22 mars
Tenir
pour certain qu’en tout lieu Dieu nous regarde.
(Règle de Saint Benoît
4,49)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 43,1-12 (Ceux qui arrivent en retard à l'Œuvre de Dieu ou à la table)
¹À l'heure de l'office divin, aussitôt le signal entendu, on quittera
tout ce qu'on a dans les mains, et l'on se hâtera d'accourir, ²avec gravité
néanmoins afin de ne pas donner aliment à la dissipation. ³On ne préfèrera
donc rien à l'Œuvre de Dieu. ⁴Si quelqu'un arrive aux Vigiles après le Gloria
du psaume quatre-vingt-quatorze - qui devra, pour ce motif, être récité en
traînant et lentement - il ne prendra point son rang au chœur, ⁵mais la
dernière place, ou se retirera à l'endroit que l'abbé aura désigné pour les
négligents de cette sorte, et d'où il puisse être vu par lui et par toute la
communauté. ⁶Il y demeurera jusqu'à ce que, l'Œuvre de Dieu étant terminée, il
fasse pénitence par une satisfaction publique. ⁷Si nous avons jugé à propos de
placer les retardataires au dernier rang ou à l'écart, c'est afin que la honte
qu'ils éprouveront d'être exposés au regard de tous serve à les corriger. ⁸Car
s'ils demeuraient hors de l'oratoire, il s'en pourrait trouver qui iraient se
recoucher pour dormir ou qui, assis dehors s'amuseraient à bavarder, donnant
ainsi occasion au malin de les tenter. ⁹Il vaut donc mieux qu'ils entrent à
l'oratoire; ainsi ils ne perdront pas tout, et ils auront des chances de se
corriger. ¹⁰Aux Heures du jour, celui qui arrivera à l'office divin après le
verset et le Gloria du premier psaume dit après le verset, se tiendra au
dernier rang, selon la règle que nous venons d'établir. ¹¹Il ne se permettra
point de se joindre à la psalmodie chorale avant d'avoir fait satisfaction, à
moins que l'abbé ne lui en donne la permission, avec son pardon. ¹²Même dans
ce cas, il devra encore réparer la faute qu'il a commise.
…
pour chaque jour
(…) les premiers versets nous indiquent déjà que l’essentiel de ce
chapitre n’est pas une simple préoccupation pour la ponctualité ou une sorte
d’uniformité de type militaire. Tout se ramène à
l’amour du Christ. En effet, Benoît a deux fois, dans sa Règle, la
recommandation de ne rien préférer au Christ ou à l’amour du Christ, d’abord
dans le chapitre 4, sur les instruments des bonnes œuvres et, à la fin de la
Règle, au chapitre 72 sur le bon zèle. Une expression concrète de cet amour du
Christ est de ne rien préférer à l’Office divin qui est le moment où l’on
rencontre le Christ d’une façon tout à privilégiée en le priant en communion
avec nos frères.
C’est pourquoi le retard à l’Office est un manque d’amour et de respect
non seulement à l’égard du Christ, mais à l’égard de la communauté. Au cœur de
la vie monastique est la prière continuelle qui nous unit constamment au
Christ ; mais plusieurs fois par jour nous nous réunissons avec nos frères
pour vivre ensemble cette union au Christ à travers une prière commune qui, à
la fois, nous constitue comme communauté et nous exprime comme communauté.
Si l’on ne préfère rien au Christ dans toute notre vie, et si l’on ne
préfère rien à l’Office divin dans nos occupations quotidiennes, il convient
que dès que la cloche nous appelle à l’Office, on laisse tout ce qu’on a en
main pour accourir à l’Office. Le mot « accourir » n’est sans doute
pas une bonne traduction, car, dans le langage français actuel, il a un sens
assez affaibli. Le texte latin de la Règle dit bien « courir », et
non seulement « courir », mais « en toute hâte »… avec
« gravité », toutefois.
(DOM
ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire
de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 22 janvier 2012)
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