21 avril

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ…
(Règle de Saint Benoît 53,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)

L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements, il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour. »  ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu'il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il observe tous les points de la présente Règle, ²¹afin qu'après avoir bien servi, il s'entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons : ²²« En vérité je vous le dis, le Maître l'établira sur tous ses biens. »

… pour chaque jour

Le premier verset du psaume 100 contient tout ce que nous devons chercher dans tous les autres : « Je veux chanter, Seigneur, ta miséricorde et ton jugement. » Que personne n’attende de la miséricorde l’impunité, il existe le jugement ; que le pécheur converti ne redoute pas le jugement, car il y a la miséricorde.
En Dieu, la tendresse de sa miséricorde n’oblitère pas la sévérité du jugement, et la sévérité de son jugement n’infirme pas la tendresse de sa miséricorde. Remarquons bien l’ordre des deux : miséricorde et jugement, il n’est pas fortuit ; nous lisons bien miséricorde et jugement et non jugement et miséricorde.
Si nous en distinguons les étapes, nous voyons qu’aujourd’hui nous sommes à la phase de la miséricorde, puis viendra le temps du jugement. Pourquoi la miséricorde vient-elle la première ? Considère d’abord en Dieu les dons que tu as reçus, de manière à imiter ton Père, « qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, les justes et les injustes » (Mt 5,48). Voilà la miséricorde.
Justes et injustes contemplent le même soleil, jouissent de la même lumière, boivent aux mêmes fontaines, profitent des mêmes pluies, récoltent les mêmes fruits de la terre, respirent le même air, se partagent les mêmes biens de la vie. Garde-toi d’accuser Dieu d’injustice, parce qu’il donne également ces biens aux justes et aux injustes. Nous sommes au temps de la miséricorde et non encore du jugement.
Si Dieu ne nous pardonnait au temps de la miséricorde, il ne trouverait plus personne à couronner, à l’heure du jugement. L’ère de la miséricorde est l’heure de la patience de Dieu, qui mène les pécheurs à la conversion. 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], PSAUME 100,1 – « Je veux chanter la miséricorde et le jugement », dans : Saint Augustin prie les psaumes – Textes choisis et traduits par A.-G. Hamman, p. 174)









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