pour dominer ceux qui l’entourent et en tirer orgueil. Leur demander de n’avoir pas de superbe est les rendre semblables à ceux qui n’ont rien. Un mendiant peut se vanter de quelques pièces de monnaie plus que le riche qui suit la recommandation de l’Apôtre « de n’avoir pas de superbe » !

Comment écarter la superbe ? L’Apôtre répond : « En ne mettant pas notre espoir dans l’incertitude de la richesse mais en Dieu qui nous fournit tout en abondance (1 Tm 6,17). Il ne dit pas qui vous fournit mais qui nous fournit. L’Apôtre n’avait-il rien ? Il était riche au contraire. De quelle richesse ? Celle que désigne l’Écriture en un autre passage : « le monde entier est la richesse de l’homme fidèle » (Pr 15,6). Pour être riche, qu’il ne s’accroche pas à une parcelle, et il possédera le tout ; qu’il s’attache à celui qui est le maître du tout. En lui « riches et pauvres s’unissent ». 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], PSAUME 48 – « Écoutez, riches et pauvres, tous ensemble », dans : SAINT AUGUSTIN PRIE LES PSAUMES – Textes choisis et traduits par A.-G. Hamman, p. 91)