2 mars

Écoute, mon fils, et prête l’oreille de ton cœur…

(Règle de Saint Benoît – Prologue 1)

La Règle de Saint Benoît…

RB 25,1-6 (Les fautes graves)

¹Le frère coupable d'une faute grave sera privé tout à la fois de la table commune et de l'oratoire. ²Aucun frère n'aura avec lui ni relation ni entretien. ³Il restera seul à l'ouvrage qui lui est enjoint, demeurant ainsi dans le deuil de la pénitence, et méditant cette sentence terrible de l'Apôtre : ⁴« Un tel homme a été livré à la mort de la chair, afin que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur. » ⁵Il prendra seul son repas, suivant la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées opportunes; ⁶Ceux qui passent ne le béniront point, ni la nourriture qui lui est servie.

… pour chaque jour

Pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur. Avoir le cœur libre : voilà ce à quoi doivent tendre tous nos efforts, la grâce à demander à Dieu, aux saints. C’est difficile, même impossible humainement. Des freinages nous viennent de partout, le plus souvent inconsciemment. Seule une grande attention à Dieu peut nous les faire déceler. Seul un grand amour peut nous libérer, ouvrant notre âme à un plus grand amour. Notre vie quotidienne est tissée de ces actes de préférence à Dieu, donc l’oubli de nous-mêmes. Au jour du Seigneur, et à ce jour seulement, nous serons stables dans l’amour, nous serons libres. Mais nous serons d’autant plus unis à Dieu dans cette stabilité que dès aujourd’hui notre liberté, notre amour s’approfondissent dans ces multiples actes de fidélité. Vivre dès aujourd’hui est déjà éternité. Puisse le monastère être réellement cet atelier où nous apprenons la liberté spirituelle, où nous nous la donnons mutuellement. Un moyen à notre disposition, une des grâces de notre vie de moines est la confession de nos péchés, l’ouverture au père spirituel. Ce qu’il y a en nous de plus personnel et « réservé » devient alors totalement livré, et source nouvelle de grâces. Il n’est véritablement rien dans notre vie qui ne puisse nous acheminer à cette grande liberté spirituelle qui fait les saints.

Écoute, 1964

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 340-341)