17 mars
Ne
jamais perdre la charité.
(Règle de Saint Benoît
4,26)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 38,1-12 (Le lecteur de la semaine)
¹La lecture ne doit jamais manquer à la table des frères. Il ne faut
pas que, au hasard, quelqu'un s'empare du livre et fasse la lecture; mais un
lecteur désigné pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche. ²Avant
de commencer sa semaine, après la Messe et la Communion, il demandera à toute
la communauté de prier pour lui afin que Dieu le préserve de l'esprit
d'orgueil. ³À cet effet, tous diront trois fois dans l'oratoire ce verset
après lui: « Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta
louange. » ⁴Et ayant ainsi reçu la bénédiction, il entrera en fonction. ⁵On gardera un silence parfait à table en sorte qu'on n'y entende aucun
chuchotement ni parole, mais seulement la voix du lecteur. ⁶Quant aux choses
nécessaires pour la nourriture et la boisson, les frères se les serviront
mutuellement de façon que personne n'ait besoin de rien demander. ⁷Si
toutefois il leur manque quelque chose, ils le demanderont plutôt par quelque
signe que par la parole. ⁸Que personne n'ait la hardiesse de faire à ce moment
des questions sur la lecture ou sur quelque autre sujet, pour ne donner aucun
prétexte à la dissipation. ⁹Toutefois le supérieur pourra dire quelques mots
pour l'édification, s'il le juge à propos. ¹⁰Le lecteur de semaine prendra le
"mixte". ¹¹La lecture finie, il prendra son repas avec les
semainiers et les serviteurs de la cuisine. ¹²Au reste, les frères ne liront
et ne chanteront point chacun à son tour, mais ceux-là seulement qui édifient
les auditeurs.
…
pour chaque jour
LECTURE ET REPAS
Lire pendant le repas est un service rendu aux frères, tout comme
assurer le service de la cuisine ou le soin des malades. Il ne s’agit donc pas
seulement de meubler le silence pendant qu’on est occupé à manger. Il s’agirait
plutôt de le nourrir et d’en assurer la qualité. Cela postule une certaine
durée. Il faudra donc que la même voix se fasse entendre toute la semaine,
qu’elle installe en quelque sorte son rythme, que les frères s’y fassent et
entrent de plain-pied dans un climat ainsi stabilisé.
Lire est un service rendu aux frères. Et pas une occasion de se mettre
en avant. C’est pourquoi, il faut enraciner ce service dans la prière, aller y
puiser l’humilité dont il aura besoin, la qualité aussi. La voix n’assure pas
n’importe comment le silence qu’elle doit entretenir chez ceux qui la
perçoivent et l’entendent.
Lire est un service rendu aux frères. Non pas pour leur faire oublier
qu’ils mangent. Ce serait plutôt pour qu’ils prennent le temps de goûter. Rien
ne doit leur manquer, dit saint Benoît, laissant ouverte la possibilité de
signaler un éventuel manque ou besoin. Goûter demande du silence et du temps.
Edifier les auditeurs, requiert saint Benoît de la part du lecteur. Pourquoi
pas l’aider à construire sa langue, celle qui goûte comme celle qui a besoin de
silence ?
(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)
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