21 mars
Désirer
la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
(Règle de Saint Benoît
4,46)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 42,1-11 (Que personne ne parle après complies)
¹Les moines doivent s'appliquer au silence en tout temps, mais
principalement pendant la nuit. ²C'est pourquoi, en toute saison, soit que
l'on jeûne, soit que l'on dîne, ³si c'est une époque où l'on dîne, aussitôt
après le repas du soir, les frères iront s'asseoir tous ensemble en un même
lieu: l'un d'eux lira les Conférences ou les Vies des Pères ou quelque autre
chose qui puisse édifier les auditeurs. ⁴On ne lira pourtant pas alors
l'Heptateuque ou le livre des Rois, parce qu'il ne serait pas bon pour les
esprits faibles d'entendre, à cette heure-là, cette partie de l'Écriture. On
pourra la lire à d'autres moments. ⁵Donc, en période de jeûne, après le chant
des Vêpres, suivi d'un court intervalle, les frères se rendront promptement à
la lecture dont nous avons parlé. ⁶On lira quatre ou cinq feuillets, ou autant
que l'heure le permettra, ⁷tandis que tous s'empressent de rejoindre la
réunion pendant la durée de cette lecture, y compris ceux qui auraient été
occupés à quelque obédience. ⁸Tous étant ainsi assemblés, on récitera
Complies. Au sortir de cette Heure, il ne sera plus permis à personne de dire quoi
que ce soit. ⁹Si quelqu'un viole cette règle du silence, il sera puni
rigoureusement ; ¹⁰on excepte les cas urgents d'hospitalité ou un ordre de
l'abbé. ¹¹Mais, même en ces circonstances, tout se fera avec une extrême
gravité et une parfaite retenue.
…
pour chaque jour
LA NUIT ET LE SILENCE
Saint Benoît le dit bien : le silence ne se limite pas à la période
d’obscurité que nous appelons la nuit. Il faut s’y appliquer en tout temps.
N’empêche : depuis toujours, le silence de nuit a été qualifié d’une note
d’intensité toute particulière. Comme le sommeil apporte repos et réparation au
corps fatigué par l’exercice d’une journée, ainsi le silence de nuit doit-il
redonner vigueur au silence qui a porté le poids du jour. Possiblement agressé
durant la journée, le silence a besoin de se refaire la nuit.
Depuis longtemps, l’électricité a virtuellement fait disparaître le
contraste entre lumière et obscurité. C’est plus vrai encore de tous les moyens
techniques de communication, ils se sont chargés de démentir l’alliance entre
obscurité et silence. De nuit comme de jour, l’agression possible est là. Cela
ne donne que plus de force à l’injonction de saint Benoît. Là où la nuit
engendrait ou favorisait le silence, c’est aujourd’hui le silence qui doit
venir habiter la nuit, s’imposer à elle, l’envahir graduellement.
Invité à s’appliquer en tout temps au silence, le moine se voit demander
de le laisser exister tout particulièrement durant la nuit, à le laisser «
parler », à le laisser descendre, doucement, lentement. La nuit a aujourd’hui
besoin de silence ; le moine est invité à le lui donner.
(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)
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